L’Italie, un risque pour les marchés?

Anne Barrat

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L’impact des élections sur les marchés obligataires reste à comprendre. L’analyse de Guillaume Rigeade d’Edmond de Rothschild Asset Management.

A la veille des élections italiennes, leur impact sur les marchés obligataires se pose. Etat des lieux avec Guillaume Rigeade, Gérant allocation d'actifs et dettes souveraines chez Edmond de Rothschild Asset Management.

Quelles pourraient être les répercussions d’élections fort attendues en Italie sur les marchés obligataires européens, alors que le risque politique est l’un des principaux risques qui pèseront sur ces derniers en 2018? Une question qui mérite d’être posée à quelques jours d’un scrutin législatif dont l’issue reste incertaine.

La longue liste des élections potentiellement à risque en 2017 n’a finalement pas eu les conséquences négatives attendues, sinon très temporaires, sur les marchés financiers, sur une reprise de la volatilité notamment. Que ce soit le Brexit, la France, les Pays-Bas, Trump, aucune des craintes ne sont avérées, même la crise catalane s’est soldée par une normalisation.

«La cherté des marchés obligataires conduit
à une recherche accrue de prime de risque.»

En 2018, les principaux risques pourraient venir de l’Allemagne et de l’Italie. Outre-Rhin, un rendez-vous politique crucial pourrait venir déstabiliser les marchés. Depuis le 20 février et jusqu’au 2 mars, les militants du SPD sont invités à s’exprimer sur le contrat de coalition négocié avec la CDU/CSU d'Angela Merkel, déjà approuvé à la quasi-unanimité par les 1.000 délégués du parti de la chancelière allemande lundi 26 février, mais approuvé à 56% seulement par les délégués du SPD. En Italie, l’incertitude liée à l’issue des élections du 4 mars, encore grande, retient l’attention. Et ce, même si aucune des forces en présence – la coalition de droite/extrême droite en tête composée de la Ligue du Nord, de Forza Italia, le centre-gauche ou encore Cinq Etoiles – ne prévoit sérieusement une sortie de la zone euro, qui serait hautement préjudiciable à la crédibilité et, in fine, la solvabilité de l’Italie. Tant il est certain qu’un retour à une monnaie nationale créerait un appel de fonds de la part des créanciers et entraînerait un défaut de la dette italienne. Laquelle est aujourd’hui trop proche de la courbe des taux allemands pour être intéressante aux yeux des investisseurs. Le crédit italien présente en revanche de belles opportunités, les subordonnées financières en particulier, les entreprises de la péninsule  ayant bénéficié à plein de la croissance de la zone euro ces trois dernières années.

L’enjeu est de taille, qui verrait soit l’Italie susciter à nouveau l’intérêt des investisseurs, tout en restant plus attractive que d’autres dettes périphériques, Espagne et Portugal notamment, ou bien basculer dans un scénario de marginalisation, sinon d’isolement. A un moment où elle a besoin de la confiance des investisseurs pour soutenir la reprise de sa croissance, la cherté des marchés obligataires conduit à une recherche accrue de prime de risque. Taux d’intérêt bas et serrés, déconnectés de l’économie réelle, croissance économique, dettes d’Etat trop chères à cause des politiques monétaires accommodantes, craintes inflationnistes, tous ces éléments créent un contexte où une grande prudence s’impose. Ce qui se traduit par une allocation laissant un quart à un tiers de cash pour se prémunir contre cette cherté excessive qui pourrait être un facteur d’augmentation de la volatilité, et 2/3 à 3/4 investis avec une préférence pour le high yield européen. La part de l’Italie en question.