Le FMI moins optimiste pour la croissance mondiale 2019

AWP

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Le Fonds prend en considération des tensions commerciales persistantes et un difficile Brexit et table désormais sur une expansion de 3,2% cette année et de 3,5% en 2020.

Guerre commerciale, Brexit, crainte de sanctions et tensions géopolitiques créent un climat d’incertitude qui affaiblit la croissance mondiale et assombrit l’horizon, a prévenu le FMI mardi dans un rapport sur les perspectives économiques.

Le FMI a révisé en baisse sa prévision de croissance mondiale pour 2019, la qualifiant de «morose» et de «modérée» dans un contexte marqué par des tensions commerciales persistantes entre Pékin et Washington et un difficile Brexit en Europe.

Le Fonds monétaire international table désormais sur une expansion de 3,2% cette année et de 3,5% en 2020, soit 0,1 point de moins que lors de ses prévisions publiées en avril.

«La croissance est léthargique et précaire mais il n’y a pas de raison qu’il en soit ainsi car, pour une grande part, cette faiblesse est auto-infligée», a estimé Gita Gopinath, économiste du FMI lors d’une conférence de presse.

«Il faut absolument réduire les tensions commerciales et technologiques dont l’escalade pourrait perturber de façon significative les chaînes d’approvisionnement», a ajouté Mme Gopinath.

Pour les pays avancés, la croissance s’établira à 1,9% cette année (+0,1 point par rapport à avril, une révision en hausse tirée par les Etats-Unis) et 1,7% en 2020.

Prenant en effet en compte une hausse du PIB américain meilleure que prévue au premier trimestre 2019, le FMI table sur une croissance américaine de 2,6% (+0,3 point) cette année mais elle devrait retomber à 1,9% en 2020.

Le FMI a exhorté les Etats-Unis et leurs partenaires commerciaux à ne pas céder à l’habitude de recourir à des tarifs douaniers punitifs et à coopérer. «Il est essentiel que les droits de douane ne deviennent pas un outil pour cibler les déséquilibres commerciaux bilatéraux ou bien se substituer au dialogue et forcer aux réformes», affirme le Fonds.

En mai, la Chine et les Etats-Unis se sont infligé de nouveaux tarifs douaniers supplémentaires. Les deux pays ont décidé fin juin de reprendre leurs négociations. Mais la semaine dernière, Donald Trump et ses conseillers ont reconnu que le conflit n’était pas près d’être résolu. «Il faut espérer que la Chine et les Etats-Unis règlent rapidement leurs différends», a déclaré Gina Gopinath.

Appel à coopérer

«Il y a un grand besoin de coopération mondiale», a-t-elle ajouté, citant «les questions pressantes qui sont à régler comme le changement climatique, la taxation internationale et la cyber-sécurité».

Pour la seule zone euro, la prévision des économistes du FMI reste inchangée à +1,3% de même que la prévision de la France (+1,3%), de l’Italie (+0,1%). En revanche, la prévision de l’Allemagne est abaissée à 0,7% (-0,1 point).

«La croissance de la zone euro devrait s’accélérer d’ici la fin de l’année et jusqu’en 2020 car la demande extérieure s’améliore et les facteurs temporaires (notamment la baisse du secteur automobile en Allemagne, les manifestations sociales en France) continuent de s’estomper», commente le FMI.

Mais «les risques d’un Brexit sans accord ont augmenté», a ajouté l’économiste en chef, quelques heures seulement après que Boris Johnson, l’un des plus ardents défenseurs de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, a été désigné pour devenir le prochain Premier ministre du pays.

Le Fonds a également invité les pays avancés à poursuivre leur politique monétaire accommodante, compte tenu notamment des pressions «désinflationistes». Celles-ci peuvent par ailleurs alourdir le poids du remboursement de la dette des pays emprunteurs.

La prévision 2019 de la Chine a été abaissée (-0,1 point) à 6,2%, une révision «reflétant en partie les tarifs douaniers» américains sur les marchandises chinoises», a relevé Mme Gopinath.

«Les effets négatifs de la hausse des droits de douane et l’affaiblissement de la demande extérieure ont exercé une pression supplémentaire sur une économie déjà en plein ralentissement structurel», a souligné le rapport, exhortant le pays à réduire sa forte dépendance à l’endettement.

L’institution de Washington se montre également moins optimiste pour l’Amérique Latine, projetant désormais une croissance de 0,6% (-0,8 point) avant un rebond attendu en 2020.

D’une façon générale, les pays émergents attirent davantage de flux de capitaux, alléchés par des perspectives de rendements meilleures que les bas taux d’intérêts dans les pays industrialisés.

Si, globalement, les risques économiques augmentent, «la perspective d’une récession n’est pas dans notre scénario», a rassuré l’économiste du Fonds.

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