Zone euro: repli inédit du PIB sur le premier trimestre

AWP

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La zone euro a enregistré sur les trois premiers mois de l’année un recul de 3,8% de son PIB, du jamais vu dans la courte histoire de la monnaie unique, lancée en 1999.

Un plongeon historique du PIB au premier trimestre... et un deuxième qui s’annonce pire: le nouveau coronavirus a fait entrer la zone euro dans une récession sans précédent, au moment où l’UE s’écharpe sur la relance de son économie après la pandémie.

Selon une première estimation jeudi de l’Office européen des statistiques Eurostat, la zone euro a enregistré sur les trois premiers mois de l’année un repli de 3,8% de son PIB, du jamais vu dans la courte histoire de la monnaie unique, lancée en 1999.

Ce recul aussi inédit qu’alarmant s’explique par les mesures de confinement liées au COVID-19, qui ont commencé à être mises en place en Italie fin février puis ont été étendues plus largement dans toute la zone en mars.

«La quasi-totalité des dégâts se sont produits au cours des deux dernières semaines du trimestre», souligne Bert Colijn, économiste chez ING, ce qui laisse présager un PIB encore «plus faible au deuxième trimestre en raison de l’impact du confinement».

La France a vu son PIB diminuer de 5,8% au premier trimestre, l’Espagne de 5,2%, l’Italie de 4,7%, la Belgique de 3,9% et l’Autriche de 2,5%, selon des données nationales publiées jeudi.

Les chiffres très attendus de l’Allemagne, première économie de la zone euro, doivent pour leur part être publiés le 15 mai.

Sur l’ensemble de l’année, la zone euro devrait enregistrer une chute record de son PIB de 7,5%, selon les prévisions du FMI. La Commission publiera son estimation la semaine prochaine.

«L’Europe connaît un choc économique sans précédent dans les temps modernes», a réagi le commissaire européen à l’Economie Paolo Gentiloni, qui appelle l’UE à se montrer «à la hauteur de ce défi».

«Nous avons besoin d’un plan de relance suffisamment important, ciblé sur les économies et les secteurs les plus durement touchés, et déployable dans les mois à venir. Si ce n’est pas maintenant, quand ?», a-t-il poursuivi.

Effondrement

Les dirigeants européens ont chargé la semaine passée la Commission de préparer un plan de sortie de crise incluant un fonds pour relancer l’économie.

Cette décision avait en partie conclu une période de fortes divisions entre Etats de l’UE, les pays du Sud réclamant plus de solidarité financière à ceux du Nord, sans pour autant résoudre d’importants désaccords.

Selon la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, cet «instrument» de relance devrait être présenté dans «la deuxième ou la troisième semaine de mai».

Le coronavirus a également eu un impact sur l’inflation, qui a de nouveau ralenti en avril, à 0,4%, principalement à cause de l’effondrement des prix de l’énergie, selon une première estimation.

En mars, le taux d’inflation s’était affiché à 0,7%, bien loin de l’objectif de 2% fixé par la BCE.

L’effet du virus semble en revanche moins important pour l’instant sur le taux de chômage, qui a augmenté à 7,4% en mars dans la zone euro, contre 7,3% en février -- ce qui constituait alors son niveau le plus faible depuis mars 2008.

«L’essentiel de l’impact est certainement encore à venir car le marché du travail de la zone euro est généralement assez rigide», prévient cependant Bert Colijn.

L’Allemagne a d’ailleurs vu le nombre de chômeurs bondir de 13,2% en avril, faisant grimper son taux de chômage de 5,0% en mars à 5,8%.

«Plus le chômage augmentera, plus le processus de reprise sera faible et long», insiste Bert Colijn.

L’ensemble des données dévoilées jeudi par Eurostat «devrait encourager les responsables politiques de la BCE à accroître leur soutien dans la journée ou dans les semaines à venir», estime Andrew Kenningham, analyste chez Capital Economics.

Après avoir déjà annoncé une série de mesures exceptionnelles face à la pandémie, la BCE pourrait se dire prête jeudi à aller plus loin, tout en exhortant les gouvernements à accoucher d’une réponse commune face à la crise.

Sa présidente Christine Lagarde est attendue à 12H30 GMT en conférence de presse virtuelle.

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