2018, un remake de 2005?

Anne Barrat

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En 2018 comme en 2005, la théorie économique pourrait être contredite, qui prévoit une corrélation entre taux courts et taux longs.

Après la correction récente, une question taraude les investisseurs: 2018 sonnera-t-elle le glas du cycle qui dure depuis la fin de la crise financière de 2008?

Non, répond le directeur de la stratégie de la banque J. Safra Sarasin Jan Amrit Poser, également Head of Sustainable Research. Les marchés actions, en particulier, présentent d’excellentes opportunités d’investissement, à condition d’être vigilant. 2018 se présente sous des auspices qui, par bien des aspects, rappellent la situation de l’année 2005. Comme en 2005, les indicateurs macro-économiques sont favorables de manière synchronisée dans le monde, marchés émergents compris: le chômage est en baisse, sinon à son niveau plancher aux Etats-Unis (4%); la croissance est portée par les fondamentaux solides des entreprises, qui continueront à voir leur marge opérationnelle et  leur bénéfice par action augmenter en 2018; enfin, les salaires remontent en dépit de la raréfaction de l’emploi liée à la globalisation et à l’innovation technologique. Et surtout, l’environnement se caractérise par un niveau des taux d’intérêt et d’inflation maîtrisé, qui résultent de la grande normalisation monétaire initiée par la FED, reprise par la BCE.

Cette politique, qui s’est traduite une augmentation en trois étapes des taux directeurs américains en 2017, et devrait se poursuivre en 2018 et en 2019 à raison de trois nouvelles hausses par an (le 10 ans américain devrait atteindre 2,25% fin 2018 vs 1,5% aujourd’hui, puis 3% fin 2019), ne remet pas encore fondamentalement les perspectives en termes d’inflation. Et ce, que ce soit aux Etats-Unis, où l’on est toujours loin du niveau de taux qui a présidé à l’éclatement de la bulle en 2008, comme en Europe, où la BCE avant ne devrait pas relever ses taux avant le second semestre 2019, après avoir annoncé la fin du rachat d’actifs en juin 2018, effective à partir de septembre 2018.

«Le spectre de la déflation est derrière nous,
l’inflation n’est pas encore à l’ordre du jour.»

Dans un contexte où les taux sont trop bas pour envisager un retournement de la l’inflation, le scénario de l’année 2005, formalisé par Alan Greenspan lors de son discours devant le Congrès américain du 16 février 2005, pourrait voir le retour du conundrum, cette énigme caractérisée par un mouvement contradictoire entre les variations de taux d'intérêt à court terme et celles des maturités les plus longues. Autrement dit, en 2018 comme en 2005, la théorie économique pourrait être contredite, qui prévoit une corrélation entre taux courts et taux longs.

«Il y a de nombreuses raisons de penser que le cycle actuel
devrait se poursuive jusqu’à la fin 2019 au moins.»

Ainsi, les raisons d’être optimistes l’emportent sur les inquiétudes relatives à une reprise de l’inflation, tant il est vrai que la croissance que l’économie mondiale a connue ces neuf dernières années, ni homogène ni linéaire, s’est imposée en dépit des avatars survenus en Chine, en Russie, au Japon ou en Europe.

Dans ce contexte, les opportunités d’investissement sont incontestablement du côté des marchés actions. Lesquelles grimperont en 2018 le mur de la peur, dans un mouvement de recherche de rendement qui mettra à l’honneur les sociétés large caps des marchés européens (exception faite de la Grande-Bretagne) et émergents, notamment les marchés secondaires (Colombie et Indonésie par exemple). Une attention particulière sera apportée aux secteurs des technologies «disruptives» (intelligence artificielle, robotisation). Les actions américaines, japonaises et suisses conserveront une place stable dans une allocation d’actifs qui restera prudente sur l’obligataire, en particulier en Europe et sur le secteur des titres d’Etat.

«2018 sera l’année des actions,
avec un biais sur les actions européennes et émergentes».

 

 

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