Décollage en douceur pour les obligations d’entreprises?

Christian Hantel, Vontobel

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Après la pire année jamais enregistrée pour les obligations en 2022, certains signes importants indiquent que le crédit aux entreprises est prêt à décoller.

©Keystone

Après avoir snobé les obligations l’année dernière, les investisseurs institutionnels se tournent vers le crédit aux entreprises Investment Grade, après les turbulences de l’an dernier et alors que les hausses de taux des banques centrales semblent s’approcher de la ligne d’arrivée. Cela devrait se traduire par une volatilité plus faible des taux et une plus grande stabilité des spreads de crédit.

Investir dans le crédit aux entreprises de première qualité, c’est investir dans des entreprises en bonne position pour faire face à une éventuelle récession – même en notant que la dynamique de croissance économique s’est un peu détériorée en mars face aux remous dans le secteur bancaire.

Cela dit, il reste à voir en quoi se matérialisera le ralentissement du dynamisme de la croissance. Les économies US et de la zone UE présentent encore des marchés de l’emploi assez sains pour amortir un éventuel ralentissement.

Les obligations d’entreprises devraient continuer à offrir des rendements de portage très attrayants. Nous devrions éviter l’énorme crise financière.

Les spreads de crédit se sont eux aussi à nouveau réduits et affichent, dans certains cas, des niveaux de spreads proches de la récession, offrant une deuxième couche de protection.

En outre, les investisseurs devraient garder à l’esprit que depuis la survenue de la pandémie de COVID-19 en 2020, les entreprises ont renforcé leurs bilans et sont donc en bien meilleure santé.

Nous restons optimistes quant aux obligations d’entreprises, car elles devraient continuer à offrir des rendements de portage très attrayants. Nous devrions éviter l’énorme crise financière. En effet, un coup de frein de la Fed est attendu, étant donné que le resserrement des conditions de prêt pourrait avoir le même effet qu’une hausse de taux, voire plus, comme l’a suggéré le président de la Fed, Jerome Powell.

En Europe, la BCE ne devrait plus être obligée de relever ses taux aussi fortement que prévu, puisque les turbulences bancaires en Suisse devraient réduire la pression sur l’économie de la zone UE.

En fin de compte, des banques centrales plus prudentes devraient offrir aux investisseurs des opportunités de «relative value» sur nos marchés, surtout s’ils ont raté le rallye du début d’année.

La demande d’obligations mondiales de première qualité reste forte

Les obligations d’entreprises mondiales Investment Grade des marchés développés ont connu un début d’année 2023 phénoménal, les investisseurs ayant déversé des sommes record dans les obligations d’entreprises de première qualité.

Cette tendance s’est toutefois quelque peu ralentie, vu les difficultés rencontrées par le segment des banques régionales aux Etats-Unis. Globalement, le secteur bancaire américain devrait être en mesure de résister à la volatilité observée en mars. Lorsque la volatilité aura été bien digérée, l’élargissement des spreads de crédit devrait susciter un regain d’intérêt pour le Crédit Monde. Les volumes d’émission d’obligations d’entreprises se sont révélés sensiblement plus faibles au cours du mois de mars, mais ils devraient connaître une reprise au cours des semaines à venir.

Nous ne constatons pas d’importantes activités de fusions et d’acquisitions, qui sont souvent à l’origine des révisions à la baisse des notations.

Avec des rendements et des spreads évoluant à des niveaux élevés, nous estimons que le marché présente une dispersion accrue. Les spreads de crédit ont récemment commencé à se négocier en dehors de la fourchette du quatre-vingt-dixième percentile depuis presque 10 ans et certains sous-secteurs, tels que les titres financiers par rapport aux titres non financiers, se négocient à des spreads plus larges que ceux de certaines années précédentes. Dans l’ensemble, cela devrait susciter de l’intérêt pour cette classe d’actifs à court terme, jusqu’à ce que les données macroéconomiques les plus récentes soient plus claires.

Trouver de la valeur dans le Crédit Monde noté BBB

Nous pensons que les investisseurs en crédit peuvent trouver une grande valeur et un revenu à rendement global élevé dans les obligations mondiales Investment Grade.

Notre position préférée dans les portefeuilles Investment Grade est le segment BBB, car les investisseurs ont tendance à obtenir une prime de risque attrayante, tout en sachant qu’en général les entreprises sont désireuses de maintenir leur notation ou de l’améliorer.

Une révision à la baisse de la catégorie Investment Grade vers celle du haut rendement s’accompagne généralement d’une augmentation significative des coûts de refinancement. Les entreprises ont tendance à éviter ce risque si possible et il nous incombe de nous assurer de ne pas arriver dans une situation de crédit des «anges déchus». Il s’agit d’un risque dont les investisseurs doivent être conscients. Toutefois, nous ne constatons pas d’importantes activités de fusions et d’acquisitions, qui sont souvent à l’origine des révisions à la baisse des notations.

Qui plus est, la hausse des taux et des rendements ne constitue pas un risque majeur pour les entreprises de première qualité, étant donné que le ratio de «couverture des intérêts», c’est-à-dire la capacité à payer les coupons sur l’encours de la dette, n’a jamais été aussi élevé.

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