Gestion d'actifs: Zurich et Genève parmi les plus attrayants

Yves Hulmann

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Une étude réalisée par l’institut zougois IFZ et l’Asset Management Platform suisse a évalué les caractéristiques de cette activité.

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Avec des actifs gérés de 2208 milliards de francs en 2017 ainsi que quelque 9600 personnes qui sont directement employés par ce secteur, la gestion d’actifs constitue l’un des segments clé de la place financière helvétique. Pour évaluer quels sont les points forts et les points faibles de cette spécialisation en comparaison internationale, l’institut zougois IFZ, rattaché à la Haute Ecole de Lucerne, a publié sur mandat de l’Asset Management Platform suisse une étude qui évalue en détail le poids de ce secteur au sein de la place financière helvétique. L’enquête s’est appuyée sur les réponses fournies par 60 sociétés qui ont pris part à l’enquête parmi 186 gérants d’actifs répertoriés. Près des deux tiers (65%) des sociétés sondées étaient des gérants d’actifs, alors que près d’un cinquième (18%) étaient des gérants de fonds complétés par une part similaire (17%) de banques ou de courtiers. En revanche, «l’étude n’a pas pris en compte les mandats de gestion de fortune pour le compte de clients privés», a précisé lundi à Zurich Thomas Ankerband, directeur du centre de compétences pour les investissements auprès de l’institut IFZ.

Hausse de 12% sur un an

Les volumes sous gestion ont poursuivi leur ascension l’an dernier. En 2017, les actifs gérés en Suisse par des banques, des gérants de fonds, des courtiers ou des gérants d’actifs supervisés par la FINMA ont crû de 12% pour s’établir à 2208 milliards de francs (1970 milliards en 2016). La tendance haussière a été constatée dans tous les segments, à la fois pour les mandats discrétionnaires (947 milliards), les fonds de placement de droit suisse (880 milliards) et les fonds de placement de droit étranger gérés en Suisse (381 milliards).

L’étude mesure la compétitivité de différents sites du point de vue
de l’environnement politique et légal ainsi que sur le plan économique.

Parmi les sociétés sondées, plus de neuf sur dix (95%) proposent des fonds de placement, 82% des mandats discrétionnaires et un peu plus de la moitié d’entre elles (52%) des mandats de conseil. En revanche, seuls 12% d’entre elles proposent des produits indiciels (ETF). «Cela signifie aussi que les gérants d’actifs suisses sont surtout présents dans des domaines à marges élevées», observe Thomas Ankerband. Une tendance corroborée aussi par le fait que seuls 2% des gérants indiquent proposer uniquement des produits passifs.

Villes: le peloton de tête est très serré

En comparaison internationale, les deux principales places financières helvétiques se placent dans le «top ten» des sites les plus attrayants pour la gestion d’actifs. Parmi 35 sites évalués, Zurich apparaît en quatrième position, Genève en huitième place. La première place étant occupée par Singapour. Pour établir le classement, l’étude mesure la compétitivité de différents sites du point de vue de l’environnement politique et légal ainsi que sur le plan économique, social et technologique. Côté positif, la Suisse offre, dans l’ensemble, de bonnes conditions pour la gestion d’actifs, en particulier au regard de l’environnement politique et légal jugé stable et fiable. S’y ajoute un environnement social caractérisé par un système de formation solide et une bonne qualité des infrastructures. En revanche, en ce qui concerne l’environnement technologique les deux grandes villes suisses ont un certain retard par rapport aux hubs les mieux placés pour la gestion d’actifs que sonnt Singapour, Londres et New York.

Ce retard en matière technologique se rapporte toutefois avant tout à la faiblesse de l’offre des services gouvernementaux en ligne ou au manque de participation à ces services en ligne des citoyens suisses, nuancent les auteurs de l’étude. En revanche, la Suisse est bien notée en ce qui concerne l’utilisation des technologies de l’information et des télécommunications ainsi que les collaborations entre les universités et l’industrie en matière de recherche. Le retard affiché par la Suisse par rapport aux trois places financières leader dans ce domaine est toutefois quelque peu relativisé par les auteurs de l’étude. En effet, excepté Singapour qui se situe nettement en tête du classement, les onze place financières suivantes sont très proches l’une de l’autre, comme le souligne Thomas Ankerband.

L’AMP veut servir de trait d’union entre différentes organisations déjà existantes

Quant au mandataire de l’étude, la présentation de l’«IFZ / AMP Asset Management Study 2018» a aussi été l’occasion de présenter les objectifs d’Asset Management Platform Suisse, une structure qui veut assurer un rôle de trait d’union entre la Swiss Fund & Asset Management Association (SFAMA), l’Association suisse des banquiers et l’Association suisse d’assurances (ASA). Son site doit servir de «premier point d’entrée» pour toutes les questions relatives à la gestion d’actifs en Suisse. Plus généralement, comme l’a souligné Iwan Deplazes, le président d’Asset Management Platform suisse, il s’agit aussi de sensibiliser le public envers l’importance de la gestion d’actifs pour l’ensemble de la société. «La gestion d’actifs a une utilité dans le domaine la prévoyance. Tout le monde parle de l’importance d’adapter les conditions cadres dans le domaine de la prévoyance. En revanche, le rôle joué par le troisième cotisant (ndlr: en plus de l’employé et de l’employeur) est souvent oublié», a souligné le président d’Asset Management Platform Suisse.