Le taux de chômage accélère en mai

AWP

2 minutes de lecture

Après un bond en avril, le taux de chômage a encore légèrement accéléré en Suisse en mai, passant à 3,4% contre 3,3% le mois précédent.

Après un bond en avril, le taux de chômage a accéléré en Suisse en mai. Affichant un niveau inédit depuis février 2017 en raison des mesures mises en oeuvre en vue d’endiguer la pandémie de Covid-19, il a légèrement progressé à 3,4%, contre 3,3% le mois précédent. A la lumière de cette évolution, le Seco se veut plus optimiste quant aux perspectives.

Le taux de chômage non corrigé des variations saisonnières dévoilé mardi par le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco) s’est inscrit dans le bas de la fourchette des prévisions. Les économistes interrogés par AWP tablaient sur une valeur entre 3,4% et 3,8%.

Corrigé des variations saisonnières, le taux de chômage s’est affiché à 3,4% en mai, contre 3,1% le mois précédent. Les économistes avaient de leur côté anticipé une valeur entre 3,5% et 3,7%.

En chiffres absolus, le nombre de personnes sans emploi inscrites auprès d’un office de placement régional (ORP) a bondi de 53,9% sur un an ou 54’628 personnes à 155’998, du jamais vu en mai depuis 2009, a précisé en conférence téléphonique Boris Zürcher, le chef de la direction du travail du Seco. La progression mensuelle s’est elle arrêtée à 1,7%, soit 2585 chômeurs supplémentaires.

Prévisions trop pessimistes

Alors que les services du conseiller fédéral Guy Parmelin tablent sur un taux de chômage annuel moyen de 3,9% cette année, et donc une forte augmentation ces prochains mois, M. Zürcher a estimé que ce chiffre nécessite désormais une révision. Celle-ci sera dévoilée mardi prochain, en parallèle à la mise à jour des prévisions économiques.

Si l’actuelle situation demeure «historiquement exceptionnelle», M. Zürcher anticipe un rebond de l’économie suisse plus rapide qu’initialement envisagé. Pour l’heure, le scénario le plus défavorable apparaît comme moins probable, a-t-il observé. Les cantons n’ont pas d’ailleurs pas encore signalé de licenciements collectifs à grande échelle.

Selon les cantons, Neuchâtel et Genève ont affiché les hausses les plus importantes en mai, leur taux de chômage progressant de 0,2 point à 4,7% et 5,2%. Bâle-Ville (+0,2 point à 4,0%), Glaris (+0,2 point à 2,3%) et Zoug (+0,2 à 2,7%) ont également subi une progression supérieure à la moyenne helvétique.

Des replis

Quatre cantons ont en revanche enregistré un repli de leur taux de chômage de 0,1 point de pourcentage, soit le Valais (à 4,4%), le Tessin (à 3,9%), les Grisons (à 3,3%) ainsi qu’Appenzell Rhodes-Intérieures (1,2%), ce dernier affichant le plus bas niveau du pays.

En avril, les Grisons et le Valais, fortement touchés dans leur activité touristique par les mesures mises en oeuvre en vue contenir la propagation du Covid-19 avaient vu leur taux de chômage bondir sur un mois de 1,4 point et 0,8 point, respectivement.

En Suisse romande, Vaud a affiché un taux de chômage stable en mai (4,9%), restant le canton le plus touché, derrière Genève. La stabilité est également restée de mise pour le Jura (4,4%) et Fribourg (+3,4%). Dans le canton de Berne, le taux de chômage a progressé de 0,1 point à 2,6%.

Jeunes plus touchés

Selon les catégories d’âge, le chômage des jeunes (de 15 à 24 ans) a augmenté de 567 personnes (+3,3%) à 17’758. Par rapport au même mois de l’année précédente, il a bondi de 7709 personnes (+76,7%). Le taux de chômage s’est ainsi inscrit à 3,4% (+0,1 point en variation mensuelle et +1,5 point en comparaison annuelle).

Face à cet envol du chômage des jeunes, Unia a appelé la Confédération et les cantons à veiller à garantir et à créer des places d’apprentissage. Le syndicat a également demandé des mesures de soutien pour cette classe d’âge et une simplification rapide de l’accès aux indemnités de chômage pour les moins de 25 ans.

Dans la classe d’âge des 50-64 ans, le nombre des chômeurs a augmenté de 654 personnes (+1,6%) à 40’890. En variation annuelle, l’augmentation s’est chiffrée à 11’811 personnes (+40,6%). Stable par rapport à avril, le taux de chômage de la catégorie d’âge s’est fixé à 3% (+0,8 point en un an).

Fin mai, l’ensemble des demandeurs d’emploi inscrits recensait 232’982 personnes, soit 1’786 de plus que 30 jours auparavant et 56’854 (+32,3%) de plus qu’en mai 2019.

Recours moindre au chômage partiel

En matière de chômage partiel, les réductions d’horaires de travail ont touché 782’436 personnes en mars, premier mois touché par les mesures de lutte contre le Covid-19, soit 778’388 de plus qu’en avril. Au total, 97’432 entreprises ont eu recours à de telles mesures, soit 97’205 de plus qu’un an auparavant.

Selon M. Zürcher, l’introduction de réductions d’horaires s’est cependant révélé moins importante qu’attendue, certaines firmes y renonçant finalement. Toutefois, il faudra encore attendre la fin juin et l’échéance du délai des décomptes de chômage partiel pour les entreprises pour pouvoir brosser un tableau plus complet de la situation, a dit M. Zürcher.

A lire aussi...