Première perte d’ExxonMobil depuis 32 ans, Chevron ferme les vannes

AWP

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Les deux majors américaines du pétrole préviennent que le pire est à venir.

ExxonMobil et Chevron ont dévoilé vendredi l’ampleur des premiers dégâts causés par l’effondrement des prix du pétrole et la pandémie de coronavirus, qui paralyse l’économie mondiale, et ont prévenu que le pire était à venir.

ExxonMobil a enregistré une perte nette de 610 millions de dollars au premier trimestre, en raison d’une charge de 2,9 milliards de dollars liée à des dépréciations d’actifs, conséquence de cours de l’or noir descendus à de plus bas historiques.

C’est la première fois que le géant texan perd de l’argent depuis 1988. Il avait dégagé un bénéfice net de 2,35 milliards de dollars au premier trimestre 2019.

«Le COVID-19 a franchement affecté de façon significative la demande (de brut) à court terme, ce qui s’est traduit par des marchés surapprovisionnés et mis une pression sans précédent sur les cours des matières premières et les marges», fait valoir le PDG Darren Woods.

Si Chevron a affiché un bénéfice net trimestriel de 3,6 milliards de dollars, c’est principalement grâce à une conjonction de gains exceptionnels -- une plus-value de cession de 240 millions, un crédit d’impôt de 440 millions et des effets de change favorables estimés à 514 millions.

Le chiffre d’affaires a baissé de 10,5% et le PDG Michael Wirth a été alarmiste: «Les résultats financiers dans les trimestres à venir devraient être affectés si les conditions actuelles de marché persistaient», a averti le dirigeant.

Les résultats et les avertissements des deux géants américains font écho aux publications de leurs rivaux européens Royal Dutch Shell et BP.

Le pire est en effet à venir pour l’industrie pétrolière car le premier trimestre était quasiment achevé quand la guerre des prix du pétrole a démarré entre l’Arabie saoudite et la Russie.

Il était à 85% bouclé lorsque le confinement et la distanciation sociale ont été annoncés aux Etats-Unis pour endiguer la propagation du COVID-19, maladie causée par le nouveau coronavirus.

Protéger les dividendes

Ces mesures ont causé une chute d’un tiers de la demande mondiale de pétrole, diminué la valeur des actifs pétroliers, éliminé des projets de forage, détruit des milliers d’emplois et forcé des groupes énergétiques à déposer le bilan.

Outre une demande à l’arrêt, le marché pétrolier est aussi confronté à des capacités de stockage ayant atteint leur limite, ce qui a poussé le cours du baril américain à passer en avril en négatif.

Pour faire face les majors s’en remettent aux économies et à l’endettement, tandis que les patrons doivent arbitrer entre choyer les actionnaires ou renforcer les réserves.

ExxonMobil va réduire de 400.000 barils par jour sa production d’hydrocarbures et de 10 milliards de dollars son budget dédié aux investissements, notamment à l’exploration de gisements et au forage de puits pétroliers.

Chevron envisage pour sa part de baisser sa production de pétrole et de gaz de 300.000 barils par jour en mai, et de 400.000 à partir de juin, et abandonner 60% des puits pétroliers qu’il loue.

Après avoir diminué en mars ses investissements de 20% à 16 milliards de dollars, le groupe pétrolier va encore les baisser de 2 milliards supplémentaires.

«Nous prenons ces mesures pour protéger le dividende», a justifié le patron Michael Wirth, souhaitant rassurer des actionnaires sur le qui-vive après la suspension des programmes de rachat d’actions.

Après 0,87 dollar par action pour les trois premiers mois de l’année, ExxonMobil va distribuer un dividende d’un montant équivalent au titre du deuxième trimestre.

La major s’est cependant gardée d’augmenter ce dividende, une première depuis 2007, alors même que sa rivale Shell a réduit son dividende pour la première fois depuis la Seconde guerre mondiale.

«L’activité économique va croître à nouveau; les niveaux de vie des populations vont augmenter, ce qui va en retour tirer la demande pour les produits (pétroliers) et le redressement de l’industrie» énergétique, s’est voulu optimiste, Darren Woods, le grand patron.

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