Effets déclencheurs d’un climat de changement

Jan Amrit Poser, J. Safra Sarasin Asset Management

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Selon l’analyse du FMI, les investissements financés par une taxe carbone équivaudraient à fournir les conditions pour créer des emplois.

A l’heure où 2019 s’apprête à laisser la place à 2020, la conjoncture mondiale reste précaire. Deux ans de guerre commerciale avec la Chine, l’incertitude politique liée au Brexit et aux élections européennes et un rude retour à la réalité après un train de relance budgétaire programmé au mauvais moment aux États-Unis ont porté à la fin de l’été les indices de sentiment économique à leur plus bas niveau depuis la crise financière mondiale de 2008. Entre-temps, la Réserve fédérale a réduit trois fois ses taux d’intérêt, la Banque centrale européenne a rouvert les vannes des liquidités et même la Chine a libéré l’octroi de crédits. Il semblerait que les banques centrales soient intervenues juste à temps pour freiner la chute. Comme le dit le dicton, la politique monétaire peut certes «mener les chevaux à l’abreuvoir, [elle] ne peut les forcer à boire».

Si la politique monétaire assume actuellement une responsabilité excessive, c’est parce que les acteurs de la politique budgétaire sont réticents à prendre le relais. Certes, la marge de manœuvre budgétaire de plusieurs pays est restreinte par une dette nationale élevée, mais certaines autres nations disposent de moyens abondants. Les instruments budgétaires pourraient être mobilisés bien davantage pour soutenir une reprise, surtout s’il s’agissait de mesures destinées à accélérer la croissance. Fort opportunément, le Fonds monétaire international (FMI) a publié dans son dernier Moniteur des finances publiques une contribution tout à fait novatrice intitulée «Mesures budgétaires visant à freiner le changement climatique».

Le FMI propose d’employer une partie des recettes à soulager les problèmes
sociaux en aidant les ménages et les collectivités vulnérables.

Le FMI considère dans son étude la taxe carbone comme le moyen le plus puissant et le plus efficace. Il va de soi qu’une nouvelle taxe serait contre-productive dans un contexte de ralentissement conjoncturel. Le FMI propose d’employer une partie des recettes à soulager les problèmes sociaux en aidant les ménages et les collectivités vulnérables. 

Le rapport du FMI en conclut que la «valeur sociale positive des mesures de lutte contre le changement climatique» serait totalement sous-estimée. En plus des effets sanitaires positifs, une transition forcée dans les transports et l’énergie devrait également entraîner des retombées technologiques ainsi qu’une extension des possibilités de production. Compte tenu de l’analyse du FMI, les investissements financés par une taxe carbone mondiale équivaudraient à créer les conditions d’un programme de création d’emplois. Ce serait l’occasion de relever les défis que pose le changement climatique tout en prolongeant le cycle économique au-delà de l’année 2020.

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