Encore une semaine historique – Macro Pulse d’Indosuez WM

Marie Owens Thomsen, Indosuez Wealth Management

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A l'ouverture des marchés après les congés prolongés du Nouvel An lunaire, la bourse chinoise accuse sa plus lourde chute depuis 2015.

Coronavirus

Le bilan s’alourdit rapidement en ce qui concerne les cas avérés ainsi que le nombre de décès. Bloomberg signale 17’400 cas confirmés ce matin, et plus de 360 décès. A l'ouverture des marchés après les congés prolongés du Nouvel An lunaire, la bourse chinoise accuse sa plus lourde chute depuis 2015, avec environ 90% des actions cotées en bourse qui ont dévissé du maximum autorisé par les bourses. Les actions du secteur de la santé font exception. La Banque populaire de Chine (BPdC) a injecté un montant net de 150 milliards de yuans (21,4 milliards de dollars) sur le marché lundi par le biais d’accords de rachat inversés à 7 et 14 jours et le taux a été réduit de 10 points de base pour les deux. Un conseiller de la banque centrale, Ma Jun, a déclaré qu'il s'attendait à d'autres mesures, notamment une réduction du taux d'intérêt sur les nouveaux prêts et le financement à moyen terme. Dans la boîte à outils actuelle de la politique monétaire, la BPdC a moins mis l'accent sur le taux d’emprunt à un an qui était auparavant privilégié, au profit de l'utilisation d'un certain nombre de taux cibles. Le nouveau taux sur les prêts de premier ordre, qui est basé sur les prêts à un an offerts par 18 banques à leurs meilleurs clients, sera annoncé le 20 février. L'assouplissement de la politique monétaire ajoute une pression à la baisse sur la monnaie qui s'est dépréciée, passant de 6,86 CNY/USD le 17 janvier à 7,02 CNY/USD ce matin. On peut toutefois s'attendre à ce que le marché obligataire chinois bénéficie de ces réductions de taux. Le rendement souverain à 10 ans a baissé de 3,09% le 16 janvier à 2,98% actuellement. 

Vendredi, le Global Times, un journal d'État, écrivait que le PIB du premier trimestre 2020 pourrait chuter à 4%, contre 6% au quatrième trimestre 2019 (évolution sur 12 mois). Bien entendu, cela dépend de la durée de fermeture des usines et des restrictions de voyage. Même un effet marqué au premier trimestre peut être récupéré au cours des trois trimestres suivants, aidé par le stimulus politique, tandis que ce rebond pourrait être repoussé à 2021 si la propagation du coronavirus ne peut être rapidement stoppée. Comparer les pandémies et leur impact sur le PIB n'a guère de sens avant d'en savoir plus sur celle-ci. Néanmoins, en 2002-2003, le Sras a causé environ 800 décès et n'a eu qu'un impact temporaire sur le PIB. L'IATA, l'Association internationale du transport aérien, a estimé en 2006 que le PIB mondial avait été touché à hauteur de 0,1 point de pourcentage en raison de l'épidémie. Depuis lors, l'économie chinoise a connu de nombreux changements fondamentaux. Elle représente désormais une part beaucoup plus importante de l'économie mondiale et le pays est un producteur clé dans de nombreuses chaînes d'approvisionnement mondiales. Cela pourrait éventuellement amplifier l'impact sur le PIB mondial. D'autre part, la Chine dispose désormais de ressources plus importantes et a réagi à cette crise avec une rapidité sans précédent. Cependant, le coronavirus intervient à un moment plutôt fragile pour le cycle économique mondial où les risques étaient déjà orientés à la baisse. Au total, on peut éventuellement utiliser l'estimation de l'IATA comme critère plausible et conclure qu'à ce moment précis, l'impact sur le PIB mondial pourrait être limité à 0,1 point de pourcentage - un chiffre qui augmentera sans doute avec le nombre de décès et la durée de la crise. 

Brexit

Le Brexit a eu lieu le 31 janvier; le Premier ministre Boris Johnson et le Chef de la «Task Force» de l'UE Michel Barnier ont entamé les négociations commerciales aujourd'hui. La livre sterling s'est affaiblie après que M. Johnson a laissé penser que le Royaume-Uni pourrait ne pas avoir d'accord d'ici la fin de l'année.

