Exploiter les corrélations dans un portefeuille multi actifs

AXA Investment Managers

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Les investisseurs devraient interpréter la nouvelle volatilité comme un retour à la normale», explique Serge Pizem, Head of Multi Asset Investments chez AXA IM.

Plus d’un investisseur se remémore avec plaisir l’année 2017, tant les prix des actifs avaient généralement augmenté. L’année 2018 a été beaucoup plus turbulente à ce jour, notamment au premier semestre. Mais les investisseurs devraient interpréter la nouvelle volatilité comme un retour à la normale, et non comme un sursaut temporaire. En effet, l’année passée était une rare exception due à des événements de marché extraordinaires, explique Serge Pizem, Head of Multi Asset Investments chez AXA Investment Managers (AXA IM): «La politique monétaire expansionniste a incité de nombreux investisseurs à acheter des actions et d’autres titres à risque. De plus, la volatilité des fondamentaux a également diminué en 2017. La croissance économique était stable et continue, l’inflation n’a guère augmenté.» 

Mais divers risques qui pèsent actuellement sur les marchés pourraient conduire à de fortes fluctuations des cours à court terme. Citons par exemple une aggravation de la guerre commerciale, l’éventuelle baisse de la note de l’Italie ou une hausse du marché de l’emploi et des salaires américains, laquelle pourrait conduire la Réserve fédérale américaine à relever rapidement ses taux. Les élections de mi-mandat américaines pourraient aussi accroître la volatilité. 

Comprendre la volatilité 

Dans un contexte de marché volatil, un portefeuille multi-actifs bien construit peut offrir une solution appropriée. La volatilité et les corrélations figurent parmi les facteurs clés de la gestion de portefeuille. «Un portefeuille multi-actifs doit être bien diversifié pour amortir la volatilité des différentes classes d’actifs. Des corrélations négatives entre les classes d’actifs au sein du portefeuille peuvent assurer cette fonction», affirme Serge Pizem. Si les classes d’actifs sont corrélées négativement au sein du portefeuille, on peut atteindre la diversification souhaitée et, de ce fait, une performance bien plus régulière et stable. Serge Pizem souligne à cet égard un détail déterminant qui est souvent ignoré: «Il faut être conscient du fait que les actions et les obligations ne sont pas forcément corrélées négativement. Pendant le Taper Tantrum de 2013, ces deux classes d’actifs se sont effondrées en même temps. On doit donc trouver des alternatives pour protéger le portefeuille de telles situations», précise l’expert. 

Se diversifier autrement 

Dans ce contexte, il clarifie trois principes actuels du portefeuille. Premièrement, Serge Pizem a remplacé des emprunts d’Etat par des obligations indexées sur l’inflation. «Selon nous, il est trop tôt pour réduire fortement l’exposition aux valeurs à haut rendement comme les actions ou les obligations High Yield. Mais nous savons aussi que la politique monétaire pourrait être normalisée un peu plus fermement à court terme. Les obligations indexées sur l’inflation peuvent contribuer à limiter la volatilité. Elles offrent un revenu courant et une évolution de valeur liée à l’inflation.» 

«Nous avons quelque peu renforcé notre exposition
relative aux actions américaines»

La deuxième conviction concerne une allocation aux valeurs américaines axées sur leur marché national, au détriment des actions européennes. «Soucieux d’éviter les retombées éventuelles de la guerre commerciale et des risques politiques en Europe, nous avons quelque peu renforcé notre exposition relative aux actions américaines», continue Serge Pizem. «Les Etats-Unis sont le pays industrialisé le moins axé sur les exportations. Sans oublier que la vigueur de l’économie américaine est indéniable et engendre une très forte croissance des bénéfices. Cette focalisation des actions américaines sur le marché intérieur les rend extrêmement résistantes aux crises», soutient Serge Pizem. 

Enfin, Serge Pizem a couvert ses positions en dollars. «Nous savons que la volatilité des cours de change peut être très élevée dans un portefeuille d’actions et engendrer des risques indésirables», affirme-t-il. «Afin de limiter l’impact de cette volatilité sur nos fonds Total Return, nous avons décidé de couvrir la position de change. Nous pensons que la BCE sera la prochaine grande banque centrale à normaliser sa politique monétaire, ce qui pourrait conduire à une certaine volatilité des cours de change. C’est une volatilité que nous voulons éviter», précise Serge Pizem. 

Exploiter les corrélations 

Ces trois principes sont emblématiques de l’approche multi-actifs de Serge Pizem. «La volatilité peut être décomposée en deux composantes principales. La première est celle de l’univers de placement ou de l’indice. Mais elle dépend à son tour de la volatilité de la deuxième composante, donc des positions individuelles», explique l’expert. La volatilité d’un fonds multi-actifs dépend beaucoup de la corrélation entre les classes d’actifs. «Quand la corrélation entre les actifs d’un portefeuille est forte, la volatilité de ce portefeuille a tendance à augmenter. Mais si la corrélation entre les valeurs du portefeuille est faible, cela a tendance à limiter la volatilité globale», conclut Serge Pizem. Pour construire un portefeuille, il est donc indispensable de comprendre comment les corrélations fonctionnent.

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