Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Raiffeisen Suisse CIO Office

2 minutes de lecture

La Fed a une fois de plus répondu aux attentes du marché financier. Désormais, ell doit prendre son mal en patience.

La Fed a fait sa part du travail. Comme prévu, la Banque d’émission américaine a baissé les taux directeurs pour la troisième fois consécutive cette semaine. Toute autre décision aurait constitué une très grande surprise. En effet, il est rare que l’on ait anticipé une telle baisse des taux d’intérêt de cette façon. De plus, il est rare qu’une banque centrale agisse autant en fonction des marchés financiers que ce que la Fed fait actuellement. Jerome Powell a donc fait sa part du travail. Mais la question est maintenant naturelle: comment cela va-t-il continuer?

Lors de la conférence de presse, le président de la Fed a envoyé des signaux importants à cet égard, par rapport auxquels les participants au marché pourront s’orienter à l’avenir. D’une part, la phrase «agir de manière appropriée» («to act as appropriate») a été supprimée afin de maintenir la reprise économique. L’on veut bien plus que tout dépende à nouveau des futures données macro-économiques à l’avenir. D’autre part, Powell a fourni une indication claire au sujet de l’inflation. Tant que celle-ci ne sera pas nettement supérieure à l’objectif de 2%, il n’y aura pas de hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis. L’obstacle à l’adoption prochaine d’une politique monétaire plus restrictive est donc élevé, car de tels taux d’inflation nese profilent pas à l’horizon pour l’instant.

Il semble donc que la Fed ait maintenant acheté suffisamment d’«assurances» pour être parée à la faiblesse économique actuelle. L’affinage de la politique monétaire au milieu du cycle économique – ce qu’on appelle l’ajustement de milieu de cycle ou mid cycle ad-justment – devrait désormais être achevé après trois baisses de taux d’intérêt totalisant 75 points de base et ressemble donc aux épisodes similaires de 1995 et 1998. Malgré les turbulences de la guerre commerciale et la morosité de l’industrie, l’économie américaine n’est pas si faible, du moins si l’on se fie aux chiffres. Grâce à la bonne santé de la consommation américaine, à la solidité du marché du logement et à la hausse des dépenses publiques, la croissance du PIB au troisième trimestre a finalement été très robuste, avec une hausse de 1,9% dans l’ensemble – et loin d’être une récession. Nous ne nous attendons pas non plus à ce qu’elle se produise au cours de l’année à venir. Toutefois, à 1,6%, la croissance devrait rester inférieure au potentiel. Pour la Fed, il ne devrait donc y avoir aucune raison à ce que l’on tourne la vis des taux d’intérêt dans un sens ou dans un autre. Ce ne sont pas là les pires perspectives pour les marchés financiers.

Nouvelles élections en Grande-Bretagne. Parfois, il faut plusieurs tentatives. Après quelques défaites, Boris Johnson a désormais fini par atteindre son objectif: il y aura de nouvelles élections en Grande-Bretagne avant la fin de cette année. L’opposition avait peu d’alternatives à offrir et s’est finalement inclinée. L’élection aura désormais lieu le 12 décembre – au beau milieu de l’agitation précédant Noël. L’interminable saga du «Brexit» devrait également être passionnante jusqu’à la fin de l’année. Parce que les dés sont loin d’être jetés. Le fait que Boris Johnson conduira facilement les conservateurs à une majorité et poussera ensuite le Royaume hors de l’Union européenne, est encore loin d’être joué. Mais une victoire des travaillistes, qui pourrait conduire plus tard à un second réfé-rendum et éventuellement à une sortie du «Brexit», est tout aussi improbable. Avec le nouveau parti «Brexit» et le renforcement des libéraux-démocrates, de nouveaux acteurs sont apparus et la question est trop complexe et éphémère pour faire des prévisions électorales aujourd’hui. Ce qui est certain, cependant, c’est que les nouvelles élections prévues ne conduiront pas nécessairement à une fin rapide de la partie suspendue. Un scénario constitue en effet aussi un nouveau parlement minoritaire («hung parliament»), c’est-à-dire aucune majorité suffisante pour un quelconque parti. Un tel résultat n’aiderait vraiment personne. La frustration du «Brexit» ne ferait qu’augmenter au sein de la population.

Graphique de la semaine

Si l’on en croit le calendrier boursier, le «semestre d’hiver», le plus fort de la saison, commence à présent sur les marchés des actions. Les exceptions confirment la règle – comme l’a montré l’année dernière. Mais cette année, les signes d’un petit «rallye de fin d’année» sont en effet vraiment pas mauvais. Jusqu’ici, les investisseurs ne sont pas pleinement engagés et le moral a été plutôt mitigé. Cela pourrait changer prochainement.

GROS PLAN

Le couac embarrassant de la pièce de monnaie commémorative. Le «Brexit» a une fois de plus été reporté – désormais au 31 janvier 2020. Malheureusement, le Trésor britannique a déjà frappé 3 millions d’exemplaires de la pièce commémorative du «Brexit» en date du 31 octobre 2019. Celles-ci doivent à présent être fondues. Le journal Daily Telegraph a d’ores et déjà suggéré de laisser l’emplacement de la date vierge – pour que chacun puisse y saisir soi-même la date définitive.

LE PROGRAMME

Indice «Bubble» pour l’immobilier suisse. L’indice debulle immobilière UBS pour le troisième trimestre sera publié jeudi prochain. Comme lors des trimestres précédents, celui-ci devrait refléter un risque moindre d’un effondrement du marché immobilier suisse.

A lire aussi...