Nouveau revers pour l'économie japonaise

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Le ministre de la Revitalisation économique, Toshimitsu Motegi, a aussitôt invoqué l’impact des désastres naturels.

© Keystone

Nouvelle contraction au troisième trimestre: après deux ans de croissance, l’économie japonaise fait pâle figure depuis début 2018, malmenée ces derniers mois par une série de catastrophes naturelles.

Le Produit intérieur brut (PIB) a décliné de 0,3% sur la période de juillet à septembre, par rapport aux trois mois précédents, selon des données préliminaires annoncées mercredi par le gouvernement nippon. Elles correspondent aux attentes des économistes.

Ce recul intervient après une hausse de 0,8% au deuxième trimestre et déjà une baisse de 0,3% en début d’année, après une phase exceptionnelle de huit trimestres d’expansion ininterrompue.

Le ministre de la Revitalisation économique, Toshimitsu Motegi, a aussitôt invoqué l’impact des désastres naturels, selon des propos rapportés par la presse, assurant qu’il s’agissait d’un revers temporaire.

«Optimisme prudent»

«Les pluies diluviennes, typhons et tremblements de terre ont freiné la consommation des ménages, les investissements des entreprises et les exportations», avaient expliqué avant la publication de ces statistiques Katsunori Kitakura, analyste de Sumitomo Mitsui Trust Asset Management.

De fait, la consommation des foyers a diminué de 0,1% au troisième trimestre, les investissements des entreprises de 0,2%, tandis que les exportations chutaient de 1,8%.

«Les catastrophes ont forcé les consommateurs à rester chez eux et mis à l’arrêt des usines», tout en perturbant les circuits logistiques, a précisé l’expert. En outre, l’aéroport du Kansai, près d’Osaka, a dû temporairement fermer après avoir été victime d’un violent typhon, «ce qui a conduit à une baisse du nombre de touristes et des expéditions de marchandises à l’étranger».

Un autre élément commence à affecter l’archipel, a noté auprès de l’AFP Kohei Iwahara, analyste de Natixis Japan Securities. «L’économie japonaise est traditionnellement tirée par les facteurs externes, à savoir les exportations. Or les incertitudes liées à la guerre commerciale (entre Washington et Pékin) grandissent, on observe un ralentissement en Chine et cela touche progressivement le Japon».

En rythme annualisé, c’est-à-dire si l’évolution du troisième trimestre se poursuivait sur une année entière, le PIB ressort en repli de 1,2%.

Les experts anticipent un rebond au quatrième trimestre. «Nous sommes prudemment optimistes, alors que l’impact des désastres naturels va s’estomper», souligne M. Iwahara.

La BoJ en terre inconnue

En outre, le Premier ministre Shinzo Abe, dont la politique de relance «abenomics» lancée il y a six ans peine à produire ses pleins effets sur la troisième puissance économique mondiale, a demandé lundi à son équipe de compiler des mesures pour doper la demande intérieure.

«Le gouvernement prépare un nouveau plan de soutien pour accompagner l’augmentation de la taxe sur la consommation (de 8 à 10%) prévue en octobre 2019 et pour s’assurer que l’économie ne s’effondre pas en cas de ralentissement de la conjoncture mondiale», relève l’analyste de Natixis.

Afin de revigorer un pays vieillissant, M. Abe a aussi décidé d’ouvrir le pays à davantage de travailleurs étrangers via la création d’un nouveau statut de visa. Selon les estimations officielles données par le quotidien économique Nikkei, si le projet de loi est voté par le Parlement, il pourrait entraîner la venue au Japon de «260.000 à 340.000 immigrés» dans les cinq années à venir.

«C’est un mouvement positif, mais si vous me demandez si cela suffira à contrer le déclin de la main-d’oeuvre, la réponse est non», réagit M. Iwahara. Les besoins seraient de l’ordre de 1,3 million de personnes.

Pendant ce temps, la Banque du Japon (BoJ) poursuit sa massive politique d’assouplissement monétaire même si elle en a ralenti le rythme, au point que ses actifs dépassent désormais la richesse créée en un an par l’économie japonaise: le total s’élève à 553.592 milliards de yens (4.200 milliards d’euros), d’après des chiffres publiés mardi, à comparer à un PIB d’environ 550.000 milliards sur l’année courant jusqu’à fin septembre.

C’est du jamais vu: dans le cas de la Fed, le ratio est de 20%, et de 40% pour la Banque centrale européenne (BCE).

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