Mark Zuckerberg reconnaît ses erreurs devant le Sénat

AWP

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«Il est évident aujourd’hui que nous n’avons pas fait assez pour empêcher Facebook d’être utilisé de façon malintentionnée», a déclaré le CEO du réseau social, pour une fois sans son t-shirt gris.

Le CEO de Facebook, Mark Zuckerberg, a fait son mea-culpa mardi pour avoir échoué à protéger la vie privée des utilisateurs du réseau mondial, dont les données personnelles ont pu être utilisées à des fins politiques.

«Nous n’avons pas pris une mesure assez large de nos responsabilités et c’était une grosse erreur. C’était mon erreur et je suis désolé», a-t-il dit, la voix marquée par l’émotion, lors d’une audition très attendue devant une commission conjointe au Sénat. Il doit aussi être entendu mercredi à la Chambre des représentants.

«Il est évident aujourd’hui que nous n’avons pas fait assez pour empêcher ces outils d’être utilisés de façon malintentionnée», a expliqué le multimilliardaire de 33 ans, qui avait troqué son traditionnel t-shirt gris pour un costume sombre et une cravate bleu ciel.

Loin de l’image du «geek» arrogant et peu à l’aise en public, Mark Zuckerberg a répondu de manière claire et détaillée à la majorité des questions des parlementaires qui dénonçaient les «abus de confiance» de Facebook.

Le réseau social, créé en 2004, a selon eux échoué à protéger les données personnelles des utilisateurs et permis des manipulations politiques. La polémique a pris une tournure retentissante mi-mars avec l’éclatement du scandale Cambridge Analytica (CA).

«Le potentiel de croissance (de Facebook) est illimité, mais le potentiel pour des abus est aussi important», a commenté d’élu de l’Iowa, Chuck Grassley.

«Course aux armements» 

Les données de quelque 87 millions d’utilisateurs se sont retrouvées entre les mains de la firme britannique d’analyse de données. Cette dernière a ensuite travaillé pour la campagne du candidat républicain à la présidentielle américaine de 2016, Donald Trump.

Le groupe aux plus de deux milliards d’utilisateurs est aussi vilipendé depuis des mois pour avoir servi --comme Google ou Twitter-- d’outil de désinformation et de manipulation politique, orchestrée selon la justice américaine par le Kremlin dans le but de favoriser l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche. Moscou a toujours nié.

Mark Zuckerberg a assuré que sa société était engagée dans «une course aux armements» contre «des gens en Russie dont le travail est d’exploiter nos systèmes et autres systèmes internet».

Il a également confirmé que Facebook coopérait avec l’équipe du procureur spécial Robert Mueller qui enquête sur les accusations d’ingérence russes dans la campagne. «Je ne suis pas au courant d’une convocation mais je sais que nous travaillons avec eux», a-t-il dit.

Il doit aussi expliquer pourquoi il a attendu 2014 pour décider de limiter l’accès aux données personnelles par les applications tierces, comme celle par laquelle ont transité les informations récupérées par CA.

Certains parlementaires se sont dits décidés à légiférer pour mieux encadrer Facebook et les groupes internet en général. Pour beaucoup, l’heure de rendre des comptes a sonné.

«Si Facebook et les autres réseaux sociaux ne réparent pas ou ne veulent pas réparer les intrusions dans la vie privée, nous le ferons, nous, le Congrès», a mis en garde le sénateur de Floride Bill Nelson.

Pas un «monopole» 

Comme depuis des semaines, il a répété devant les sénateurs avoir péché par «idéalisme» et «optimisme» et détaillé les mesures passées ou à venir pour rectifier les errements d’autrefois. Mardi, il a également assuré que Facebook aurait toujours une version gratuite et estimé que la plateforme n’était pas «un monopole».

Avant le début de cette première audition, Facebook a annoncé qu’il allait rétribuer les personnes qui signalent une mauvaise utilisation de données personnelles par des applications tierces.

Regagner la confiance de ses utilisateurs est crucial pour le groupe car son modèle économique est fondé sur l’exploitation des données personnelles, qui permettent aux annonceurs de cibler finement leurs messages publicitaires.

Facebook, qui fait l’objet d’enquêtes et de plaintes tous azimuts des deux côtés de l’Atlantique, a commencé lundi à informer ses utilisateurs dont les données ont pu arriver chez CA.

Parmi les autres annonces récentes: vérifier l’identité des personnes ou organisations diffusant des messages électoraux ou politiques, clarifier les paramètres de confidentialité ou encore collaborer avec des chercheurs indépendants sur son influence dans les élections et la démocratie.

Jusqu’ici, Facebook assure ne pas observer d’impact financier malgré un mouvement appelant les utilisateurs à quitter le réseau social et les inquiétudes d’annonceurs publicitaires. Son action a toutefois chuté de près de 15% à Wall Street depuis la révélation de l’affaire.

Une plainte en nom collectif a par ailleurs été déposée mardi devant un tribunal du Delaware (nord-est) par des utilisateurs américains et britanniques affirmant que le réseau social a «échoué à protéger» les informations personnelles de plus de 80 millions de personnes aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.

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