Les assureurs-maladie saluent la hausse modérée des primes

AWP

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SantéSuisse plaide cependant pour la poursuite des réformes visant à maîtriser les coûts.

Les différents acteurs de la santé saluent dans l’ensemble la hausse modérée des primes maladie pour 2020. Mais la plupart s’accordent aussi à dire qu’il ne s’agit pas d’un renversement de tendance durable. Plusieurs cantons dénoncent, eux, un manque de transparence.

Sans surprise, SantéSuisse parle d’une «bonne nouvelle». L’organisation des assureurs maladie met toutefois en garde: «on ne peut pas parler d’un renversement de tendance durable», écrit-elle dans un communiqué. De véritables réformes visant à maîtriser les coûts sont nécessaires sinon les primes continueront de croître à un rythme annuel compris entre 3 et 4%», avertit Santésuisse.

L’association Curafutura, regroupant les assureurs CSS, Helsana, Sanitas et CPT, se réjouit aussi de cette hausse modérée. «L’intervention tarifaire du Conseil fédéral en 2017 déploie désormais ses effets», relève son porte-parole Ralph Kreuzer. «Nous devons maintenant poursuivre le financement uniforme des services ambulatoires et hospitaliers (EFAS) afin de préserver cet élan».

Les doutes de la FRC

Le corps médical a largement contribué à cette stabilisation, se félicite la Fédération des médecins suisses (FMH). «Pour la première fois depuis l’entrée en vigueur de la Loi sur l’assurance-maladie en 1996, les coûts des prestations ont légèrement reculé l’an dernier», souligne-t-elle.

De son côté, H+, l’organisation nationale des hôpitaux, met en avant les effets positifs de l’introduction de la structure tarifaire uniforme pour tous les hôpitaux et maisons de naissance (SwissDRG).

Le son de cloche est différent auprès de la Fédération romande des consommateurs (FRC). Même si la hausse globale est moins élevée que par le passé, ce n’est pas le cas pour trois cantons romands: Neuchâtel, Valais et Fribourg. Et la pression mise sur le budget des consommateurs n’est pas près de diminuer, regrette la FRC.

Manque de transparence dénoncé

Le comparateur Comparis met pour sa part aussi en garde: «Même avec une baisse de prime auprès de sa propre caisse-maladie, il est conseillé de ne pas se réjouir trop tôt. D’une manière générale, les primes bénéficiant d’une baisse sont celles qui sont supérieures à la moyenne. Et elles peuvent donc, malgré ladite baisse, être encore nettement plus chères que les primes les plus avantageuses», note Felix Schneuwly, expert chez Comparis, société en mains des caisses-maladie.

A l’instar de la FRC, plusieurs cantons dénoncent l’opacité du système de santé. Jura, Genève, Valais et Vaud en tête, ils reprochent à l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) d’avoir pris cette année la décision de ne plus communiquer aux cantons les primes proposées par les assureurs. Ils s’interrogent aussi sur le montant très élevé des réserves actuelles de certaines caisses-maladie.

Le chef genevois de la santé Mauro Poggia estime que l’annonce de mardi est l’arbre «qui embellit la forêt». Il regrette notamment que toutes les décisions prises jusqu’à aujourd’hui vont dans le sens de la libéralisation du marché de la santé.

Il n’en reste pas moins que c’est un pas dans la «bonne direction», une nouvelle «très positive» pour les cantons et les assurés, a déclaré mardi à l’agence Keystone-ATS Heidi Hanselmann, présidente de la Conférence des directeurs cantonaux de la santé (CDSS). Elle préconise néanmoins la mise en œuvre rapide de nouvelles mesures de réduction des coûts.

«Un répit provisoire»

Du côté des partis, l’avis général est qu’il n’y a pas de quoi pavoiser. Pour le PLR, il s’agit d’»un répit» provisoire».

«Au vu de l’évolution démographique et des nouvelles technologies et thérapies, une chose est certaine: les coûts de la santé ne diminueront pas à l’avenir (...) Il est fondamental de réformer rapidement le système. La première mesure repose sur le financement uniforme des secteurs ambulatoire et stationnaire», affirme le PLR.

Le PDC met aussi en garde contre les hausses futures. «Les mesures annoncées par la Conseil fédéral pour atténuer cette hausse sont un premier pas dans la bonne direction mais ne suffisent pas (...)

Pour le PS, les chiffres annoncés mardi ne «changent rien pour les assurés: le seuil de douleur est depuis longtemps atteint pour beaucoup d’entre eux», déplorent les socialistes.

Pour les Verts, les cantons devraient être obligés de contribuer financièrement au moins autant à la réduction des primes que la Confédération. Les réductions de primes ne seraient ainsi plus les otages de l’austérité cantonale.

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