Zone euro: net ralentissement de la croissance au 3e trimestre

AWP

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Eurostat annonce un PIB en hausse de seulement 0,2%, contre 0,4% au cours des deux premiers trimestres de l’année.

Les difficultés ponctuelles de l'industrie automobile allemande et l'activité stagnante en Italie ont pesé au troisième trimestre sur la croissance économique de la zone euro, qui progresse à son rythme le plus faible en quatre ans, suscitant un certain pessimisme.

Selon une première estimation publiée mardi par l'Office européen des statistiques Eurostat, l'activité des 19 pays ayant adopté la monnaie unique n'a crû que de 0,2% entre juillet et septembre (0,3% dans l'ensemble de l'UE).

Ce chiffre marque une rupture avec les deux premiers trimestres de l'année, où le Produit intérieur brut (PIB) avait coup sur coup progressé de 0,4%.

Le ralentissement européen est d'autant plus inattendu que les analystes interrogés par le fournisseur de services financiers Factset tablaient eux sur une croissance de 0,4%.

«Ne vous attendez pas à ce que ça s'améliore beaucoup», prévient Bert Colijn, analyste pour ING.

Le taux de croissance de 0,4% enregistré au deuxième trimestre, qui avait semblé «décevant à l'époque», pourrait bien avoir été "le dernier hourra du cycle de croissance», ajoute-t-il.

Selon lui, le ralentissement observé au troisième trimestre s'explique d'abord par un «facteur ponctuel», à savoir «la perturbation en Allemagne de la production automobile», confrontée à de nouvelles normes antipollution qui ont entraîné une désorganisation des chaînes de plusieurs constructeurs.

La stagnation de la croissance en Italie, qui a enregistré une croissance nulle pour la première fois en quatre ans, lui semble en revanche «plus inquiétante».

«Avec des discussions budgétaires déjà tendues entre Rome et Bruxelles, cette stagnation ne fera qu'ajouter aux inquiétudes», estime Bert Colijn.

La Commission européenne a rejeté la semaine passée le budget italien, largement en dehors des clous européens, lançant un bras de fer incertain avec l'Italie, qui pourrait peser sur la stabilité de la zone euro.

«Incertitude latente»

D'autres indicateurs laissent présager d'une croissance molle au cours des prochains trimestres, à commencer par la confiance économique dans la zone euro --l'indice dit ESI («Economic Sentiment Indicator»)-- qui a nettement reculé en octobre, selon des chiffres publiés mardi par la Commission européenne (109,8 points contre 110,9 en septembre).

De même, l'indice PMI du cabinet Markit, qui mesure la croissance de l'activité privée dans la zone euro, a atteint ce mois-ci son niveau le plus bas depuis deux ans, en raison d'une baisse du volume des exportations dues aux tensions commerciales.

Ces incertitudes, tout comme celles liées aux négociations du Brexit, avaient poussé la Commission à revoir à la baisse dès juillet sa prévision de croissance pour 2018, à 2,1%, un chiffre qui paraît désormais compliqué à atteindre.

Bruxelles doit présenter le 8 novembre ses nouvelles prévisions économiques.

"Bien que le rythme de la croissance ait ralenti, les éléments fondamentaux d'une croissance soutenue restent en place», a assuré mardi un porte-parole de l'exécutif européen, qui se veut optimiste face à ce «22ème trimestre d'expansion consécutif».

Les analystes sont plus mesurés: Bert Colijn table sur une croissance de 0,3% au quatrième trimestre, «compte tenu de l'incertitude latente qui pèse sur l'investissement, du prix élevé du pétrole (...) et des facteurs externes qui influent sur les perspectives d'exportation».

Quant à Jessica Hinds, de Capital Economics, elle anticipe pour sa part une croissance «de l'ordre de 0,3%-0,4%, globalement en ligne avec le potentiel» de la zone euro.

 

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