Pétrole: Aramco entrera en Bourse «très bientôt»

AWP

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Le directeur général du géant saoudien Amin Nasser souligne qu’il revenait au gouvernement de prendre cette décision.

Le géant pétrolier saoudien Aramco fera sa très attendue entrée en Bourse «bientôt», a assuré mardi son directeur général Amin Nasser. Celui-ci a souligné qu’il revenait au gouvernement de prendre cette décision, retardée en raison de conditions jugées défavorables avec la chute des cours.

«Nous avons toujours dit qu’Aramco est prête pour une introduction en Bourse dès que les actionnaires prendront la décision de le faire», a déclaré à la presse le chef de l’entreprise publique en marge du Congrès mondial de l’énergie à Abou Dhabi. «Et comme vous l’avez entendu de son altesse royale le prince Abdelaziz (ben Salmane) hier, ce sera très bientôt. Nous sommes donc prêts, c’est l’essentiel», a-t-il insisté, en référence au nouveau ministre de l’Energie du royaume.

L’introduction en Bourse d’Aramco était initialement prévue pour 2018 puis elle a été reportée en raison de la chute des cours du brut sur le marché mondial. Le mastodonte saoudien prévoit de céder environ 5% de l’entreprise d’Etat en 2020 ou 2021 dans ce qui pourrait être la plus importante vente d’actions au monde.

«L’une des premières activités de cotation (+listing+) sera locale mais nous sommes également prêts pour les étrangères», a précisé M. Nasser. Le journal américain Wall Street Journal (WSJ) avait rapporté la semaine dernière qu’Aramco envisageait de faire ses débuts sur le marché intérieur, et que l’entreprise s’introduirait par la suite sur le marché international, citant Tokyo.

Bénéfices en chute

Cette future introduction en Bourse constitue la pierre angulaire d’un programme de réformes initié par le puissant prince héritier Mohammed ben Salmane pour sortir l’économie saoudienne de son ultra-dépendance au pétrole. La mise sur le marché des 5% d’Aramco doit rapporter quelque 100 milliards de dollars (à peu près autant en francs), bien que des experts soient sceptiques sur la valorisation globale de la compagnie à 2000 milliards de dollars.

La difficulté à atteindre la somme souhaitée par Ryad est largement considérée comme la raison du report de l’introduction en Bourse. Au début du mois, Aramco avait déclaré que son bénéfice net du premier semestre 2019 avait chuté de près de 12% pour s’établir à 46,9 milliards de dollars (42,4 milliards d’euros), en raison de la baisse du prix du brut.

C’était la première fois que l’entreprise publiait des résultats financiers semestriels, quelques mois après avoir dévoilé de manière inédite ses comptes en avril, se révélant être l’entreprise la plus rentable au monde. Réunis cette semaine dans la capitale des Emirats arabes unis, les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et d’autres grands Etats producteurs envisagent de réduire la production pour soutenir les prix.

Les cours ont baissé ces derniers mois malgré de précédentes coupes dans la production et les sanctions américaines qui ont réduit l’offre en provenance d’Iran et du Venezuela. Des analystes doutent ainsi de l’efficacité d’une telle mesure sur les cours du pétrole, surtout affectés selon eux par les craintes d’un ralentissement de la croissance mondiale provoqué par le différend commercial entre les Etats-Unis et la Chine.

«Diversifier l’économie»

Lundi, le nouveau ministre saoudien de l’Energie, Abdel Aziz ben Salmane, avait estimé que la réduction de la production pétrolière «profiterait» à tous les pays producteurs. Le prince Abdelaziz, demi-frère du prince héritier, est le premier membre de la famille royale à être nommé à la tête de ce ministère, un portefeuille clé pour le premier exportateur de pétrole brut au monde.

La chute des cours ces dernières années a lourdement pesé sur les recettes du royaume et entraîné des déficits budgétaires dans ce pays qui tire 70% de ses recettes de l’or noir. Sous l’impulsion du prince héritier, Ryad a récemment introduit une série de mesures destinées à diversifier son économie, comme la TVA ou la hausse des prix de l’énergie.

Pour le Fonds monétaire international (FMI), ces réformes ont commencé à «porter leurs fruits», mais il reste encore beaucoup à faire pour combler un déficit budgétaire chronique. Le déficit budgétaire du royaume devrait encore se creuser cette année, à 6,5% du PIB contre 5,9% en 2018, a précisé lundi dans un rapport l’institution basée à Washington.

Elle a appelé les autorités à «promouvoir la croissance de l’activité non pétrolière, créer des emplois et atteindre les objectifs du programme ‘Vision 2030’», ambitieux plan de développement présenté par le prince héritier pour diversifier l’économie.

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