Chine: moins d’opportunités directionnelles

Philippe Ferreira, Lyxor Asset Management

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L'alpha reste vulnérable à l'évolution des politiques. L’endettement élevé des entreprises requiert une gestion des risques minutieuse.

En Chine, les données économiques dépeignent une croissance durable, bien que toujours déséquilibrée et stagnante. Le pays reste tiré par l'industrie manufacturière et les exportations, tandis que la consommation est à la traîne.

Les efforts de désendettement ciblé et de réforme déployés par Pékin commencent à payer. Ils portent essentiellement sur la dette des entreprises, l'immobilier et les géants de l'Internet et de la technologie financière, ainsi que, plus récemment, sur l'accès des particuliers aux produits d'investissement liés aux matières premières.

Il semble peu probable que les autorités aillent trop loin dans leur resserrement, mais la croissance sera plafonnée. Les actions chinoises semblent avoir atteint leur point bas après avoir subi une forte correction. Toutefois, au-delà d'un rebond technique, les actions pourraient évoluer dans une fourchette, bridées par une actualité économique mitigée et des valorisations justes.

Des opportunités moins directionnelles, mais l'alpha s'améliore

L'exubérance affichée par le marché en début d'année s'est atténuée, ce qui se traduit par un environnement plus propice à la sélection de titres. La structure du marché a sensiblement changé, avec une cyclicité sectorielle réduite et en évolution. L'allégeance traditionnelle des secteurs aux taux, à la devises et aux facteurs quantitatifs a également perdu en importance. En outre, la part des rendements boursiers découlant de facteurs idiosyncratiques a grimpé en flèche.

Les expositions aux facteurs quantitatifs ne semblent pas constituer des moteurs d’allocation clés.

Toutes ces tendances sont compatibles avec une meilleure prise en compte des fondamentaux dans les cours et un ensemble de thèmes plus diversifiés et moins corrélés, dans un contexte de valorisations plus abordables.

Des gérants dynamiques dans leurs expositions

Dans le sillage des annonces relatives aux vaccins, ils avaient privilégié les titres offshore et les valeurs axées sur les exportations, avant de se tourner vers les actions sensibles à la demande intérieure au début de l'année, notamment dans les secteurs de la santé et de la distribution. Tout en conservant un positionnement long, les gérants s'intéressent à présent de nouveau aux valeurs sensibles à la demande extérieure (compte tenu des contraintes pesant sur la demande intérieure) et investissent dans des secteurs où les mesures de relance devraient perdurer, à l'instar des infrastructures.

Ils ont également revu à la hausse, dans une certaine mesure, la pondération des entreprises exposées aux nouvelles tendances de consommation et des actions chinoises cotées à l'étranger. Dans le même temps, ils ont régulièrement abaissé leur exposition à la technologie, en proie aux tensions sino-américaines et aux initiatives anti-monopole. Les expositions aux facteurs quantitatifs ne semblent pas constituer des moteurs d’allocation clés.

Dans l'ensemble, les gérants ont généré un alpha modeste depuis le début de l'année et ont bien résisté durant la correction. La corrélation élevée et la dispersion moyenne des performances des gérants suggèrent un positionnement relativement homogène, marqué toutefois par des pondérations différenciées.

De nombreux thèmes procurent des catalyseurs, notamment la transition vers un modèle économique fondé sur la consommation au détriment des exportations.
Des tendances structurelles soutiennent l'alpha en Chine

Premièrement, l’accès facilité au marché chinois et le poids accru du pays dans les indices d’actions émergentes et internationales devraient continuer d'attirer des flux.

Deuxièmement, la profondeur de ce marché, essentielle pour créer de l’alpha, est elle aussi appelée à s’améliorer encore à la faveur d’un ensemble plus diversifié d’entreprises, de types d’investisseurs et d’opérations sur titres. De surcroît, les inefficiences des bourses onshore permettent toujours de procéder à des arbitrages.

Troisièmement, de nombreux thèmes procurent des catalyseurs, notamment la transition vers un modèle économique fondé sur la consommation au détriment des exportations, l’urbanisation rapide, la montée en puissance de leaders de l’innovation dans les technologies et dans d’autres secteurs, le vieillissement de la population, la transition verte ou encore l’amélioration de la gouvernance d'entreprise.

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