Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Raiffeisen Suisse CIO Office

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Les attentes sur les taux d’intérêt se sont inversées ces derniers mois: il y a peu, elles s’envolaient, mais maintenant, elles sont très basses. Les prochaines baisses de taux sont-elles pour bientôt?

Le temps le dira: les marchés financiers sont en mouvement perpétuel, certes, mais parfois ils accélèrent de manière inopinée. L’automne dernier encore, le marché s’attendait à ce que la Fed augmente en 2019 les taux directeurs de 75 points de base par rapport aux prix des opérations à terme. Aujourd’hui, neuf mois plus tard, les attentes se sont complètement inversées. En effet, on prévoit deux baisses de taux d’ici à la fin de l’année. La probabilité que les taux fléchissent à 2,25% fin juillet, lors de la réunion de la Fed, est récemment grimpée à 65%. Les banquiers centraux américains étaient toujours à la traîne des attentes du marché ces derniers mois, tant au niveau rhétorique qu’en matière de prévisions. Jerome Powell a souligné maintes fois sa «patience» au regard de la faible inflation mais cette semaine, il a utilisé une nouvelle expression. En effet, le chef de la Fed a dit qu’il songeait agir de manière appropriée («act as appropriate») afin de stimuler la reprise économique. Le nouvel adage permet aux participants du marché de l’interpréter à leur guise. Toujours est-il que Powell s’est donc gentiment aligné aux propos des autres membres de la Fed, qui avaient ouvertement parlé de «baisse des taux» préparant ainsi encore un peu plus la voie pour qu’ils rechutent prochainement. Et ce sera chose faite si le marché n’enregistre pas de nouvelle embellie. 

Rien de nouveau de Francfort/Vilnius: la BCE n’a guère eu le choix cette semaine que d’aller dans le sens conciliant des collègues d’outre-Atlantique. Pas étonnant avec la guerre commerciale qui bat son plein et se propage sur plusieurs fronts, le net recul inattendu de l’inflation en mai et les données de l’industrie qui ne s’arrangent guère. Le comité directeur de la BCE, qui s’était réuni cette fois-ci dans la capitale lituanienne, n’avait donc pas mal interprété les bons chiffres de croissance annoncés au premier trimestre. En effet, les risques conjoncturels prédominent. C’est pourquoi, les TLTRO, c’est-à-dire les conditions applicables aux nouveaux crédits à long terme, sont plutôt favorables aux banques européennes. Et les prévisions de la croissance et de l’inflation, passées en revue pour l’année prochaine, n’ont donc guère surpris personne. Vu les intérêts débiteurs de -0,4%, on pourrait penser que Mario Draghi n’a plus (vraiment) de moyen de baisser les taux encore plus. Lors de la conférence de presse, il a toutefois évoqué le fait que certains membres de la BCE envisageaient cette possibilité. Draghi était resté évasif reportant l’idée d’une inversion des taux. Or maintenant, l’événement semble se rapprocher pour se produire à l’été 2020 au plus tôt. 

Que fait la Banque nationale suisse? Les banquiers centraux à Zurich, qui se réuniront jeudi prochain pour leur réunion trimestrielle, n’ont pas non plus beaucoup de choix. Avec -0,75%, le taux directeur de la BNS est le plus bas au monde. Un taux encore plus négatif ne serait pas seulement mal vu auprès de la population, mais risque d’éprouver un certain nombre de banques. Reste à savoir si l’instrument de la politique monétaire est vraiment à bout de souffle. Le président de la BNS, Thomas Jordan, avait déjà laissé entendre sa version des choses, ces dernières semaines. En effet, les courbes des prix à terme relatives au taux directeur suisse dévoilent d’ores et déjà une probabilité de 50% pour une baisse des taux d’ici à mars 2020. Mais il semblerait qu’au final, la BNS ne bouderait pas complètement une nouvelle vague accommodante de la politique monétaire mondiale. Pour le moment, il est encore trop tôt pour un tel scénario, pourtant impensable, il y a peu. La semaine prochaine, on entendra sans doute à nouveau que la BNS considère le franc suisse comme surévalué. D’un point de vue géopolitique, c’est presque la seule valeur fiable à l’heure actuelle.

Graphique de la semaine

Aux USA, les taux des obligations d’Etat ont récemment fléchi en termes de rendement sur dividendes des actions. Même si les deux catégories de placement n’ont pas le même profil de risque, les titres sur dividendes sont devenus plus attrayants pour les investisseurs axés sur le long terme. En Suisse, l’avantage relatif des actions par rapport aux obligations est encore plus important.

Gros plan

Le «tariff man» refait parler de lui.  Dès le 10 juin, les USA prélèveront des droits de douane de 5% sur toutes les importations en provenance du Mexique. Si l’immigration illégale n’est pas stoppée, la «pénalité» sera de 25% d’ici octobre. 

Les géants de la technologie dans le collimateur des autorités. Les organes américains chargés de la concurrence veulent vérifier si Alphabet (Google), Amazon, Apple et Facebook portent préjudice à la compétitivité du marché en abusant de leur domination.

Le programme

Faire le pont. Le lundi de Pentecôte, les bourses de Zurich et Francfort seront fermées. Les courtiers devraient aussi profiter du temps ensoleillé.

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