Etats-Unis: ce drapeau flotte encore...

Cormac Weldon, Artemis

2 minutes de lecture

La tension sur les valorisations rend difficile toute justification d’achat de valeurs cycliques. A l’exception du logement et des semi-conducteurs.

©Keystone

La saison des résultats du deuxième trimestre vient de s’achever. Leur croissance s’avère supérieure aux attentes et affiche une augmentation de 1% sur année glissante. 

La publication de ces résultats fournit les informations suivantes: 

  • Les sociétés ont pris des mesures supplémentaires afin de réduire l’impact des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine. Les sites de production ont été soit déplacés de la Chine soit il a été prévu d’augmenter les prix, ce qui a eu pour effet de contrebalancer la hausse des tarifs douaniers. 
  • Certaines décisions d’investissement ont aussi été reportées.
  • Pression continue sur les marges des sociétés suite au resserrement du marché du travail, à la hausse des prix des produits de base et du dollar américain.
  • Inquiétudes liées à la croissance économique américaine et mondiale – mais pas de récession à proprement parler.
  • La baisse des coûts d’emprunt a entraîné une augmentation du taux d’endettement des sociétés.
Notre opinion?

Le cycle économique a désormais dépassé son pic – ainsi que le confirme le rapport récent de l’Institute for Supply Management (ISM) qui fait état d’indicateurs passant sous le seuil des 50. Ce rapport met en exergue une contraction des composantes suivantes de l’indice: nouvelles commandes, production, emploi, commandes en cours, exportations et exportations tandis que les livraisons de fournisseurs ralentissent à un niveau plus faible.

La baisse de la confiance des milieux d’affaires pourrait affaiblir
les gains d’emploi et donc les dépenses des consommateurs.

Le climat des affaires aux Etats-Unis détermine les dépenses d’investissement et l’emploi. Au mois d’août nous avons assisté à une forte baisse de la confiance des dirigeants d’entreprises (-6% d’un mois sur l’autre). C’est presque 20% de moins que le pic de 2018; et une baisse de la confiance implique un risque de baisse du marché de l’emploi. Entretemps, le ralentissement manifeste de l’emploi dans le secteur industriel (que soulignent aussi les indices des directeurs d’achat ISM et Markit) montre que la baisse de la confiance des milieux d’affaires pourrait affaiblir les gains d’emploi et par là même les dépenses des consommateurs.

Nous guettons donc tout signe de ralentissement de l’emploi et observons de près les demandes d’emploi hebdomadaires. Nous sommes aussi inquiets quant à une baisse de confiance des milieux d’affaires susceptible d’engendrer des coupes dans les dépenses d’investissements.

Qu’est-ce que cela signifie pour la sélection de titres? 

Dans l’ensemble, les valorisations sont tendues. Cela rend difficile toute justification d’achat de valeurs cycliques à ce stade. A deux exceptions près en termes de secteurs, selon nous : 
le logement et les semi-conducteurs. Le premier tirera profit de taux d’intérêt moindres. Le second a son propre cycle. 

Nous maintenons notre positionnement plus défensif avec des titres tels que Booz Allen Hamilton (sous-traitant du gouvernement américain) et Crown Castle (tours cellulaires sans fil).

Les tarifs douaniers et la Chine continuent de dominer l’actualité, entraînant une hausse de la volatilité. Nous pensons que le conflit commercial ne sera probablement pas résolu à court terme ni avant les élections présidentielles américaines. Nous sommes relativement peu investis dans les titres US exposés à la Chine, en effet nous avons diminué nos positions y afférant au cours du dernier semestre 2018.

Nous continuons d’éviter les sociétés
qui tirent parti de la croissance économique.

Dans le secteur du logement nous sommes toujours investis dans Masco. La société vend de la peinture et des équipements de plomberie – ces articles sont plus destinés aux réparations et travaux de rénovations de logements existants qu’aux logements neufs – et elle se porte bien.

Notre investissement dans Lowes, un détaillant spécialisé dans le bricolage pour lequel un plan de redressement a été décidé par le nouveau management, s’est aussi avéré payant. Dans le passé Lowes a toujours été à la traîne derrière son gros concurrent Home Depot. Vers la fin de l’année dernière Lowes a affiché un trimestre décevant et le marché a perdu confiance dans son plan de redressement. Nous avons récemment augmenté notre exposition dans cette valeur et avons été récompensés par des bénéfices supérieurs à nos attentes lors du tout dernier trimestre.

En général nous continuons d’éviter les sociétés qui tirent parti de la croissance économique et préférons celles dont les prévisions sont moins tributaires de l’économie dans son ensemble.

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