C’est reparti pour un tour?

Nadège Dufossé, Candriam

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Une amélioration des données macro et une réduction du risque politique inciteraient à réexaminer la possibilité d'accroître les risques.

D'un point de vue stratégique, nous restons modérément optimistes vis-à-vis des actions par rapport aux obligations et nous prévoyons une hausse des marchés des actions cette année, ainsi que des objectifs plus élevés en ce qui concerne les taux allemands et américains en fin d'année. Toute amélioration des données macroéconomiques associée à une diminution du risque politique nous inciterait à réexaminer la possibilité d'accroître notre exposition aux actifs risqués.

Stratégie multi-actifs mondiale

L'année 2018 s'est terminée dans la douleur, avec un effondrement des attentes en matière de croissance et d'inflation, des difficultés économiques imprévues et une débâcle des marchés mondiaux. Autrement dit : le parfait cauchemar pour tout investisseur. Mais le premier trimestre 2019 s'est imposé comme l'un des meilleurs de ces dix dernières années. Les craintes ont laissé place à un regain d'optimisme face à la décision des banques centrales de marquer une pause dans leur politique de normalisation des taux suite à l'embellie des relations commerciales internationales et aux signes indiquant un arrêt de la spirale baissière dans laquelle se trouvaient les données macroéconomiques. Le moment est-il venu de remettre le pied à l'étrier ? Oui, mais seulement en adoptant un parti pris régional.

Prises de positions tactiques

Aux États-Unis, les principaux indicateurs sont rassurants. La probabilité qu'un accord commercial avec la Chine soit enfin conclu est croissante. En ce qui concerne les actions, bien que le marché continue de présenter un certain potentiel de hausse, les niveaux de valorisation se sont redressés plus rapidement et sont à présent moins attrayants que ceux des autres régions dans la mesure où ils se situent autour de leur moyenne historique. Les attentes en matière de croissance des bénéfices ont été ramenées à environ 3-4 % et les bénéfices du premier trimestre 2019 devraient être (dans le meilleur des cas) stables.

Au sein de la zone euro, les facteurs suivants nous semblent prometteurs :

  • signes indiquant que les données macroéconomiques amorcent un redressement,
  • repli actuel de l'euro, ce qui devrait soutenir l'économie,
  • marge laissée par les investisseurs qui se désengagent des marchés, le consensus étant à la sous-pondération

Les investisseurs ont tremblé l'an passé et ont préféré se retirer, mais le marché n'est pas rancunier et bien que le risque politique constitue un obstacle majeur pour les actifs européens et que le flou le plus total reste entretenu quant à l'échéance du « Brexit », les valorisations sont moins élevées et le potentiel de rattrapage est bien présent. La gourmandise peut avoir du bon lorsqu'il s'agit d'investir. Par conséquent, nous privilégierons les actions de la zone euro par rapport aux actions européennes hors zone euro tout en restant neutres sur l'ensemble des actions européennes.

Au sein des marchés émergents, la Chine a engagé un plan de relance colossal en faveur de son économie intérieure. Il s'agit là d'un facteur clé pour l'ensemble de la région, où l'on observe un net regain d'optimisme. La valorisation du marché des actions est attrayante. L'attitude conciliante de la Fed constitue un atout supplémentaire et les investisseurs sont restés fidèles à la région tout au long des turbulences qui ont marqué 2018, attirés par son potentiel de croissance, les niveaux de valorisation moins élevés et le rapport rendement/risque attrayant.

Nous avons maintenu notre exposition globale aux actions mondiales à un niveau tactiquement neutre. Toutefois, dans le cadre de cette exposition, nous remettons le pied à l'étrier par le biais des marchés émergents par rapport aux États-Unis. Nous continuons de privilégier la zone euro par rapport à l'Europe hors zone euro. Notre exposition aux actions japonaises reste inchangée. Le Japon est en retrait en termes de performances et d'amélioration des valorisations et pourrait rattraper son retard dès que la situation s'améliorera sur le plan des relations internationales et que la croissance mondiale retrouvera de la vigueur.

Notre exposition obligataire reste stable. Nous continuons de sous-pondérer la duration dans la mesure où nous prévoyons toujours une légère hausse des taux, tout au moins aux États-Unis. Nous diversifions notre exposition via la dette des marchés émergents et les titres de créance à haut rendement.

Convictions stratégiques

D'un point de vue stratégique, nous restons modérément optimistes vis-à-vis des actions par rapport aux obligations et nous prévoyons une hausse des marchés des actions cette année, ainsi que des objectifs plus élevés en ce qui concerne les rendements allemands et américains en fin d'année. Toute amélioration des données macroéconomiques associée à une diminution du risque politique nous inciterait à réexaminer la possibilité d'accroître notre exposition aux actifs risqués.

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