Statu quo de la Fed même si l’inflation a touché sa cible

AWP

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La banque centrale de Jerome Powell se contente de noter que «l’inflation générale et celle mesurée, hors prix alimentaires et énergétique, s’est rapprochée de 2%».

La banque centrale américaine (Fed) a laissé les taux d’intérêt inchangés mercredi même si désormais l’inflation tutoie la cible longtemps visée des 2%.

Le taux interbancaire au jour le jour est maintenu dans la fourchette de 1,50% à 1,75%, a indiqué un communiqué du Comité monétaire qui l’avait relevé d’un quart de point (0,25%) en mars.

Comme s’y attendaient les marchés, la Fed a choisi de temporiser alors que deux ou trois autres relèvements des taux sont attendus cette année. La prochaine réunion monétaire est prévue les 12 et 13 juin.

Cette décision a d’abord fait plaisir à Wall Street dont l’indice vedette DJIA est passé dans le vert alors que le dollar fléchissait un peu. Mais cette euphorie a été de courte durée, la bourse terminant dans le rouge et le dollar en hausse alors que les opérateurs semblaient comprendre que l’inflation est désormais là pour rester.

«Le rythme d’inflation est primordial car il indique la future direction des taux», a relevé Joel Naroff, économiste indépendant. «Une hausse des taux à la prochaine réunion de juin est donc dans les cartes», a encore affirmé cet expert. «Et à moins de changement flagrant dans l’économie, les taux devraient augmenter lors d’une réunion sur deux jusqu’à ce qu’il soit clair que soit l’économie ralentit, soit l’inflation décélère. Cela ne devrait pas intervenir avant la fin de l’année prochaine», a-t-il assuré.

Le Comité monétaire (FOMC), qui s’est prononcé à l’unanimité pour ce statu quo, note dans un communiqué à peine modifié par rapport à celui de la réunion de mars, que «l’inflation générale et celle mesurée, hors prix alimentaires et énergétique, s’est rapprochée de 2%».

Le département du Commerce a en effet annoncé lundi que l’indice PCE, baromètre favori de la Fed pour surveiller l’augmentation des prix, avait touché en mars, pour la première fois depuis un an, la cible des 2%. L’inflation sous-jacente est montée, elle, à 1,9%.

C’est un peu plus tôt que ce que projetaient les membres du FOMC dans leurs dernières prévisions qui misaient sur un indice PCE à 2% qu’en 2019. Mercredi, la réunion monétaire ordinaire ne comportait ni nouvelles prévisions, ni conférence de presse de son président Jerome Powell.

La banque centrale dit dans son communiqué s’attendre désormais à ce que l’inflation annuelle s’établisse autour de l’objectif «symétrique» de 2% à moyen terme. Cela signifie que la Fed tolèrera que les prix augmentent un peu plus que 2% avant d’accélérer le rythme de hausse des taux pour éviter une surchauffe.

Toujours des hausses graduelles 

«La Fed ne montre pas de signe qu’elle va accélérer son rythme de resserrement du crédit. En utilisant le mot +symétrique», elle suggère sa volonté d’autoriser l’inflation à accélérer un peu», a commenté Omer Esiner, analyste pour Commonwealth Foreign Exchange.

L’institution monétaire continue à promettre des hausses «graduelles» des taux d’intérêt alors que les marchés ont été rendus nerveux par la remontée de l’inflation ce qui a fait franchir le seuil de 3% aux rendements sur les bons du Trésor à 10 ans pour la première fois depuis quatre ans.

Son évaluation de l’économie reste très positive, indiquant que le marché de l’emploi continue d’être dynamique et que l’activité a progressé à un «rythme modéré».

La Fed reconnaît que la croissance des dépenses des ménages a ralenti (+1,1% au 1T contre +4% au 4T 2017) mais elle relève que les investissements des entreprises «ont poursuivi leur forte croissance».

En revanche, les membres du Comité se montrent plus prudents sur l’avenir de la croissance. La phrase indiquant «un renforcement des perspectives économiques» a disparu du communiqué.

La Réserve fédérale est à la croisée des chemins, alors qu’elle sort résolument de la politique monétaire ultra-accommodante qui a prévalu pendant dix ans et que l’inflation commence à apparaître.

Le stimulus fiscal massif dont les effets n’ont pas encore joué à plein promet de voir la croissance s’accélérer à plus de 3%, soutenue par la consommation et les investissements, assure l’administration Trump.

Le rythme de croissance, habituellement médiocre au premier trimestre, s’est avéré meilleur que prévu à 2,3% en rythme annuel de janvier à mars. Au 2e trimestre, la croissance pourrait grimper à 4,1%, si l’on en croit la prévision de la Fed d’Atlanta.

Le marché de l’emploi est toujours très dynamique avec 204.000 créations de postes dans le seul secteur privé en avril, selon l’enquête ADP publiée jeudi. Les chiffres officiels seront publiés vendredi, les analystes s’attendant à ce que le taux de chômage recule à 4% avec 190.000 nouvelles embauches.

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