États-Unis

Le caucus de l'Iowa se tient aujourd'hui, première date de la campagne électorale présidentielle où les électeurs peuvent officiellement soutenir leurs candidats favoris. Le New Hampshire suit le 11 février et, très souvent, les candidats finaux ont remporté l'un ou l'autre des États, voire les deux. Toutefois, 15 États ainsi que les démocrates de l’étranger voteront le 3 mars dans ce que l'on a tendance à appeler le «Super Tuesday». Nous devrons peut-être attendre jusque-là pour savoir qui sera le chef de file des démocrates. Concernant l'Iowa, 270towin.com présente une moyenne des sondages de ce matin qui donne 24,4% des voix à Bernie Sanders, 18,2% à Joe Biden, 15,2% à Elizabeth Warren et 15,2% à Pete Buttigieg également. Amy Klobuchar recueille 11,4% des voix et les autres candidats se situent en bas de la fourchette à des taux inférieurs à 10%. Ces estimations sont basées sur des sondages à l'échelle de l'État et supposent donc que chaque vote de circonscription est égal au vote à l'échelle de l'État. L'erreur d'estimation est de l'ordre de 4%. Quel que soit le nombre de personnes qui se présentent pour voter au sein du caucus, l'Iowa donnera 49 délégués pour les candidats, dont 8 super-délégués, c'est-à-dire choisis par le parti plutôt que par le caucus. Le nombre total de délégués à la convention démocrate en 2020 est de 4 750, dont 3’979 se sont engagés à soutenir un candidat précis et 771 sont des super-délégués. La Californie a le plus grand nombre de délégués, soit 494, et fait partie des États du «Super Tuesday» où environ 33% (1’344) du total des délégués engagés seront bloqués. La Californie votait auparavant en juin. En déplaçant le vote de l'État au mois de mars, on augmente les chances qu'un favori émerge plus tôt que par le passé. D'ici le 17 mars, les primaires et les caucus des États auront désigné un peu plus de 60% des délégués.

Le dernier sondage national en date est celui de NBC News et du Wall Street Journal du 2 février 2020. Il montre, par paires, Joe Biden à 50% contre 44% pour Donald Trump; Bernie Sanders à 49 % contre 45 % pour le président ; Elizabeth Warren à 48% avec Donald Trump à 45%; et Pete Buttigieg à 46% avec la plus faible marge de 1% sur le président. Le problème des sondages nationaux tient bien entendu dans le fait qu'il n'y a pas de primaire ou de caucus nationaux, et que le vote au niveau des districts et des États peut donner des résultats très différents. Les calculs de l'investiture se compliquent encore par le fait que le sondage du National Emerson College du 21 au 23 janvier 2020 a montré que 31% des partisans de Bernie Sanders ne savent pas s'ils voteront pour un autre candidat démocrate que M. Sanders, et 16% ont énoncé un non catégorique. En comparaison, 87% des partisans de Joe Biden ont déclaré qu'ils voteraient pour celui qui remporterait l'investiture démocrate, et seuls 5% ont déclaré qu'ils ne le feraient pas.

La nature complexe du système électoral américain a fait qu'en 2018, les démocrates ont mené les républicains par plus de 12 millions de voix lors des sénatoriales et n'ont pourtant pas réussi à obtenir la majorité des sièges à la Chambre. De même, en 2016, Donald Trump a remporté la majorité du collège électoral bien qu'il ait reçu 3 millions de voix de moins que son adversaire. Le règne de la minorité s'applique également à la Cour suprême dont 5 des 9 juges ont été nommés par des présidents républicains qui ont collectivement obtenu moins de votes populaires que leurs adversaires démocrates. Toutefois, les démocrates ont remporté le vote populaire de la Chambre des représentants en 2018 par environ 7 points de pourcentage, ce qui a produit un gain net de 27 sièges cette année-là. Ce résultat a été obtenu grâce à une augmentation de 11 points de pourcentage de la participation des votants par rapport aux élections de mi-mandat de 2014. Jusqu'à 53% de la population en âge de voter l’a effectivement fait en 2018, soit le taux de participation le plus élevé depuis quatre décennies. La participation a le plus augmenté - de 79% - chez les votants âgés de 18 à 29 ans, dont 36% ont voté en 2018, contre 20 % en 2014. Tout est encore possible si cette population réalise un exploit similaire en 2020. 

Demain, mardi, le président Trump prononcera son discours sur l'état de l'Union. 

Mercredi, le Sénat américain devrait voter l'acquittement du président Trump dans le cadre du procès de mise en accusation. 

Sur le front des données, l’emploi non agricole américain de vendredi devrait afficher 160’000 nouveaux postes nets par mois, contre 145’000 auparavant. Le taux de chômage devrait rester inchangé à 3,5%.

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