Gare à l’excès de confiance

Florence Chernyak-Bosson, CA Indosuez

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L’indice MSCI world rebondit nettement. Mais certains signaux appellent à la prudence. Notamment du côté de la Fed et du litige entre la Chine et les USA.

©Max Pixel

Depuis le début de l'année, les marchés d’actions ont récupéré l'essentiel des pertes subies en 2018. L’indice MSCI world affiche un rebond de 11,4% en 2019, et l’indice S&P 500 gagne 11,8% (dividendes inclus, au 26 février).

L’éventualité d’une inversion de la courbe des rendements avait provoqué la panique en fin d’année. C’est donc principalement le changement de ton de la Fed qui soutient les marchés en 2019, l’institution ayant opté pour la patience en ce qui concerne ses prochaines hausses de taux. Les «minutes» de la réunion du FOMC de décembre, publiées début janvier, indiquaient que les décideurs avaient adopté une approche plus prudente à l’égard des futures hausses de taux que la première interprétation de la déclaration officielle ne le laissait entendre. Il fallait comprendre «certaines nouvelles augmentations progressives» comme un «resserrement supplémentaire relativement limité»; de plus, certains responsables avaient souligné que «les risques de dégradation pourraient avoir augmenté récemment». Deuxièmement, les espoirs suscités par la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine – la dernière nouvelle étant l’extension de la date butoir du 1er mars pour augmenter les droits de douane sur les importations chinoises – ont renforcé la confiance des investisseurs.

Bien que des progrès aient été réalisés
sur le front commercial sino-US, les détails sont limités.

Cependant, certaines observations appellent à la prudence. Du côté macroéconomique, la position accommodante de la Fed semble être déjà bien intégrée dans les niveaux actuels, comme le montre la réaction limitée des marchés après la publication des «minutes» de la réunion du FOMC de janvier, publiées le 20 février. Les attentes du marché en ce qui concerne l'absence de nouvelles hausses de taux en 2019 pourraient s'avérer trop optimistes. Aussi, bien que des progrès aient été réalisés en ce qui concerne le commerce entre la Chine et les États-Unis, les détails sont limités, et aucun accord n’a encore été signé.

De plus, la situation technique s'est détériorée. Le Relative Strength Index (RSI), qui mesure l'ampleur des récentes variations de prix d'un titre, indique que les marchés tendent vers la surchauffe. Les niveaux supérieurs à 70 indiquent qu'un actif est «suracheté», tandis que les niveaux inférieurs à 30 signalent qu'un marché est «survendu»1. Comme le montre le graphique ci-dessous, près d’un tiers des entreprises de l'indice S&P 500 tombe actuellement dans la première catégorie. Cette proportion se rapproche du niveau atteint pour la dernière fois en janvier 2018, juste avant le «sell-off» qui a suivi en février. L'indice S&P 500 lui-même est en territoire de surachat (RSI sur 14 jours à 70,2). La même mesure se situe à 72,4 pour l’indice MSCI Emerging Markets, également en zone de surachat, et à 69 pour l’indice Stoxx Europe 600 (données au 26 février). L'ampleur du rallye de 2019 appelle à la prudence à court terme.

Pourcentage de sociétés «surachetées» - Indice S&P 500, RSI 14 jours
Sources: Bloomberg, Indosuez Wealth Management
 

 

1 RSI = 100 – [ 100 / (1 + Avg Up / Avg Down)]. Avg Up = the average of all day-on-day changes when the security closed up for the day during the period. Avg Down = the average of all down changes for the period.

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