Manufacture en Chine: Caixin contredit les chiffres officiels

AWP

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L’indice du groupe indépendant signale une forte résistance du secteur. Le gouvernement indique un essoufflement.

L’activité manufacturière chinoise a enregistré en février sa plus forte croissance depuis six mois, selon l’indicateur indépendant Caixin diffusé jeudi, complètement à rebours du baromètre officiel du gouvernement qui montre un essoufflement alarmant du secteur.

L’indice des directeurs d’achat (PMI), calculé de façon indépendante par le cabinet IHS Markit et publié par le groupe de médias Caixin, s’est établi à 51,6 le mois dernier, contre 51,5 en janvier et décembre.

Autrement dit, le secteur progresse à un rythme soutenu: un chiffre supérieur à 50 indique une expansion de l’activité, et en deçà une contraction. Ce baromètre, basé notamment sur les carnets de commandes des firmes sondées, est jugé annonciateur de la conjoncture à venir.

En dépit des longs congés du Nouvel an lunaire en février, les nouvelles commandes se sont accélérées, poussant les entreprises à muscler leurs stocks de matériaux, tandis que les stocks de produits finis gonflaient plus vite, selon l’enquête Caixin.

«Les entreprises préparent activement la pleine reprise de l’activité en mars», notait Zhong Zhengsheng, analyste du cabinet CEBM lié à Caixin, cité dans le rapport.

Par ailleurs, sondés sur les perspectives des douze prochains mois, les entrepreneurs faisaient preuve du plus haut degré d’optimisme depuis près d’un an.

Problème: comme en janvier, l’indice de Caixin diverge de façon criante avec le baromètre PMI officiel établi par le gouvernement.

L’indice PMI publié mercredi par le Bureau national des statistiques s’est établi à 50,3 pour février, une quasi-stagnation de l’activité manufacturière. C’est son plus fort ralentissement mensuel depuis mi-2016.

Une faiblesse attribuée notamment à une vaste campagne antipollution qui entraîne de nombreuses fermetures d’usines.

«Il n’est pas rare de voir les deux indices diverger (...) Mais l’écart est ici large et très inhabituel», observaient les experts du cabinet Capital Economics, pour qui la différence viendrait surtout des échantillons d’entreprises interrogées.

L’enquête Caixin sonde volontiers des petites et moyennes entreprises, très orientées vers l’exportation, tandis que le baromètre officiel se concentre sur les grands groupes industriels étatiques, beaucoup plus dépendants de la demande chinoise et du secteur chinois de la construction -- actuellement très à la peine.

Or, «si les commandes de l’étranger résistent assez bien, la demande intérieure s’essouffle fortement (...) L’économie chinoise subit de nombreux vents contraires: le durcissement du crédit, le refroidissement de l’immobilier...», note-t-on chez Capital Economics.

Dans ce contexte, l’embellie reflétée par Caixin pourrait s’avérer très temporaire.

Destinés à dégonfler la dette chinoise et les risques financiers, les durcissements réglementaires sur le crédit compliquent le financement des petites entreprises. L’immobilier, lui, est pénalisé par les restrictions sur le crédit et l’achat d’appartements adoptées dans les grandes villes.

 

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