Gare aux extrapolations hâtives

Mark Holman, TwentyFour Asset Management

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La demande de prêts des entreprises américaines connaît un nouveau tassement et les banques resserrent le robinet du crédit. Que faut-il en déduire?

La dernière enquête réalisée par la Fed sur les conditions de crédit des banques (Senior Loan Officer Opinion Survey on Bank Lending Practices), l’un des indicateurs cycliques les plus suivis, a montré que les 80 principales banques américaines avaient légèrement durci leurs conditions d’octroi de prêts au troisième trimestre. Or l’histoire veut que lorsque les banques commerciales commencent à resserrer le robinet du crédit, ce soit le signal que le cycle économique approche de son terme.

Les banques sont mieux préparées à pouvoir assumer
leur rôle de prêteur tout au long du cycle.

Sans vouloir nier l’intérêt de cet indicateur du point de vue de l’avancement du cycle économique, il convient de souligner que les banques disposent actuellement de fonds propres et de liquidités importantes qui devraient leur permettre de s’adapter à un environnement de crédit plus difficile. Elles sont donc mieux préparées à pouvoir assumer leur rôle de prêteur tout au long du cycle. Comme nous l’avons déjà vu pour de nombreux autres indicateurs, il ne suffit pas de se fier aveuglément aux schémas de raisonnement traditionnels.

Un durcissement très contenu

Cela dit, cette enquête, ainsi que les résultats financiers des banques, reste probablement l'outil le plus utile dont  nous disposions pour évaluer l'espérance de vie du cycle. En examinant les résultats de l’enquête de plus près, force est de constater que le durcissement des conditions d’octroi de crédits a été minime et qu’il n’est nullement surprenant en cette fin de cycle pour une économie américaine qui ralentit et se trouve confrontée à des vents contraires.

Le consommateur semble toujours en bonne santé et sa demande de crédit augmente au fur et à mesure que les taux d'intérêt diminuent. En ce qui concerne les prêts automobiles et les cartes de crédit, un certain nombre de banques ont réduit leur exposition au risque, en particulier vis-à-vis de la clientèle dont le degré de solvabilité est faible. Mais dans l'ensemble, la propension des banques à offrir du crédit est restée inchangée et la demande a été soutenue.

Les risques géopolitiques ont quelque peu
diminué et pourraient encore s’atténuer.

Un autre secteur dans lequel les banques se sont montrées plus réservées a été  celui des prêts immobiliers commerciaux, un secteur également très cyclique. Mais, là encore, le durcissement des conditions de prêt s’est avéré très progressif.

Vers un retournement au quatrième trimestre?

Pour ce qui concerne les prêts commerciaux et industriels, le changement le plus notable a été le ralentissement de la demande, dont la manifestation est également apparue lors de la publication des résultats des grandes banques le mois dernier. Au troisième trimestre, le climat des affaires s’est détérioré: les entreprises ont en effet réduit leurs dépenses d’investissement au vu de l’accroissement de différents risques géopolitiques. Les banques ont maintenu ouvert le robinet du crédit, mais la demande a fait défaut. Cette situation pourrait se retourner au quatrième trimestre puisque les risques géopolitiques ont quelque peu diminué et pourraient encore s’atténuer.

En conclusion, il ressort de ce qui précède que les résultats de l’enquête auprès des responsables de crédit des grandes banques américaines sont sans surprises. Et, comme cela a été le cas au cours des précédentes périodes de durcissement des conditions de crédit bancaire durant ce cycle, il convient d’éviter les extrapolations hasardeuses à partir des derniers résultats publiés. 

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