Sika: bénéfice net en hausse de 14,5%

AWP

2 minutes de lecture

Au terme d’un année record, la direction veut surenchérir sur le français Saint-Gobain.

Sika a précisé vendredi ses résultats sur l’exercice 2017, dont il avait livré un aperçu en janvier. La rémunération des actionnaires prendra comme prévu l’ascenseur, mais s’arrêtera un ou deux étages en dessous des attentes du marché. La direction a profité de l’occasion pour dénoncer une nouvelle fois le plan de prise de contrôle «hostile» ourdi par le français Saint-Gobain avec la complicité des héritiers des fondateurs de l’entreprise, détenteurs de parts privilégiées.

Le chimiste de la construction et de l’industrie automobile, accessoirement producteur de colles, ne s’est en effet pas encore mis à l’abri des prétentions de son concurrent hexagonal, auxquelles il s’oppose depuis décembre 2014.

La famille Burkard – qui regroupe les héritiers du fondateur de l’entreprise – avait accepté de Saint-Gobain 2,75 milliards de francs en échange de ses parts, qui se montent à 16,1% du capital mais représentent 52,4% des droits de vote. Saint-Gobain a réitéré jeudi soir ses prétentions sur Sika, à l’occasion de la publication de ses propres résultats annuels.

Récemment, l’avocat de la famille Burkard s’est épanché dans la presse alémanique sur le souhait des héritiers de renégocier le contrat conclu avec le mastodonte français il y a quatre ans. L’offre comprenait alors une prime de 80% sur le cours de l’action, que la performance boursière a depuis transformé en une décote de près 20%.

Cette inflation inspire la direction, qui y voit une planche de salut. «Les bons résultats et le cours croissant de l’action nous donne la possibilité de présenter à la famille (Burkard ndlr) une offre plus généreuse que Saint-Gobain», a ainsi lâché en conférence de presse le nouveau directeur général (CEO) Paul Schuler. Les héritiers se montrent toutefois réticents à cette idée.

NOUVEAUX SOMMETS

Sur le plan opérationnel, Sika a comme convenu et comme à son habitude présenté des résultats «record», portés par de nombreuses acquisitions aussi bien que par l’ouverture de nouvelles structures de production.

L’industriel de Baar a dégagé une rentabilité en progression plus que proportionnelle à celle des ventes. L’excédent d’exploitation (ebit) a bondi de 12,7% sur un an à 896,3 millions de francs et le bénéfice net de 14,5% à 649,0 millions. Pour rappel, le chiffre d’affaires s’était enrobé de 8,7% à 6,25 milliards.

Unique bémol de cette partition, la rentabilité a souffert du renchérissement des matières premières, que le relèvement des tarifs pratiqués par Sika n’a pas suffi à compenser intégralement. La marge brute s’est ainsi affaissée de 90 points de base à 54,4%.

Le conseil d’administration fera profiter les actionnaires de cette évolution, en proposant un dividende agrémenté de 15,00 francs à 111,00 francs par action au porteur et de 2,50 francs à 18,50 francs par nominative.

La rentabilité opérationnelle comme nette chatouille le plafond des projections établies par les analystes consultés par AWP, mais la rémunération des actionnaires ne comble pas tout à fait les attentes.

CONFIANCE INÉBRANLABLE

Pour l’année en cours et nonobstant les incertitudes liées au dossier Saint-Gobain, la direction anticipe une nouvelle poussée de croissance de plus de 10%. Les prix des matières premières et la volatilité constituent les principaux défis, mais la rentabilité doit une fois encore progresser plus rapidement que les recettes.

A l’horizon 2020, Sika table toujours sur un rythme de croissance annuel de 6 à 8%, assorti d’une marge ebit de 14 à 16% et d’un flux de trésorerie disponible supérieur à 10% de ses revenus. Le rendement sur capitaux investis (ROCE) doit s’établir au delà de 25%.

Les analystes paraissent blasés par la succession de «records» égrainés année après année par le colosse chimique zougois. La performance demeure qualifiée de «bonne», voire de «robuste». Le niveau de rémunération des actionnaires suscite toutefois des réactions épidermiques et le recul de la rentabilité éveille quelque inquiétude.

Au point mort malgré les déclarations et initiatives de part et d’autre, le feuilleton Saint-Gobain n’inspire guère plus les milieux financiers, qui résume l’affaire à une «incertitude» pour l’avenir de la multinationale zougoise.

A la Bourse, l’action Sika a fini en recul de 0,71% à 7720,00 francs, dans un SMI en baisse de 0,21%.