Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Raiffeisen Suisse CIO Office

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La Banque centrale européenne est en quête de (nouveaux) leviers de politique monétaire, et pourrait se servir dans l’arsenal de la BNS pour étoffer sa boîte à outils.

La Banque centrale européenne en quête de nouveaux instruments. La réunion de la Banque centrale européenne (BCE) aurait dû être l’un des rendez-vous les moins pertinents du calendrier. En effet, les gardiens de la monnaie auraient déjà anticipé la réunion annuelle du Fonds monétaire international (FMI) à Washington, et Mario Draghi, président de la BCE, semblait avoir tout annoncé en mars ce qu’il pouvait en matière de politique monétaire: d’une nouvelle injection de liquidités, en passant par le report d’une première hausse des taux l’année prochaineà la première date possible, jusqu’à une baisse – presque drastique, pourrait-on dire-des prévisions de croissance et d’inflation pour la zone euro.

Les nouvelles cette semaine étaient donc plutôt minces. Or, les discussions foisonnaient en coulisse. Un sujet en particulier – l’échelonnement des taux d’intérêt négatifs – a alimenté les conversations. Draghi avait lui-même porté l’idée à l’ordre du jour, en annonçant que la BCE recherchait des mesures permettant d’atténuer les effets négatifs des taux d’intérêt négatifs. L’idée en soi n’est pas nouvelle. En effet, les banques suisses ne sont pas contraintes à verser des pénalités à la Banque nationale suisse (BNS) dès le premier franc, mais uniquementà partir d’un montant exonéré d’au moins dix millions. Or, la BCE avait rejeté cette idée il y a cinq ans, lorsqu’elle avait abaissé le taux de dépôt sous les zéro pour cent. Les banques de la zone euro doivent donc verser environ 7,5 milliards d’euros à Francfort pour l’excédent de liquidités de près d’1,9 billion d’euros qu’ils ont déposé auprès de la BCE.

Détracteurs et partisans d’un échelonnement des taux d’intérêts négatifs se succèdent au sein de la BCE. Certes, ce dernier compliquerait davantage la politique monétaire, privilégiant les banques avec un certain modèle d’affaires plutôt que d’autres. Sachant qu’elle a presque épuisé tous les instruments monétaires de sa boîte à outils, la BCE pourrait envisager, au final, d’échelonner les taux d’intérêt négatifs. Ils signaleraient une phase de taux d’intérêt négatifs plus longue et pourraient donner lieu à des taux encore plus faibles, en cas d’urgence.

Les investissements suisses à un niveau record en Allemagne. Le commerce extérieur suisse avec l’Allemagne prospère. Chaque jour, des marchandises d’une valeur de 400 millions de francs franchissent la frontière des deux côtés. Au total, le volume des échanges commerciaux a augmenté de 4,6% l’an passé, et se chiffre à près de 98 milliards de francs. Les échanges commerciaux avec l’Allemagne égalisent donc presque ceux avec la France, l’Italie et la Chine combinés. A noter toutefois le chiffre impressionnant de dix milliards d’euros – soit le volume d’investissements suisses en Allemagne, principalement dans les participations d’entreprises et des filiales allemandes – selon les indications de la Chambre de commerce Suisse-Allemagne pour 2018.

Le chiffre représente le double de l’année précédente. Les raisons de cet engagement sont nombreuses: une position plus forte sur le marché allemand, des réductions de coûts soit via des coûts salariaux unitaires, soit au moyen de sources d’approvisionnement moins coûteuses. Or, la plus grande motivation d’investir à l’étranger est souvent la quête d’un pilier sûr (du point de vue juridique) dans la zone euro. En effet, si la Suisse risquait de ne pas signer l’accord cadre difficilement négocié avec Bruxelles, elle se verrait confrontée à des barrièrescommerciales et à un fléchissement de sa crois-sance à long terme. Par ailleurs, le coût d’homologation des produits suisses dans l’UE augmenterait considérablement, en l’absence d’un renouvellement de l’accord sur la suppression des obstacles techniques au commerce.

Graphique de la semaine

Le marché de l’emploi US a créé 196’000 nouveaux postes en mars – soit plus que les prévisions des observateurs. Les faibles chiffres de février (33’000) n’étaient donc qu’un «accident» après coup. Le marché de l’emploi connaît donc une dynamique depuis plus de 100 mois sans interruption, et reste un pilier solide de la conjoncture US.

GROS PLAN

La Fed dans le collimateur de Donald Trump. Le président américain critique la Fed depuis longtemps, et souhaite à présent marquer son empreinte sur la politique monétaire. D’où sa nomination de Stephen Moore et Herman Cain, deux amis avérés d’une politique monétaire plus accommodante, au directoire de la Fed. Or, le Sénat doit encore confirmer ses deux candidats.

LE PROGRAMME

Trêve de Pâques. Les données concernant la croissance, la production industrielle, le commerce de détail et les inves-tissements dans les biens d’équipement en Chine seront publiées mardi prochain. Par ailleurs, Pâques approche à grands pas. Nous marquerons donc une pause et publierons le prochain numéro du «Commentaire sur le marché» le 26 avril prochain.

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