L’hyper-puissance américaine, clé de l’allocation

Emmanuel Garessus

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Les actions américaines surperforment de 7 points de pour-cent depuis 14 ans. Mieux vaut surpondérer ce marché en 2024, selon Sharmin Mossavar-Rahmani de Goldman Sachs.

Une Cadillac qui roule à vive allure sur un long bout droit, avec le titre «L’Amérique poursuit son avance». Telle est l’image choisie par Goldman Sachs pour illustrer sa stratégie d’investissement pour 2024, lors de sa présentation video à la presse, jeudi soir. Deux idées principales sont transmises par la banque d’investissement: la prééminence américaine et le besoin de rester investis.

Sur les marchés financiers, la bourse américaine a largement surperformé en 2023 comme ces 14 dernières années. Il est recommandé d’allouer une allocation supérieure aux Etats-Unis qu’aux autres marchés, selon Sharmin Mossavar-Rahmani, CIO Wealth Management de Goldman Sachs. 

Le bilan américain est très favorable: Un investissement de 100 millions de dollars en actions américaines il y a 14 ans se serait accru à près de 1 milliard de dollars (943 millions exactement) à la fin 2023, contre 398 millions pour les actions non-américaines, poursuit Sharmin Mossavar-Rahmani. Cet investissement n’aurait progressé qu’à 391 millions s’il avait été en titres européens et à 229 millions en actions chinoises. 

L’empire de la richesse

Malgré les conflits et les crises, l’hyper-puissance américaine est chaque jour plus impressionnante. Sharmin Mossavar-Rahmani parle de «l’empire de la richesse» et reprend ainsi le titre du bestseller de John Steele Gordon. 

Un investissement de 100 millions de dollars en actions américaines il y a 14 ans se serait accru à près de 1 milliard de dollars

Les Etats-Unis présentent non seulement un PIB nominal largement supérieur au second mais il correspond à 26% du PIB mondial.
Les Etats-Unis profitent d’une combinaison d’atouts impressionnante: Sa démographie est la plus favorable des grands pays, à l’exception de l’Inde. Sa productivité est la plus élevée. C’est aussi le marché financier le plus profond. Le pays profite des terres agricoles les plus vastes. Il est le plus grand producteur de pétrole et de gaz naturel. Il est en tête de l’innovation technologique, notamment avec 48% des ventes de semi-conducteurs.

La performance des actions traduit celle de ses entreprises. Depuis le sommet des bénéfices enregistré en 2007, les bénéfices par action américains ont davantage que doublé alors que ceux de l’ensemble du monde n’ont progressé que de 22%.

Brett Nelson, responsable de l’allocation tactique chez Goldman Sachs, recommande donc de surpondérer les actions américaines de 11 points de pourcentage (74% pour le portefeuille Goldman Sachs, contre 63% pour l’indice MSCI All Country World). Par contre, la banque sous-pondère fortement les marchés émergents (3% contre 11%). 

Les actions américaines surperforment aussi très largement les obligations puisque de 14 points de pourcentage par an sur 15 ans. La banque propose de continuer à préférer les actions aux obligations et au cash. 

Une bourse chère mais en hausse

Sharmin Mossavar-Rahmani reconnaît que les actions sont chères. Le multiple des bénéfices s’élève à 19,5 fois et n’est dépassé que par celui des valeurs indiennes (22). Celui des actions européennes n’est que de 12,4 fois et celui des chinoises de 9,3 fois. 
Historiquement, la valorisation américaine se situe dans le 10e décile le plus élevé et la prime de risque dans le 8e décile. Mais le risque est grand de sous-pondérer un marché dont la tendance haussière des bénéfices et des cours est aussi favorable. Brett Nelson explique que la valorisation n’est historiquement pas un bon indicateur avancé de la performance, du moins à l’horizon d’un an. De plus, dans le passé, le niveau de valorisation actuelle s’est généralement traduit par une bonne performance l’année suivante.

La probabilité d’une récession américaine n’est que de 30% selon le groupe de stratégistes de Goldman Sachs.

D’autres facteurs techniques appuient l’idée d’une hausse en 2024, selon Brett Nelson. Par exemple, la vaste participation à la hausse de la bourse américaine en fin d’année signale généralement une poursuite de la hausse. Les années présidentielles sont également un atout.

La probabilité d’une récession américaine n’est que de 30% selon le groupe de stratégistes de Goldman Sachs. Car la dynamique du marché de l’emploi soutient significativement la consommation. Quant à l’investissement, il est déjà très bas en comparaison historique et ne peut guère diminuer sensiblement. L’investissement résidentiel a par exemple déjà nettement baissé. Quant à l’inflation, Goldman Sachs s’attend à la poursuite de son déclin en 2024. 

La question que se posent les marchés porte surtout sur le comportement de la Fed. Goldman Sachs prévoit 4 baisses de taux directeurs en 2024, la première en mars, 5 diminutions dans la zone euro, la première en avril. 

La banque américaine estime à 60% la probabilité que l’indice S&P 500 termine l’année 2024 entre 4950 et 5050 points. Le rendement des titres devrait atteindre environ 6%. Cette estimation intègre une contraction de 2% du multiple des bénéfices, une hausse des cours de 5%, un rendement des dividendes de 2% et une hausse des bénéfices de 6 à 8%. 

Le scénario optimiste (probabilité de 20%) se traduit par un rendement de 13% et exprime un optimisme marqué pour l’IA. Le scénario pessimiste (20%) conduit à un rendement de -16% et résulterait d’une récession.

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