Engageons les seniors

François Meylan, Meylan Finance

2 minutes de lecture

Selon l’OIT, l’âge est le premier facteur de discrimination dans l’emploi. Les seniors représentent pourtant une somme de savoir inestimable.

Personnellement, je recrute et je mise à fond sur les seniors. Pourtant, selon l’Organisation internationale du travail (OIT), l’âge est, avec le fait d’être une femme  enceinte, le premier facteur de discrimination dans l’emploi. Pire, cette discrimination à l’encontre des seniors est l’une des rares à être socialement assumée.

Mais à quel âge devient-on senior? Il n’existe aucune définition officielle du terme «senior». Si les statistiques de l’Union européenne (UE) prennent en compte les 55 - 64 ans, l’âge considéré varie habituellement en fonction des secteurs d’activités, de l’exposition à la pénibilité voire des niveaux de diplôme des collaborateurs. Il est fréquent d’être considéré comme senior déjà à 45 ans! Si la problématique est officiellement reconnue au sein de l’UE qui s’est fixé l’objectif d’atteindre un taux d’emploi de 50% parmi les 55-64 ans, il n’en est rien sous nos latitudes. Selon le discours officiel du Secrétariat d’État à l’économie (SECO), le marché de l’emploi pour les travailleurs de plus de cinquante ans est fluide. Au point où le conseiller fédéral concerné Johann Schneider-Ammann estime qu’aucune mesure particulière ne se justifie, relevait le quotidien Le Temps, dans son édition du 16 avril 2017.

«Nous n’arrivons presque jamais à placer les plus de 50 ans»

Depuis, rien a changé. À Sandra Pelti, membre de la direction de Manpower Suisse, de jeter le pavé dans la marre: «Nous n’arrivons presque jamais à placer les plus de 50 ans». C’est sans compter sur l’arrivée massive des baby-boomers en pré-retraite. Par ailleurs, la libre circulation des travailleurs avec l’Union européenne a encore d’avantage précarisé la situation de nos aînés. Les entreprises disposant à présent d’un grand réservoir de main d’œuvre jeune et bon marché, souligne le journal alémanique NZZ. Vraisemblablement, l’âge est vecteur de nombreux préjugés. Premièrement, le coût : le salaire augmentant automatiquement avec l’âge et la charge sociale, en particulier celle liée au deuxième pilier étant exponentielle. Également, des possibles difficultés à être managé ou encore la résistance au changement. On évoque aussi le temps restant à travailler dans la société. Ce que la réalité contredit. Un employé de cinquante ans restera normalement fidèle à son employeur jusqu’à la retraite. Soit quinze ans d’engagement et de loyauté. Quelle autre catégorie d’âge peut en dire autant? De surcroît, les atouts des seniors sont nombreux. Ils ont d’avantage d’expérience, d’autonomie et d’expertise. Ils savent faire preuve de recul et d’analyse du risque.

Selon Pertinent, interrogés, à l’occasion du baromètre 2014 du cabinet de placements français «À compétences égales», 75% des seniors étaient enclin à non seulement revoir sensiblement à la baisse leur rémunération mais aussi à aménager leur temps de travail avec une plus grande flexibilité que leurs cadets. Généralement, leurs responsabilités parentales étant révolues, ils ont acquis une marge de manœuvre plus large. Pour ma part, ce sont le savoir-être et la somme de vécu qui ont une valeur inestimable. Jadis, employé dans une grande banque, j’ai souvent été surpris par la perte de substance que générait le départ d’un collaborateur senior pour l’entreprise, comme pour les collègues et pour les clients. Une somme de savoir que l’on ne retrouve dans aucun manuel de cours ni aucune formation.

Alors que l’année 2018 s’annonce plus volatile et plus sportive pour les marchés financiers, je prends le pari que nos aînés obtiendront un taux de rétention et de satisfaction clientèle d’un haut niveau.