La baisse des liquidités pèsera sur les marchés des actions en 2019

Yves Hulmann

2 minutes de lecture

Pictet Asset Management anticipe un ralentissement de la croissance l’an prochain aux USA. Les titres suisses tireront parti de leur aspect défensif.

©Keystone

«L’an dernier, l’environnement de marché était nettement plus favorable qu’actuellement», a averti d’emblée Anastassios Frangulidis, le chef économiste de Pictet Asset Management, à l’occasion de la présentation des perspectives pour 2019 de la banque genevoise. «Nous anticipons pour la nouvelle année un recul des taux de croissance globaux», a-t-il poursuivi jeudi à Zurich.

Cycle économique situé à un stade déjà avancé… 

Deux aspects incitent l’économiste à la prudence : d’une part, le cycle conjoncturel se situe déjà actuellement à un stade avancé, en particulier aux Etats-Unis. D’autre part, les banques centrales diminuent peu à peu leur soutien à l’économie. Pour mesurer à quel moment on se trouve au sein du cycle économique actuel, l’économiste compare toute une série de variables, incluant à la fois la confiance économique, les marges bénéficiaires, la courbe des taux, l’inflation ou encore la politique monétaire. Pour la première variable, la confiance économique atteint déjà pratiquement les 100% de son niveau historique aux Etats-Unis, alors que l’on s’en approche en Europe. 

… et des liquidités moins abondantes 

Autre raison qui incite à la prudence: la diminution graduelle des liquidités injectées par les banques centrales. Alors que les liquidités des cinq plus grandes banques centrales (Fed, Banque centrale européenne, Banque d’Angleterre, Banque du Japon et banque centrale chinoise) comparées au produit intérieur brut (PIB) de ces cinq économies avaient grimpé à un pic de 7,9% au début de 2009, cette proportion n’atteint plus que 1,6% actuellement. A elle seule, la Réserve fédérale américaine (Fed) a déjà retiré 410 milliards de dollars de liquidités en 2018 et elle s’apprête à en faire au moins autant l’an prochain (-440 milliards). Et si la BCE a continué d’injecter des liquidités cette année (200 milliards), c’est beaucoup moins qu’en 2017 (1’170 milliards), tandis que ce soutien tombera à zéro l’an prochain. 

La consommation demeure faible en Europe.

Si la solidité du marché du travail soutient la conjoncture outre-Atlantique, la politique monétaire de la Fed a déjà un impact négatif sur le secteur immobilier aux Etats-Unis. «Nous anticipons un ralentissement significatif de la conjoncture aux Etats-Unis», selon Anastassios Frangulidis. En Europe, la situation diffère: malgré les améliorations observées sur le marché du travail au cours des dernières années dans les principaux pays de la zone euro, la consommation reste faible avec des ventes de détail qui restent inférieures à leur niveau d’avant la crise financière.

Place aux valeurs défensives

En matière de placements, les valeurs cycliques ont massivement «surperformé» en comparaison des actions présentant un caractère défensif, observe Pictet Asset Management. Pour l’an prochain, le gérant d’actifs fait le pari inverse: il privilégie les entreprises issues de secteurs défensifs comme la pharma, les biens de consommation non cycliques et les services aux collectivités. Le marché suisse des actions devrait, lui, profiter aussi de son caractère défensif.

Cinq titres avec des valorisations attrayantes 

En matière de sélection de titres, Tomas Pinto, co-responsable des actions européennes, estime que les valorisations sont tout sauf exagérées en Europe. Son approche d’investissement se caractérise par un portefeuille concentré d’entreprises – 40 actions au plus – achetées avec une décote significative par rapport à leur valeur intrinsèque. Parmi les exemples de titres sélectionnés, on compte des entreprises issues de secteurs très divers. Il s’agit par exemple de l’équipementier automobile espagnol Gestamp, du groupe pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline ou encore du fabricant d’appareils médicaux Livanova aussi issu de Grande-Bretagne. Dans le secteur financier, le gérant mise sur Moscow Exchange, l’exploitant de la bourse de Moscou, ou encore sur la banque suédoise Nordea. S’y ajoutent le producteur d’engrais néerlandais OCI ou encore le groupe français Safran actif dans l’aéronautique.

A lire aussi...