Fashion Victims

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Les achats à haute fréquence de vêtements bon marché dégradent l'environnement.

Saviez-vous que la mode est proche du pétrole dans le classement des industries les plus polluantes? Dans notre monde de consommation rapide, les traditionnelles saisons été/hiver ont fait place à 52 «micro-saisons» – avec quelque 500 milliards de dollars perdus chaque année en raison de vêtements peu portés et rarement recyclés. Les trois dernières décennies ont vu se développer un goût pour les achats fréquents de vêtements bon marché (et de moindre qualité), pour tenter de suivre les dernières tendances de la mode. Inutile de dire que le commerce en ligne avec retours gratuits a amplifié ce comportement.  

Le hic est que les matériaux synthétiques de plus en plus utilisés libèrent des microfibres lorsqu'ils sont lavés, contaminant les cours d'eau – jusqu’aux océans – à hauteur de 50 milliards de bouteilles en plastique. Des produits chimiques toxiques sont aussi massivement employés dans la culture du coton et la transformation des vêtements. Sans parler des 8% d'émissions de gaz à effet de serre et des 92 millions de tonnes de déchets solides que l'industrie mondiale du vêtement et de la chaussure produirait par an.

Mais tout n'est pas perdu. Tout au long de la chaîne de la mode, nombreux sont les acteurs à promouvoir des modèles d’affaires circulaires. Et, vu la conscience environnementale actuelle, ces modèles ont de bonnes chances d'être adoptés, offrant des opportunités d'investissement intéressantes.

Dans le domaine du textile, Aquafil a par exemple développé un fil de nylon régénéré à partir de filets de pêche usagés, de chutes de tissus et de tapis destinés à l'élimination. Prada, notamment, s'est associée à Aquafil pour lancer récemment sa collection de sacs «Re-Nylon», dont un pourcentage des ventes est reversé à un projet de sensibilisation au développement durable.

Bien qu’Adidas produise déjà des millions de chaussures contenant du plastique des océans recyclé, la société voit plus loin encore: des chaussures faites pour être refaites. Son projet «FUTURECRAFT.LOOP» vise à ce que les matériaux soient transformables à l’infini, non pas en produits basiques mais en nouvelles chaussures de course performantes.

Plusieurs marques insistent aussi sur la réparation: le programme «Worn Wear» de Patagonia a littéralement pris la route en 2015, des camions circulant aux Etats-Unis – et maintenant aussi en Europe, au Japon et en Amérique du Sud – pour réparer gratuitement des vêtements.

Les boutiques vintage sont un autre moyen de prolonger la vie d’un vêtement. Pour autant, il s’agit toujours de le posséder, alors que le simple fait d’y avoir accès pourrait suffire. Oui, les modèles de partage et d’abonnement auxquels nous sommes habitués dans les médias, le transport ou l’hébergement s’étendent désormais à la mode. Urban Outfitters lance un service d’abonnement en ligne permettant aux clients d’emprunter six articles par mois. GlobalData estime que ce marché en plein essor pourrait atteindre 2,5 milliards de dollars d’ici 2023. Rent The Runway en est l’un des acteurs les plus connus et a ainsi construit une «communauté» forte de 9 millions de participants depuis 2009.

Enfin, sur une note plus futuriste, arrive le design virtuel. Et si s’afficher sur Instagram avec des habits conçus uniquement sous forme numérique représentait la parade ultime aux dégâts environnementaux causés par la mode rapide?

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