Baisse des prévisions aux Etats-Unis

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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La croissance US devrait se maintenir à 1,8% au 4e trimestre. Le Royaume-Uni s’achemine vers une nouvelle prolongation du délai de sortie de l’UE.

©Keystone

Les dernières statistiques confirment notre opinion selon laquelle l’économie américaine aurait ralenti jusqu’à un rythme de croissance du PIB d’environ 1,8% au troisième trimestre, ce qui correspond à peu près à son potentiel. Nous pensons qu’il devrait rester à ce niveau au quatrième trimestre. Même si les chiffres publiés ces dernières semaines se sont révélés plutôt mitigés, les marchés financiers ont bien réagi dans l’ensemble car leurs attentes avaient été revues en baisse, comme le montrent également les projections de croissance du consensus, qui ont convergé vers nos propres estimations, relativement prudentes. Les investisseurs ont apprécié en outre le ton plus conciliant adopté dans l’affrontement commercial sino-américain (reprise des pourparlers, report de la hausse des droits de douane). Nous doutons toujours, néanmoins, que les questions les plus épineuses de ce conflit puissent beaucoup progresser. Le moral de l’industrie manufacturière reste bien bas et la confiance des ménages ne s’est pas améliorée parallèlement à la remontée de la Bourse. D’autres enquêtes dénotent des améliorations, en particulier l’indice ISM non manufacturier, mais sans entraîner à ce jour une relance des embauches. La croissance de l’emploi s’est stabilisée à environ 150’000 par mois, non loin du seuil de 115’000 qui empêche le taux de chômage d’augmenter.

L’inflation annuelle sous-jacente
progressera sûrement jusqu’au premier trimestre 2020.

Nous savions que l’inflation sous-jacente augmenterait au second semestre, mais les derniers chiffres ont pulvérisé nos attentes. Ces trois derniers mois, l’indice corrigé des variations saisonnières a crû de 3,4% en base annuelle, du jamais-vu depuis 2006. C’est en partie le contrecoup de faiblesses antérieures qui ne doit pas être extrapolé, mais l’inflation annuelle sous-jacente et publiée (mue aussi par les nouveaux droits de douane) progressera sûrement jusqu’au premier trimestre 2020.

En route vers des législatives au Royaume-Uni?

La spectaculaire reprise en main du Brexit par le Parlement a conforté notre opinion selon laquelle le Royaume-Uni s’acheminerait vers une nouvelle prolongation du délai de sortie, avec des élections législatives au quatrième trimestre. La probabilité d’un accord avant le 31 octobre nous semble plutôt mince en l’absence de solution convaincante au problème de la frontière irlandaise et sachant que le projet de loi déposé par les députés paralyse la capacité de négociation de Boris Johnson. Une sortie sans accord le 31 octobre est donc très peu probable selon nous. 

Les pressions inflationnistes que sont la hausse des prix du pétrole
et l’accélération de la croissance des salaires restent présentes.

La popularité de Boris Johnson a profité du désaccord entre le gouvernement et le Parlement, avec un parti conservateur en tête des sondages. En cas d’élections législatives, et si conservateurs et parti du Brexit choisissent de travailler ensemble à une sortie sans accord face à une opposition plutôt fragmentée, cette option reste ouverte. Paradoxalement, une menace crédible de «no deal» augmenterait les chances d’une issue positive puisque l’accord resterait la solution privilégiée des deux côtés de la Manche. Comme nous attribuons actuellement à la sortie sans accord une probabilité de 45% environ, toutes nos prévisions s’appuient sur un scénario positif. Cette lourde incertitude continuera néanmoins de peser sur la performance économique du Royaume-Uni.

L’inflation d’août fut très éloignée des prévisions, puisqu’une faiblesse généralisée de toutes ses composantes a porté l’inflation totale à 1,7%. Nous pensons toutefois qu’elle reviendra vers l’objectif ces prochains mois sachant que les pressions inflationnistes que sont la hausse des prix du pétrole et l’accélération de la croissance des salaires restent présentes. La progression des salaires a d’ailleurs atteint un pic cyclique de 4% qui s’explique par un marché du travail étonnamment tendu.

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