Croissance et football: et si la France devenait championne du monde?

Philippe Waechter, Ostrum AM

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Une victoire ce dimanche ferait-elle de la France le leader de la croissance en Europe?

©Keystone

L’équipe de France de football va jouer la finale de la coupe du monde dimanche prochain à Moscou. Une victoire ferait-elle de la France le leader de la croissance en Europe? Et pour la zone euro, cela compenserait il la défaite de l’Allemagne au premier tour et le comportement décevant des Espagnols? En d’autres termes, la BCE pourrait-elle être amené à réviser son jugement sur la politique monétaire parce que Mbappé et Griezmann ont marqué pendant cette finale.

Deux questions essentielles

Il y a deux questions qui sont posées lorsque l’on s’interroge sur l’impact d’une victoire en coupe du monde sur la croissance.

La première est celle d’un changement d’allure de l’activité dans le long terme. La réponse est clairement non. En quoi une victoire, même dans un sport populaire comme le football, serait susceptible de changer dans la durée le comportement d’investissement des entreprises, d’améliorer les gains de productivité ou de changer radicalement l’arbitrage entre consommation et épargne dans le revenu des ménages? En tout cas rien de tout cela n’a été observé chez les vainqueurs des précédentes Coupes du monde. Après 1998 on ne note pas d’effet durable. Sur un plan plus général on voit que des idées sur la société «black blanc beur» ne restent pas non plus franchement inscrites dans la sociologie des français. Ce qui reste à long terme c’est l’étoile sur le maillot de l’équipe de France et un job de consultant TV pour les vainqueurs.

Probable impact positif à court terme

La seconde question est celle de l’impact de court terme. Sur ce point on a envie d’imaginer qu’une victoire puisse avoir un impact. La victoire rend plus heureux, la France a montré son talent exceptionnel, et cela peut provoquer un comportement plus festif. L’occasion peut être saisie pour sortir davantage. Si cela peut provoquer une légère inflexion à la hausse il n’y a aucune raison que cela provoque une rupture.

Une victoire peut être interprétée comme un choc positif.

Une victoire peut être interprétée comme un choc positif, contrairement à un attentat qui lui est un choc négatif. Pour un attentat, l’impact sur le long terme n’est pas perceptible et à court terme il provoque un comportement plus attentiste et craintif, les gens ne veulent pas sortir de chez eux par crainte d’un nouvel attentat. L’impact négatif sur les chiffres macroéconomiques ne sont pourtant pas franchement lisibles au-delà d’un mois voire d’un trimestre. La victoire de l’équipe de France aurait un impact symétrique mais positif.  Quelle ampleur lui donner? Lorsque les économistes font des prévisions il donne un chiffre et l’encadre d’une marge de confiance. En cas de victoire la consommation pourrait tendre vers le haut de cette marge.

Une victoire des coéquipiers d’Hugo Lloris mettrait du baume au cœur aux français. La France est toujours une grande nation et elle  existe toujours puisqu’elle a gagné la coupe du monde, mais je crois que c’est le maximum que l’on puisse attendre dans la durée.

En suivant ce raisonnement on ne peut pas non plus attendre d’effets récessifs de la déroute allemande. Ouf la BCE va pouvoir continuer son petit bonhomme de chemin.