Compenswiss a tiré parti de la bonne tenue des marchés en 2019

Yves Hulmann

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Pour la suite, l’organisation dirigée par Eric Breval continuera de recourir aux instruments de couverture pour prévenir d’éventuelles déconvenues.

2019 a été une année faste pour compenswiss, le Fonds de compensation AVS/AI/APG. L’organisation qui gère les avoirs des principales assurances sociales en Suisse a tiré parti d’un environnement de marché favorable à la fois pour les marchés des actions et des obligations. Le rendement net obtenu sur la fortune de placement – qui, avec 34,8 milliards de francs, représente l’essentiel de la fortune d’ensemble gérée par compenswiss qui totalise 36,4 milliards – a affiché à fin 2019 une performance positive de 10,22% (-4,22% en 2018), soit la deuxième meilleure performance réalisée depuis la création de l’AVS en 1948. Avant couverture, le résultat des placements aurait même atteint 10,81%. Le rendement sur les liquidités a, lui, été légèrement négatif (-0,08%) mais moins qu’en 2018 (-0,24%).

Même les obligations suisses ont apporté une contribution positive.

Sans surprise, ce sont les actions, qui constituent près du quart du portefeuille, qui ont le plus soutenu ce résultat avec une contribution qui a dépassé les 5%, suivie par les obligations en monnaies étrangères (+2,8%) et l’immobilier indirect (+1,2%). A noter que même les obligations en francs suisses ont contribué de manière légèrement positive à ce résultat.

Avec un portefeuille qui est constitué aux deux tiers d’obligations en francs suisses et en monnaies étrangères, comment compenswiss appréhende-elle les risques liés à une évolution défavorable des taux à l’avenir? Eric Breval, son directeur, estime que le portefeuille de compenswiss est moins exposé à un tel risque étant donné que le Fonds de compensation recourt à des outils de protection aussi dans le domaine obligataire via un «pilotage de la duration», tout comme pour les devises (couverture de change) et les actions (couverture actions). Si compenswiss ne fait pas de pronostic sur l’évolution future des marchés, l’organisation prend en compte depuis 2017 un rendement attendu de près de 1,5%, avec de grandes fluctuations d’une année à l’autre. De toute manière, souligne Eric Breval, trouver des alternatives pour la part du portefeuille placée en obligations ne serait pas aisée, car il faudrait investir soit dans des placements plus risqués, soit des actifs illiquides. Quant aux actions, une part de l’ordre de 25% lui paraît adaptée compte tenu des contraintes qui s’appliquent à compenswiss.

Frais de gestion stables

Côté frais de gestion, compenswiss a maintenu ses coûts totaux à 0,19%, davantage qu’en 2014 (0,17%) mais nettement moins qu’en 2007 où ils se situaient encore à 0,29%. Si la part des frais dus aux droits de timbre a constamment diminué ces dernières années, principalement grâce au recours accru aux produits dérivés, les coûts externes et les frais de gestion des fonds de placement ont légèrement à nouveau augmenté depuis 2017.

Investissement durable: «Nous sommes encore au début d’un processus».

Hormis l’activité de placement proprement dite, compenswiss a souligné son engagement actif en tant qu’actionnaire. «Nous avons joué un rôle de pionnier sur plan», a estimé Eric Breval. En 2019, l’organisation a notamment participé à 103 assemblées générales de sociétés suisses, contre 81 dix ans plus tôt. Elle a par ailleurs refusé une proposition à 16 reprises et même plusieurs propositions 22 fois l’an dernier.

Autre thème incontournable du moment: la durabilité. En matière de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), compenswiss compte parmi les sept membres fondateurs de l’Association suisse pour des investissements responsables (ASIR), a souligné l’organisation. Au niveau du conseil d’administration de compenswiss, la prise en compte des critères ESG est un sujet encore en discussion, a admis Sandra Gisin, la vice-présidente. «Nous sommes encore au début d’un processus», a-t-elle indiqué.

Soutien de la Confédération

Au cours de la décennie à venir, compenswiss devra affronter un autre défi de taille, celui de l’évolution démographique et le départ à la retraite des «baby boomers». En effet, même en tenant compte de l’apport de l’ordre de 2 milliards à compter de 2020 attendu de la Confédération suite à l’acceptation de la loi fédérale relative à la réforme fiscale et au financement de l’AVS (RFFA) en mai dernier, le résultat de répartition annuel de l’AVS redeviendra malgré tout négatif à partir de 2025. Après cela, son déficit recommencera à se creuser année après année – du moins en l’absence de nouvelles réformes.

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