L’approche multifactorielle: une sage alternative

Christopher Gannatti, WisdomTree

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Cette stratégie devrait permettre de réduire le risque de forte sous-performance en cas de retournement du marché.

Les perspectives du second semestre pour les actions américaines étant incertaines, la diversification par facteur peut s’avérer une bonne solution.

Les indices de référence pondérés par capitalisation boursière ont connu une performance remarquable aux Etats-Unis: en 2017, le S&P 500 affiché une progression supérieure à 20%. En revanche, sa performance a été bien moindre au premier semestre 2018. Les circonstances ont certes été très particulières durant cette période, mais aujourd’hui tout semble indiquer que le second semestre ne sera guère plus facile que le premier.

Une première énigme réside dans l’évolution des taux d’intérêt. Si l’on revient à la période de transition 2013-2014, les taux d’intérêt étaient censés ne pouvoir évoluer que dans une seule direction, la hausse. Tel était le consensus. Or on sait aujourd’hui que si les taux ont bien pris une direction unique, c’était celle de la baisse! Début 2018, l’essentiel des débats a porté sur le niveau des rendements des bons du Trésor américains à 10 ans et leur seuil de 3,05%. Ce dernier était considéré comme «critique» car, une fois franchi, les rendements devaient grimper beaucoup plus haut. Entre temps ce seuil a été dépassé, mais après avoir culminé très brièvement à 3,12% à la mi-mai, les rendements des bons du Trésor à 10 ans ne sont pas parvenus à se maintenir durablement au-dessus de 3%.

Au plan boursier, le rallye de fin de cycle se poursuit et dure,
ce qui est une situation particulièrement difficile à appréhender.

Cela dit, qu’ils terminent l’année à 2,80%, 2,90%, 3,00% ou légèrement au-dessus de 3,05%, cette évolution aura des répercussions majeures sur de nombreux actifs et en particulier sur les actions américaines et sur le billet vert. On peut aujourd’hui difficilement parler des actifs américains sans évoquer la politique de la banque centrale du pays, la Fed, qui a augmenté les taux d'intérêt à deux reprises cette année. A ce propos, il paraît intéressant de souligner que l’action de la Fed a dopé le rendement du bon du Trésor à 2 ans, si bien qu’il n’est plus qu’à 33 points de base (pb) de celui du 10 ans (au 28 juin 2018). Si l’écart devient nul, voire négatif, ce serait le signal avancé d’une récession à un horizon d’environ  12 à 18 mois, du moins si l’on en croit les comparaisons historiques remontant aux années 70. On comprend donc bien l’importance du niveau de rendement du bon du Trésor à dix ans.

Au plan boursier, le rallye de fin de cycle se poursuit et dure, ce qui est une situation particulièrement difficile à appréhender pour les investisseurs. Aussi étonnant que cela puisse paraître, durant ce type rallye, les performances peuvent être relativement bonnes et ce sur une durée bien supérieure à ce qui est généralement anticipé. Et même si tous les participants au marché se préparent à une correction,  cette dernière peut se manifester très tardivement. En décomposant le marché en fonction de différents facteurs, on aboutit néanmoins à quelques observations très intéressantes.

En 2017 ainsi qu’un premier semestre 2018, le facteur «momentum» s’est avéré très performant, au point que de nombreux investisseurs se demandent s’ils devraient attribuer leurs nouvelles allocations à ce facteur et donc, parier sur la poursuite du rallye, ou si, au contraire, ils devraient s’efforcer de découvrir le facteur le plus performant dans la phase ultérieure du cycle? 

La prolifération des indices et fonds négociés en bourses (FNB)
a rendu leur sélection beaucoup plus complexe.

La question des taux d'intérêt est cruciale dans la mesure où des taux plus élevés pourraient entraîner une baisse des valorisations et si ce scénario se produisait, le facteur «momentum» perdrait son statut de facteur le plus performant.

La prolifération des indices et fonds négociés en bourses (FNB) a rendu leur sélection beaucoup plus complexe pour les investisseurs. Cette situation présente des avantages et des inconvénients. D’un côté, les stratégies factorielles, longtemps cantonnées aux cercles académiques, sont devenues beaucoup plus facilement accessibles. De l’autre, il n’existe pas d’outil qui permette de prévoir aisément quel sera le facteur qui sur- ou sous-performera à l’avenir.

Le recours aux stratégies multifactorielles pourrait être une solution à ce dilemme. Sur le marché américain, la stratégie multifactorielle de WisdomTree est parvenue à battre le S&P 500 au premier semestre et, comparée à une stratégie axée uniquement sur le facteur «momentum», elle devrait permettre de réduire le risque de forte sous-performance en cas de retournement du marché. En optant pour une approche multifactorielle qui adapte sur une base trimestrielle ses expositions aux différents facteurs, l’investisseur s’évite le choix d’un facteur et ne se trouve plus confronté à la nécessité de devoir sélectionner le bon facteur au bon moment. Car ce n’est pas parce qu’un facteur dégage de belles performances à un moment donné que cet avantage va se maintenir indéfiniment!

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