Des technologies propres contre les déchets électroniques

AXA Investment Managers

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L’élimination écoresponsable des appareils est tout aussi cruciale que celle des plastiques. L’Australie montre l’exemple avec une micro-usine de revalorisation des matériaux extraits.

Savez-vous qu’à peine 20% de tous les appareils électroniques sont recyclés alors que la plupart d’entre eux sont tout simplement jetés aux ordures? Tout le monde parle des dégâts environnementaux causés par le plastique, mais il ne s’agit pas de la seule menace pour la vie sur Terre: le nombre de déchets électroniques, donc d’appareils défectueux ou obsolètes, augmente en effet sans cesse. «A défaut d’élimination écoresponsable, les conséquences peuvent être graves», prévient Amanda O’Toole, gestionnaire de portefeuille chez AXA Investment Managers. Un sujet à prendre au sérieux, qui préoccupe aussi de plus en plus d’entreprises. Nombre d’entre elles s’engagent déjà pour le recyclage et la réduction des déchets électroniques. Le développement de nouvelles technologies propres doit les y aider. Et les investisseurs peuvent y contribuer: «Les investisseurs qui misent sur les technologies propres peuvent participer activement à la protection de l’environnement et réaliser en plus des rendements», poursuit O’Toole. 

Croissance de la demande en articles électroniques 

L’électronique est d’ores et déjà présente dans un grand nombre d’objets quotidiens, des smartphones aux brosses à dents en passant par les bouteilles d’eau. Le progrès technique est une source inépuisable de nouvelles inventions lancées sur le marché, et la demande ne cesse de croître. Le nombre d’appareils connectés devrait ainsi atteindre 31 milliards d’ici 2020.1 Les anciens appareils doivent être soit échangés, soit éliminés. De nombreux appareils prennent alors la direction de la poubelle. «Les Nations unies produisent à elles seules 50 millions de tonnes de déchets électroniques par année. Cela équivaut à la superficie de Manhattan et 70% sont des déchets toxiques dans les décharges.2 Si nous ne faisons rien, la situation va empirer», souligne Amanda O’Toole. 

Un recyclage délicat 

Le problème croissant que représentent les déchets électroniques est notamment dû à la recyclabilité complexe des appareils obsolètes. Certains appareils complexes font appel à une soixantaine d’éléments du tableau périodique, et leur récupération est un processus souvent complexe et onéreux. La plupart des métaux précieux présents dans les appareils électroniques retournent donc sous terre. Nous enfouissons en effet un véritable trésor: en 2016, la valeur des matières premières secondaires contenues dans les déchets électroniques, par exemple l’or, l’argent, le cuivre et l’aluminium, était estimée à 55 milliards d’euros.3 «Les nouvelles technologies propres offrent aujourd’hui la possibilité de réduire cette perte et de donner une nouvelle vie à ces matières premières précieuses», continue O’Toole. 

La technique contre les déchets électroniques 

Plusieurs exemples de telles technologies existent déjà. Ainsi, l’entreprise technologique Ronin8 vise à créer une économie circulaire pour l’électronique. Elle a développé à cette fin une technologie faisant appel aux vibrations soniques et sous-marines afin de séparer les métaux des circuits imprimés sans endommager les non-métaux. Des matériaux qui seraient sinon perdus peuvent ainsi être récupérés. De plus, l’eau utilisée est recyclée afin de réduire les problèmes de pénurie d’eau à l’échelon mondial. 

Des chercheurs de l’Université de Yale ont quant à eux mis au point un procédé pour séparer les éléments des déchets électroniques à l’aide de filtres en nanotubes de carbone. Des tensions électriques différentes sont utilisées pour extraire les métaux des smartphones et tablettes. La tension est modifiée pour chaque métal. Une tension basse est nécessaire pour le cuivre, alors qu’une tension élevée est requise pour l’europium. Il est ainsi possible d’extraire tous les métaux des smartphones et tablettes. 

Le recyclage des déchets électroniques prend en outre beaucoup de place. «Mais cela pourrait bientôt changer grâce à des micro-usines. De telles installations peuvent opérer sur des terrains de 50 mètres à peine», affirme O’Toole. Une telle micro-usine a déjà été inaugurée en Australie afin de revaloriser les matériaux extraits des déchets électroniques. Les appareils électriques passent par une séries de «modules», qui les décomposent, identifient les composants et établissent la recyclabilité des matériaux, y compris les alliages métalliques et les micromatériaux. 
«Certes, nombre de ces nouvelles technologies propres en sont encore à leurs balbutiements, et la recherche sur l’adaptabilité et les perspectives de croissance n’est pas terminée. Mais nous estimons que ces technologies peuvent offrir des possibilités d’investissement intéressantes aux investisseurs», conclut O’Toole.

1 Source: Statista, appareils connectés (Internet of Things – IoT) dans le monde, de 2015 à 2025 (en milliards), en 2019 
2 Source: World Economic Forum, The world’s e-waste is a huge problem. It’s also a golden opportunity, publié le 24.01.2019  
3 Source: Suivi des déchets d’équipements électriques et électroniques à l’échelle mondiale 2017  

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