USA: Janet Yellen en Chine pour plaider contre les subventions à l’industrie

AWP

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Les Etats-Unis s’inquiètent des retombées des aides de Pékin dans le solaire, les voitures électriques et les batteries et n’ont pas exclu d’ériger des barrières commerciales face à la concurrence chinoise.

La secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen est arrivée jeudi en Chine pour une visite durant laquelle elle évoquera notamment les subventions chinoises dans le solaire, les voitures électriques et les batteries, qui inquiètent les Etats-Unis.

Réputée pragmatique, la ministre des Finances entame son deuxième séjour en Chine en moins d’un an.

Cette visite intervient après un appel téléphonique mardi entre les présidents américain Joe Biden et chinois Xi Jinping, durant lequel ils se sont opposés sur les restrictions commerciales des Etats-Unis contre la Chine, tout en déclarant vouloir stabiliser la relation bilatérale.

L’avion de Janet Yellen a atterri peu après 18H00 heure locale (10H00 GMT) à Canton (sud), métropole emblématique de la puissance manufacturière du pays asiatique. Elle a été accueillie par l’ambassadeur américain en Chine, Nicholas Burns, ainsi que par des responsables chinois.

Le programme de la ministre, avec d’innombrables heures de rencontres, des repas de travail ou encore une balade en bateau, vise à plaider la cause américaine auprès des plus hauts chefs d’orchestre de l’économie chinoise, a indiqué un responsable du Trésor américain.

La ministre s’entretiendra à Canton avec des chefs d’entreprises américains implantés sur place ainsi qu’avec des responsables politiques chinois, avant de rallier Pékin où elle terminera mardi sa visite.

En haut de l’ordre du jour pour Janet Yellen: la question des subventions que la Chine accorde à ses entreprises dans l’énergie solaire et les véhicules électriques.

Les Etats-Unis s’inquiètent des retombées de ces subventions pour leurs propres industries et n’ont pas exclu d’ériger des barrières commerciales face à la concurrence chinoise.

Surcapacités

Le soutien passé de Pékin à des secteurs comme l’acier et l’aluminium a «conduit à un surinvestissement substantiel et à des surcapacités que les entreprises chinoises ont cherché à exporter à l’étranger à bas prix», a déclaré la semaine dernière Mme Yellen.

«Aujourd’hui, nous constatons des surcapacités dans les nouvelles industries comme l’énergie solaire, les véhicules électriques et les batteries lithium-ion», a-t-elle énuméré.

Certaines entreprises américaines de ces secteurs ont des difficultés croissantes à rentrer dans leurs frais, a indiqué le responsable du Trésor américain.

L’Union européenne (UE) a annoncé cette semaine des enquêtes visant des groupes chinois dans l’énergie solaire, soupçonnés selon elle d’avoir reçu des subventions faussant la concurrence sur le marché européen.

Interrogé sur le fait que les Etats-Unis eux-mêmes accordaient des subventions à leurs entreprises présentes dans le créneau de l’énergie propre, le responsable du Trésor s’est défendu en disant que les initiatives américaines ne risquaient pas d’inonder le marché mondial.

L’ampleur des subventions chinoises est «bien plus importante», a-t-il assuré.

Le sous-secrétaire américain au Trésor pour les affaires internationales, Jay Shambaugh, a indiqué à l’AFP que Washington souhaite notamment revenir sur certains objectifs de production de Pékin «qui, de fait, dépassent ce que le marché mondial peut absorber».

En Chine, Janet Yellen rencontrera le vice-Premier ministre He Lifeng, le ministre des Finances Lan Fo’an, ainsi que le Premier ministre Li Qiang et le gouverneur de la banque centrale Pan Gongsheng.

«Peu de résultats»

C’est à Canton que la ministre s’entretiendra avec He Lifeng, haut responsable des questions économiques au sein du Parti communiste chinois (PCC), l’occasion d’entrer immédiatement dans le vif du sujet.

Ils auront notamment l’occasion d’aborder des questions sensibles comme les restrictions américaines contre la Chine, prises au nom de la sécurité nationale, ainsi que le soutien économique de Pékin à Moscou.

«Si le fait que ces rencontres aient lieu soit positif, nous nous attendons à peu de résultats concrets» et «à une résistance» de Pékin sur la question des surcapacités, juge Paul Triolo, spécialiste de la Chine pour la société de conseil américaine Albright Stonebridge Group.

Les relations bilatérales sont tendues ces dernières années en raison de plusieurs dossiers: Taïwan, rivalité dans les nouvelles technologies, lutte d’influence en Asie-Pacifique ou encore droits humains.

Mais les deux pays semblent désireux de renouer le dialogue, particulièrement depuis une rencontre réussie en novembre entre Joe Biden et Xi Jinping en Californie.

La visite de Janet Yellen en Chine en juillet 2023 avait permis de stabiliser la relation bilatérale, notamment grâce à la création de groupes de travail bilatéraux sur l’économie et la finance.

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