USA: les tensions commerciales plombent le moral des CEO

AWP

2 minutes de lecture

L’indice de Business Roundtable recule pour la première fois en 2 ans. Jamie Dimon (JPMorgan Chase) appelle à mettre en place des mesures commerciales «concurrentielles».

Les tensions commerciales entre les Etats-Unis et ses principaux partenaires causent des maux de tête aux grands patrons américains, désormais moins enclins à embaucher et à investir.

L’indice mesurant la confiance des milieux d’affaires a diminué de 7,5 points, à 111,1 points au deuxième trimestre contre 118,6 points au premier, selon les résultats publiés mardi de l’étude trimestrielle réalisée par l’organisation patronale Business Roundtable.

C’est la première fois que ce baromètre recule en près de deux ans, souligne l’organisation, qui attribue ce déclin à «des incertitudes accrues concernant la politique gouvernementale sur le libre-échange».

Larry Kudlow, le principal conseiller économique de la Maison Blanche, a par exemple indiqué mardi avoir informé le Canada de la volonté de Donald Trump de négocier un accord séparé pour remplacer le traité de libre-échange nord américain (Aléna).

Cette annonce n’est pas de nature à rassurer les chefs d’entreprises, qui ont besoin de certitudes dans leurs arbitrages.

«La politique commerciale n’affecte pas seulement les décisions (des patrons) mais crée également de l’incertitude et l’incertitude n’est bien évidemment pas l’amie de l’économie», a déclaré Jamie Dimon, le CEO de JPMorgan Chase et président du Business Roundtable, lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes.

«La vitalité actuelle et future de l’économie américaine dépend de négociations productives avec la Chine et d’une modernisation réussie de l’Aléna», insiste pour sa part Joshua Bolten, le directeur général de l’organisation patronale.

Les deux responsables appellent à des mesures commerciales «favorisant la concurrence» qui mettent fin à des incertitudes et «créent davantage d’opportunités pour les salariés et les familles américains».

«Elle ne nous écoute pas»

Après avoir salué la réforme fiscale abaissant le taux d’imposition des entreprises ainsi que l’assouplissement de la règlementation dans plusieurs secteurs économiques, les grands patrons ont été particulièrement échaudés par la décision du président Donald Trump d’imposer des droits douaniers supplémentaires de 25% aux importations d’acier et de 10% à celles d’aluminium de l’Union européenne, du Canada et du Mexique.

D’autant qu’un grand nombre d’entre eux, dont les entreprises sont de gros exportateurs -- Boeing, Caterpillar, Ford entre autres -- ont fait pression sur l’administration et espéraient une pérennisation des exemptions accordées aux alliés historiques de Washington.

«Nous aurions aimé que la Maison Blanche nous écoute (mais) elle ne nous écoute pas», déplore Jamie Dimon, expliquant par exemple que les représentants américains dans les discussions en cours sur l’Aléna réclament des choses auxquelles «s’opposent non seulement les Canadiens et les Mexicains mais également une grande majorité des milieux d’affaires américains».

Ces chefs d’entreprises redoutent l’enlisement dans la renégociation de l’Aléna, craignent un regain des tensions entre Washington et Pékin et s’inquiètent des représailles promises par les pays affectés par les taxes américaines.

Le Mexique, qui a comme le Canada et l’UE porté plainte auprès de l’OMC, a annoncé mardi des taxes douanières supplémentaires d’entre 15 et 25% sur une liste de produits agricoles américains, allant de la viande de porc aux fromages en passant par les pommes et le raisin.

De telles représailles vont peser sur les exportations américaines et entraîner une hausse des prix pour les consommateurs et une augmentation des coûts pour les entreprises, estiment environ 95% des 132 chefs d’entreprises interrogés par Business Roundtable.

Par conséquent, ils anticipent une baisse de leurs ventes, de 11,6 points comparé au premier trimestre et ont revu à la baisse leurs projets d’embauche qui ont diminué de 3 points comparé au premier trimestre, tandis que les futurs investissements ont chuté de 7,8 points.

Au final, les grands patrons sont gagnés par le pessimisme puisqu’ils ne tablent plus que sur une croissance de 2,7% du Produit intérieur brut (PIB) en 2018, contre 2,8% au premier trimestre.

L’enquête a été réalisée entre les 7 et 21 mai auprès de 132 grands patrons américains, dont les entreprises emploient ensemble plus de 16 millions de personnes et affichent un chiffre d’affaires cumulé de 7.000 milliards de dollars par an.

A lire aussi...