Continuité au Japon

Daryl Liew, REYL

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Le Premier ministre japonais Shinzo Abe affrontera l’ancien ministre de la Défense Shigeru Ishiba lors des élections prévues pour le 20 septembre.

 

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe affrontera l’ancien ministre de la Défense Shigeru Ishiba lors des prochaines élections à la tête du parti LDP prévues pour le 20 septembre. Grand favori, M. Abe devrait sortir vainqueur de ce combat dans la mesure où il bénéficie du soutien de cinq des sept factions qui composent le parti, soit près des deux tiers des décideurs du LDP, ainsi que de celui des adhérents d’après les récents sondages d’opinion, ces derniers étant également habilités à voter lors de ces élections. Le fait que M. Abe soit en passe de détenir le record du plus grand nombre d’années au pouvoir pour un dirigeant japonais marque un revirement impressionnant par rapport à sa situation plus tôt dans l’année, lorsqu’un scandale lié à une affaire de vente de terrain avait fait chuter la cote de popularité de son gouvernement sous la barre symbolique des 30%, suscitant des appels à la démission du Premier ministre. M. Abe a toutefois survécu à la tempête et sa cote de popularité s’est depuis redressée progressivement pour s’établir au niveau actuel de 40%.  

Un troisième mandat se traduira par la poursuite
de la politique dite Abenomics.

Un troisième mandat se traduira également par la poursuite de la politique dite Abenomics et d’un environnement monétaire accommodant. La Banque du Japon, qui a récemment modifié sa politique d’assouplissement monétaire en juin pour permettre au rendement des obligations d’État à 10 ans de fluctuer autour de l’objectif de 0%, fera probablement l’objet de pressions politiques lorsque l’heure d’amorcer un resserrement quantitatif sera venue.

La question de la normalisation de la politique monétaire ne s’est pas posée jusqu’à présent dans la mesure où les chiffres économiques de cette année ont été globalement décevants. Toutefois, les données publiées plus récemment laissent entrevoir un redressement de l’économie. La croissance du PIB s’est établie à 0,5% au deuxième trimestre, rebondissant après une chute de 0,2% au trimestre précédent. Plus important encore, les gains salariaux ont augmenté de 3,6% sur 12 mois en juin, signe que le resserrement du marché de l’emploi commence peut-être enfin à se traduire par une croissance plus marquée des salaires, ce qui, espérons-le, relancera les dépenses des ménages. Ceci est d’autant plus important que la confiance des entreprises dans la consommation intérieure a été relativement faible. Le dernier indice Tankan non manufacturier s’est établi à +25 en août, son plus bas niveau depuis décembre 2016, même si les phénomènes météorologiques exceptionnels (inondations et vagues de chaleur) qui ont frappé le pays cet été peuvent expliquer la morosité du secteur tertiaire. En revanche, la confiance des entreprises du secteur manufacturier demeure solide, l’enquête Tankan atteignant son plus haut niveau depuis sept mois. Ce résultat est impressionnant compte tenu des préoccupations qui dominent concernant l’escalade d’une guerre commerciale susceptible de nuire aux exportations japonaises.  

Une poursuite de la réduction des liquidités continuera d’entraîner
une hausse du rendement des capitaux propres japonais.

De fait, les actions japonaises n’ont pas été à l’abri des problèmes macroéconomiques qui accablent les marchés cette année. L’indice Topix est en baisse d’environ 7% en monnaie locale et se négocie avec un ratio cours/bénéfices anticipés de 12x, soit au bas de sa fourchette sur cinq ans. En conséquence, les actions japonaises sont les moins chères parmi celles des marchés développés. Et ce, bien que les résultats des entreprises du trimestre en cours aient dans l’ensemble dépassé les attentes, les surprises à la hausse ayant dépassé les surprises baissières pour la première fois depuis deux trimestres.

Les critiques diront cependant que cette décote de valorisation est justifiée dans la mesure où le rendement des capitaux propres des entreprises japonaises est nettement inférieur aux niveaux observés dans d’autres pays. Il faut néanmoins reconnaître que cet écart s’est réduit ces dernières années, principalement en raison des réformes concernant la gouvernance d’entreprise qui ont mis davantage l’accent sur l’amélioration de la valeur pour les actionnaires. L’un des indicateurs étroitement surveillés est le déploiement des liquidités. Une poursuite de la réduction des liquidités figurant au bilan des entreprises continuera d’entraîner une hausse du rendement des capitaux propres japonais et justifiera une réévaluation positive des actions nippones. Peut-être cette amélioration constante des performances des entreprises, conjuguée à une reprise de l’économie nationale et à la stabilité politique, finira-t-elle par convaincre les investisseurs étrangers de réduire leur sous-pondération significative du Japon.