Baby-boomers à la retraite: casse-tête pour la Fed

Frank Rybinski, Aegon Asset Management

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Le départ à la retraite des baby-boomers constituera encore longtemps un problème pour la Fed. Il impacte l’inflation et le marché du travail.

L'accélération du départ massif à la retraite de la génération des baby-boomers donnera du fil à retordre à la Réserve fédérale américaine (Fed), puisqu’elle attise l'inflation et crée une pénurie sur le marché du travail. L'impact de ce changement démographique, que l'on appelle sur le marché du travail le «tsunami gris», ne peut pas être ignoré. Alors que les baby-boomers les plus âgés ont eu 65 ans en 2011, ce n'est que ces dernières années – accélérées par la pandémie – que nous en avons vu un nombre considérable quitter effectivement la vie active. Le récent recul de la main-d'œuvre reflète moins l'évolution des conditions économiques et du marché du travail que le départ accéléré des baby-boomers.

En l'absence d'immigration ou d’optimisation de productivité pour combler cet écart, le marché du travail américain continuera à souffrir de pénurie de main-d'œuvre, ce qui a été un moteur important de l'inflation persistante et a compliqué les efforts de la Réserve fédérale pour rétablir la stabilité des prix. La pandémie a entraîné un déplacement important de l'offre de main-d'œuvre dans l'économie américaine, mais ce déplacement ne semble s'être maintenu durablement que dans un seul groupe d'âge, celui des plus de 65 ans.

Une population active plus faible ne contribue pas seulement à l'inflation salariale à court terme, mais pourrait également freiner la croissance économique future.
La pandémie semble avoir provoqué un décalage dans la population active

Le choc initial a entraîné une diminution de la population active de près de 10 millions de personnes âgées de 16 ans et plus, dont seule la moitié est revenue dans les années qui ont suivi. Depuis l'été 2020, le nombre de personnes inactives aux États-Unis oscille constamment autour de 100 millions, ce qui est bien supérieur à la moyenne de 95 millions enregistrée au cours des cinq années précédant la pandémie. Toutefois, la baisse de la participation au marché du travail se limite presque exclusivement au groupe d'âge des plus de 65 ans. Le groupe d'âge des 16-64 ans a compensé la plupart des 7 millions de personnes qui ont quitté leur vie active au plus fort de la pandémie.

En décembre 2022, le nombre de personnes entre 16 à 64 ans inactives n'était plus que d'environ 300'000 par rapport à décembre 2019. Cela signifie que le décalage des chiffres globaux est tiré par le groupe d'âge 65+. Ces résultats sont cohérents avec la «pénurie structurelle de main-d'œuvre» évoquée par Jerome Powell lors de sa conférence de presse de décembre dernier. Powell a cité les «départs à la retraite accélérés» comme étant la principale cause de la pénurie actuelle, la baisse de l’immigration et le Covid-19 jouant également un rôle important.

Une population active plus faible ne contribue pas seulement à l'inflation salariale à court terme, mais pourrait également freiner la croissance économique future, à moins qu'une augmentation de la productivité ou une immigration ne survienne – ce qui n'est pas du ressort de la Fed.

Avec 10’000 individus qui atteignent 65 ans chaque jour, les changements démographiques décrits ci-dessus ne montreront aucun signe de ralentissement d'ici la fin de la décennie. Les baby-boomers, qui prennent désormais leur retraite en masse, continueront à poser de nouveaux défis politiques à la Réserve fédérale américaine si son objectif est de ramener l'inflation vers sa fourchette de 2%.

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