L’économie mondiale a-t-elle atteint un point critique?

Christopher Smart, Barings

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Relativiser les risques de marché actuels dans un contexte de ralentissement de l’activité économique, néanmoins robuste, est important.

© Keystone

Si la principale préoccupation du marché est centrée sur la Fed, cela devrait commencer à se dissiper au début de l’année prochaine. Les taux sont certes en hausse et le service de la dette est de plus en plus coûteux, mais quelle est la probabilité que la politique monétaire américaine soit vraiment «en retard»? Les salaires et les tarifs douaniers entraînent certes une hausse sur certains prix, mais ceux de l’énergie et des technologies sont en baisse.

La plupart des prévisions tablent sur une inflation sous-jacente légèrement supérieure à 2%, ce qui laisse supposer que nous approchons de la fin du cycle de resserrement actuel. Le Federal Open Markets Committee semble se diriger, lentement et prudemment, vers un taux de 3% pour les fonds fédéraux à la fin de l’année prochaine si les courbes de prédiction se maintiennent, mais les marchés à terme semblent anticiper des taux inférieurs.

La politique budgétaire mondiale a été globalement favorable
aux grandes économies telles que la Chine, le Japon et même l’Allemagne.

Pendant ce temps, une orientation accommodante de la politique monétaire prévaut en Europe, au Japon, en Chine et ailleurs. De plus, les tendances démographiques à long terme et les nouvelles technologies semblent de nature à contenir les hausses inflationnistes.

La politique fiscale n’est pas un risque  

La deuxième grande inquiétude cyclique est liée au budget fédéral américain, qui semble de plus en plus imprévisible. Alors que se dessine le nouveau visage du Congrès, le déficit budgétaire qui devrait atteindre 1’000 milliards de dollars l’an prochain fait couler beaucoup d’encre, mais les deux partis politiques ne semblent guère déterminés ni à augmenter les impôts ni à réduire les dépenses avant la prochaine élection présidentielle.

Entre-temps, la politique budgétaire mondiale a été globalement favorable aux grandes économies telles que la Chine, le Japon et même l’Allemagne. Cela ne suffira peut-être pas à accélérer la croissance mondiale, mais nous sommes loin d’une contraction.

Saga politique

L’important, en cette période de forte polarisation, est de savoir dissocier ses préférences politiques de l’analyse économique. Les démocrates ont tendance à amplifier les risques économiques qui pourraient compromettre la campagne de réélection du président Trump. Les républicains tendent quant à eux à placer des espoirs démesurés dans les réductions d’impôts et la déréglementation.

Dans le cycle actuel, la plus importante bataille politique de Washington pourrait être liée à l’impasse probable sur la limite de la dette et le financement public. Cela pourrait déclencher des fluctuations du marché, mais les perturbations ne devraient pas suffire à faire basculer l’économie américaine dans une récession.

Le plus grand risque politique pour l’économie mondiale pourrait venir
de l’aggravation des tensions commerciales avec la Chine.

En Europe, les relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne devraient devenir beaucoup plus claires bien avant la date officielle du «Brexit», le 29 mars. C’est l’Italie qui constitue le principal défi d’une Europe qui ne dispose pas de suffisamment de moyens financiers pour sauver une économie de cette taille si son gouvernement devait perdre la confiance des marchés obligataires. La dette du pays est toutefois à long terme et est principalement détenue par des investisseurs italiens. L’impasse budgétaire est réelle, mais elle devrait s’atténuer à mesure que les responsables politiques se concentrent sur les élections au Parlement européen qui n’auront que peu de conséquences directes sur le marché.

Le plus grand risque politique pour l’économie mondiale pourrait venir de l’aggravation des tensions commerciales avec la Chine. Il n’en demeure pas moins que les problèmes persistants en matière de subventions économiques et de protection de la propriété intellectuelle de la Chine prendront du temps à être résolus.

L’essentiel des dommages causés par cette guerre des tarifs douaniers se manifestera probablement à très long terme, à mesure que les entreprises réévalueront leurs priorités d’investissement dans un monde où les barrières commerciales se multiplient. L’impact à court terme des tarifs douaniers sur la croissance mondiale devrait rester limité, les économies chinoise et américaine étant toutes deux principalement dépendantes de leur demande intérieure.

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