Droits de vote: les priorités 2024 de Fidelity

Emmanuel Garessus

2 minutes de lecture

Un dialogue constructif avec le management produit de meilleurs résultats que l’exclusion, selon les responsables du gérant d’actifs. Les pratiques ESG continuent de s’améliorer.

©Keystone

 

La saison des assemblées générales bat son plein. C’est le moment qu’a choisi le groupe Fidelity pour présenter à la presse, jeudi, ses priorités en matière d’utilisation du droit de vote lors des assemblées générales. Pour Emilie Goodall, responsable des activités de stewardship en Europe, le dialogue avec des entreprises produit de meilleurs résultats que l’exclusion lorsqu’il s’agit de respecter les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).

Le droit de vote est l’un des instruments essentiels de la politique d’engagement en faveur des meilleures pratiques ESG. La taille du groupe de gestion d’activités et sa présence sur la plupart des marchés internationaux lui assure un écho important auprès du management des entreprises, déclare-t-elle. Le droit de vote n’est pas le signal définitif d’une approbation ou d’une désapprobation d’une entreprise, mais son utilisation permet de juger de façon pragmatique le rythme des progrès entrepris, ou non, sur la voie de la durabilité, assure le gérant. En 2023, Fidelity a fait état de 1336 engagements auprès des entreprises afin d’influencer leurs pratiques ESG, selon Emilie Goodall. La grande majorité a porté sur la gouvernance d’entreprise. Sur le plan géographique, l’Amérique représente 27% des engagements, devant l’Asie hors Japon (26%), l’Europe continentale (17%) et le Royaume Uni (16%).

Fidelity souhaite que les entreprises publient leurs progrès dans la gestion du risque de déforestation et le mesurent.

Un sondage réalisé par Fidelity auprès des analystes financiers en 2024 révèle que les entreprises continuent de s’améliorer, sous l’angle de la durabilité, selon Emilie Goodall. C’est le cas non seulement au plan global mais plus particulièrement en Asie (ex Japon et Chine), au Japon et en Amérique du Nord.

L’exercice du droit de vote est un élément majeur de la politique d’engagement. Fidelity a voté négativement lors de 45% des assemblées sur au moins un sujet mis au vote en 2023, au cours de 3753 assemblées. Parmi les principales raisons de son opposition, le gérant cite des questions d’indépendance au conseil d’administration (43%), de diversité (17%), de rémunération (9%) et sur une part croissante (23%) sur les aspects environnementaux et sociaux.

Les priorités de 2024

Matthew Roberts, responsable des directives de vote auprès du groupe, explique que le contrôle des rémunérations sera l’un des points majeurs sur lequel Fidelity portera son attention en 2024. Si en 2023, l’écart de rémunération entre le management et les employés était au coeur des préoccupations, dans le contexte d’inflation, en 2024 c’est la question de la compétitivité internationale qui attire l’attention. Au Royaume Uni, l’idée d’une trop faible compétitivité de la rémunération de la direction générale par rapport à la concurrence américaine a fait l’objet de différents commentaires. Tandis que le CEO américain moyen (au sein du S&P) profite dune nette augmentation de son revenu depuis dix ans, son homologue britannique fait état d’une stabilité. Fidelity estime que les directeurs britanniques ne sont pas sous-payés par rapport aux européens.

Fidelity insiste sur l’alignement à long terme de la rémunération du management avec celle des actionnaires, sur la performance ainsi que sur la transparence du processus.

En matière environnementale, Fidelity analyse à quel point les entreprises démontrent leur capacité à surveiller les risques climatiques et présentent une stratégie d’implémentation de la transition climatique crédible. En 2023, Fidelity a voté contre 62 compagnies qui ne répondaient pas aux attentes en la matière.

La déforestation est le troisième critère mis en évidence jeudi. Fidelity souhaite que les entreprises publient leurs progrès dans la gestion du risque de déforestation et le mesurent. Fidelity présente le cas de l’Asie où des progrès sont clairement en cours. Sur le plan mondial, les pays qui révèlent les plus fortes déforestations en termes absolus sont le Brésil, l’Indonésie et la Bolivie. Les pays importateurs ont ici un rôle important à jouer, par exemple la Chine. Le sujet concerne donc l’ensemble de la chaîne de valeur.

A lire aussi...