Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Raiffeisen Suisse CIO Office

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L’écologie touche désormais également la navigation. L’industrie est confrontée à de grands défis en matière de nouvelles règles sur les gaz d’échappement, le Baltic Dry Index quadruple sa valeur.

Un indicateur économique déformé: Chaque semaine apporte sa dose de mauvaises nouvelles du front conjoncturel. Cette fois-ci, c’est autour de l’indice des directeurs d’achat pour l’industrie US de peser sur le moral. Affichant 49,1 points, l’important indicateur avancé est, lui aussi, en dessous du seuil d’expansion et laisse ainsi présager un (nouveau) ralentissement économique. Le prix du cuivre, à son plus bas depuis 2 ans, a également fait la une des journaux. Connue sous le nom de «Dr. Copper», cette matière première a longtemps été considérée comme le baromètre conjoncturel de l’économie, et devrait rester l’indicateur de croissance de référence - du moins pour les marchés émergents, voire la Chine. Et les prévisions sont plutôt moroses en ce moment.

Le Baltic Dry Index (BDI), un autre indicateur, moins suivi, s’oriente toutefois dans une autre direction. Indice de prix pour le transport maritime de marchandises de vrac sec, telles que le charbon, le minerai de fer et le ciment, le BDI est, lui aussi, considéré comme un «indicateur économique mondial», sachant que ces produits sont utilisés au début du processus de production. L’indice a progressé de près de 300% depuis février. L’économie se porte-t-elle donc si bien que ça? La réponse n’est pas aussi simple. Comme souvent, l’interaction entre l’offre et la demande suscite à l’heure actuelle des tarifs élevés du fret.

La demande pour la route maritime Brésil-Chine a fortement augmenté en juillet, après que Vale, producteur brésilien de minerai de fer, ait réactivé ses mines en début d’été après un arrêt de plusieurs mois. Côté offre, l’écologie fait à son tour pression sur les capacités des navires. En effet, les cargos partout dans le monde pourront uniquement utiliser des carburants qui ne contiennent nettement moins de soufre, dès 2020. La valeur limite sera de 0,5% au lieu de 3,5%. Les armateurs misent sur des systèmes de purification de gaz d’échappement, appelés scrubbers, afin d’atteindre cet objectif. L’armateur MSC, dont le siège est à Genève, souhaite par exemple en équiper plus de 200 navires. Il y aura donc moins de cargos sur les mers, sachant que les navires doivent aller en cale-sèche. Les optimistes de la conjoncture se voient donc (malheureusement) déçus. En effet, la forte hausse du Baltic Dry Index est moins la lueur d’espoir tant attendue au bout du tunnel conjoncturel, que le signe d’une perturbation dans le transport maritime.

Une «récession technique» dans le rétroviseur: La conclusion des chiffres sur le PIB suisse, publiés jeudi, est évidente: la Suisse ne peut pas échapper au ralentissement global de la croissance. Outre les nouveaux chiffres de l’économie, le SECO a également annoncé des révisions pour les trimestres précédents. Selon le communiqué de presse, l’économie suisse était dans une «récession technique» au second semestre 2018; autrement dit, elle affichait un taux de croissance (légèrement) négatif deux trimestres de suite, si on n’extrapole pas l’effet négatif des revenus de licences obscures, générés par les grandes manifestations sportives. Le SECO a donc également présenté une alternative «corrigée des grands événements sportifs», plus réjouissante

Or, cela ne peut pas cacher le fait que la dynamique sous-jacente est plutôt molle, en particulier dans l’industrie. En effet, la hausse de la production dans le secteur pharmaceutique est la principale explication des chiffres de la croissance pour le deuxième trimestre (+0,3%), en apparence solides. Dans l’ensemble, le taux de croissance n’était que de 0,9%, par rapport à l’année précédente, alors que nous prévoyons un taux de croissance d’1,2% pour l’ensemble de l’année 2019. Nous serions donc obligés de le revoir à la baisse, en raison des indicateurs avancés, faibles jusqu’ici.

Graphique de la semaine

Incertitude géopolitique, indices d’un ralentissement de la croissance économique toujours plus importants, nouveaux records à la baisse presque quotidiens des rendements obligataires - une aubaine pour la hausse des prix des métaux précieux. L’argent, fluctuant fortement en général, a relégué l’or en seconde position et augmenté de plus de 30% à lui seul depuis début juin. Mais l’air se raréfie, à court terme.

Gros plan

L’Argentine contrôle désormais la circulation des capitaux. Le but est d’éviter un effondrement de l’économie. Les agences de notation S&P, Moody’s et Fitch ont déjà tranché et abaissé le pays à «défaut sélectif». Entretemps, les obligations d’Etat argentines à 100 ans ne cotent plus qu’à environ 40% de leur valeur nominale.

Le programme

Coup d’envoi du QE 2.0 de la BCE? La BCE lancera toute une suite d’importantes réunions la semaine prochaine. On attend avec impatience de voir si les colombes et les faucons auront trouvé un accord sur un important train de mesures en coulisse. Nous tablons au moins sur une baisse des taux de -0,5%.
 

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