Après le COVID-19: en quête d'opportunités à long terme

Philippe G. Müller, UBS

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Cette crise pourrait inciter de nombreuses entreprises à privilégier désormais une production locale et le monde sera davantage numérique.

La semaine dernière, les actions mondiales ont achevé sur une bonne note, portées par des informations suggérant que le médicament antiviral Remdesivir donne des signes d'efficacité dans le traitement du COVID-19. Aux Etats-Unis, le président Trump a de son côté esquissé les contours d'un plan visant à redémarrer progressivement l'activité économique.

La valorisation des marchés d'actions semble désormais refléter une issue à la crise du COVID-19 à mi-chemin entre le scénario central et l’option optimiste de la Recherche d’UBS. Néanmoins, il n'est pas encore certain que ce scénario optimiste se vérifie. D'où une préférence pour les stratégies défensives et sélectives sur les marchés d'actions, dont les stratégies sur options de type «risk reversal», qui confèrent une exposition à la hausse des marchés tout en limitant l'exposition à la baisse.

Les investisseurs seront obligés de réduire le poids
des obligations et des instruments monétaires dans leur portefeuille.

Les investisseurs ont également une belle occasion de se positionner sur des titres qui devraient surfer sur des tendances séculaires et qui, pour certaines d'entre elles, s'accélèrent en raison de la pandémie. Un certain nombre de bouleversements structurels – une dette plus lourde, un recul de la mondialisation et l'essor du digital – survivront à la crise sanitaire.

La planification financière: essentielle

Pour financer la dette de plus en plus élevée des Etats, il faudra probablement augmenter les impôts mais aussi orchestrer une répression financière et un léger regain d'inflation. Ces deux derniers éléments reviendront concrètement à ponctionner les épargnants prudents, ce qui obligera les investisseurs à réduire le poids des obligations et des instruments monétaires dans leur portefeuille. 

Pour diversifier ce dernier, ils pourront recourir (entre autres) à des stratégies sur options (pour ceux qui le peuvent), à des stratégies d'allocation dynamique, ainsi qu'aux actifs non cotés. Sans oublier des actifs tels que l'or et les titres du Trésor américain indexés sur l'inflation (TIPS) qui, de surcroît, peuvent permettre de se couvrir contre un éventuel regain d'inflation. 

La possible augmentation de la pression fiscale, conjuguée à la volatilité marquée sur les marchés financiers, rendra la planification financière et l'emploi de stratégies visant à récupérer des pertes fiscales encore plus importants.

La production locale

Par ailleurs, un recul de la mondialisation est à prévoir. Les pandémies ont tendance à alimenter la xénophobie et il faut s'attendre à une montée du populisme et du protectionnisme. Dans un monde moins interconnecté, les pays connaîtront des sorts différents et, pour les investisseurs, cela renforcera l'importance d'une diversification de leur portefeuille à l'échelle mondiale. 

Les entreprises spécialisées dans l'automatisation et la robotique
devraient enregistrer une demande plus forte.

Néanmoins, cette tendance créera également des opportunités. La quatrième révolution industrielle permet de relocaliser la fabrication, mais ce mouvement tarde à se concrétiser en raison du coût de l'investissement dans une infrastructure locale. 

Toutefois, la crise du coronavirus a mis en évidence la nécessité de disposer d'une chaîne d'approvisionnement solide et intervient peu après une période de tensions commerciales accrues entre les Etats-Unis et la Chine. Par conséquent, cette crise pourrait inciter de nombreuses entreprises à privilégier désormais une production locale, et non plus mondiale. Les entreprises spécialisées dans l'automatisation et la robotique devraient enregistrer une demande plus forte.

Davantage de digitalisation

Enfin, le monde sera davantage numérique. Les mesures de confinement ont obligé de nombreux consommateurs et de nombreuses entreprises à changer fondamentalement leur façon d'acheter et de vendre des biens et des services. Lorsque la crise sera terminée, il est possible que les consommateurs ne reviennent pas totalement vers les magasins physiques, ce qui profitera aux entreprises spécialisées dans le commerce électronique et les technologies financières. 

 Les thérapies géniques et l'oncologie sont d'autres domaines connexes
où l'on peut entrevoir des opportunités d'investissement significatives.

Exhortés à améliorer la qualité et l'efficacité de la prestation de soins de santé, les responsables politiques se tourneront probablement vers les technologies médicales (avec des innovations comme la télémédecine et les logiciels de gestion de la santé publique), ce qui créera de nouveaux débouchés pour les entreprises spécialisées dans les technologies de l'information axées sur la santé. 

Les thérapies géniques et l'oncologie sont d'autres domaines connexes dans lesquels on peut entrevoir des opportunités d'investissement significatives. Les thérapies géniques sont susceptibles d'améliorer sensiblement l'efficacité de la prise en charge des malades. Et dans la mesure où les nouveaux cas de cancer devraient augmenter deux fois plus vite que la population mondiale jusqu'en 2040, le marché des traitements oncologiques devrait enregistrer une croissance légèrement supérieure à 10% par an.

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