L’attrait pour les fonds monétaires ne faiblit pas

Yves Hulmann

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La plupart des investisseurs sont encore en mode «risk-off», estime Ariane Dehn de BNP Paribas Asset Management.

Portés par la perspective d’une fin proche du cycle de hausse des taux d’intérêt ainsi que des résultats d’entreprises solides en première moitié d’année, les principaux indices boursiers ont poursuivi leur progression au début de cet été.

Dans ce contexte, quelles sont actuellement les priorités des investisseurs? Privilégient-ils avant tout la sécurité ou sont-ils au contraire prêts à encourir à nouveau davantage de risques? Ariane Dehn, responsable de BNP Paribas Asset Management en Suisse, observe un intérêt accru chez les investisseurs pour les fonds de placement ainsi pour les investissements dans les marchés monétaires («money markets»). «Nous assistons à un revival pour les fonds du marché monétaire chez toutes sortes de catégories d’investisseurs, pas seulement chez les institutionnels», observe la responsable.

Le fait de pouvoir obtenir des rendements attrayants, dépassant les 5% dans les placements en dollars ou largement les 3% pour ceux en euros, rend les placements sur les marchés monétaires intéressant pour les investisseurs qui souhaitent conserver une certaine flexibilité à court terme tout en obtenant des rendements non négligeables. S’y ajoute aussi le fait que certains fonds sur les marchés monétaires répondent désormais aux exigences de l’article 8 de SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation), la réglementation relative à la publication d’informations en matière de durabilité dans l’Union européenne. «Pour certains acteurs du marché, cette combinaison représente un énorme avantage: d’un côté, ces fonds monétaires offrent des rendements attrayants. De l’autre, ces avoirs répondent aux critères de l’article 8 de SFDR, ce qui est important pour certains investisseurs», explique la responsable.

«Nous sommes dans une situation qui présente certaines similarités avec une période comme celle de 2009, juste après la crise financière globale».
Beaucoup d’investisseurs sont encore en position d’attente

L’attrait retrouvé pour les marchés monétaires ne s’explique-t-il pas aussi par le fait que les investisseurs y recourent pour «parquer» leur argent quelque part, en attendant de trouver de meilleures opportunités de placement? «Malgré le rebond des marchés depuis le début de cette année, il y a un certain nombre d’investisseurs qui adoptent encore une position d’attente. Après la double correction qui a frappé simultanément les marchés des actions et des obligations en 2022, un sentiment d’insécurité qui est encore là. La plupart des investisseurs sont encore en mode «risk-off», estime Ariane Dehn. S’il y a désormais une plus grande aptitude à prendre des risques chez certains investisseurs, on est encore loin d’être revenu en mode risk-on: «Nous sommes dans une situation qui présente certaines similarités avec une période comme celle de 2009, juste après la crise financière globale», compare-t-elle.

La fin attendue du cycle de hausse de taux d’intérêt des banques centrales, avec un éventuel dernier tour de vis attendu du côté de la Fed cet automne, modifie-t-elle le comportement des investisseurs? Pour Ariane Dehn, un des changements s’observe en particulier dans le domaine des placements à revenu fixe. La responsable observe ici un grand intérêt par exemple pour des ETF sur le marché des obligations d’entreprises ou pour les obligations souveraines.

Un «one-stop shop» dans le domaine de la durabilité

Alors que beaucoup d’investisseurs, institutionnels en particulier, accordent une importance grandissante au fait de pouvoir placer leur argent en tenant compte des aspects de durabilité, comment BNP Paribas Asset Management se positionne-t-elle sur ce plan en Suisse? «Notre approche consiste à proposer une offre sous forme de one-stop shop dans le domaine de la durabilité, que cela soit sous la forme de solutions sur les marchés monétaires, de fonds gérés activement, ainsi qu’une offre élargie d’ETF qui tiennent compte des critères de durabilité qui satisfont aux exigences de la réglementation SFDR», poursuit Ariane Dehn. Aux yeux de la responsable, il y a certes une partie des investisseurs qui sont à la recherche de fonds très spécifiques répondant aux exigences de l’article 9 de SFDR. Pour autant, il ne faut pas oublier qu’une grande partie des investisseurs se satisfont aussi de produits indiciels qui correspondent aux exigences de l’article 8. Et de citer, par exemple, un ETF qui répond aux critères ESG, tout en ayant une déviation minimale par rapport à l’indice de référence. «Certains investisseurs veulent prendre en considération les aspects ESG dans leur politique de placement mais ils ne souhaitent toutefois pas trop s’éloigner de l’indice de référence. Il faut aussi répondre à leurs attentes», estime-t-elle.

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