Le fléchissement de l’économie mondiale affecte la conjoncture suisse

Communiqué, KOF

3 minutes de lecture

Le KOF révise à la baisse ses prévisions de croissance économique de cette année et de l’année prochaine.

Les signaux émis par l’économie suisse suggèrent un refroidissement. Le contexte international a aussi évolué. Les prévisions relatives à l’économie mondiale sont aujourd’hui moins favorables. Le KOF révise donc à la baisse ses prévisions de croissance économique de cette année et de l’année prochaine.

Dans l’industrie suisse, l’utilisation des capacités n’est plus aussi élevée que fin 2018. Certes, l’emploi progresse globalement à l’heure actuelle et le chômage a continué à diminuer. Mais le produit intérieur brut (PIB) se développera un peu plus faiblement que ne le suggéraient encore les données du printemps. Le fléchissement de la conjoncture internationale et la publication des résultats économiques pour le premier semestre 2019 incitent le KOF à abaisser ses prévisions de croissance économique pour 2019 de 1,6% à 0,9% (sans événements sportifs: 1,4%). Les prévisions pour l’année 2020 sont également révisées à la baisse, de 2,3% à 1,9% (sans événements sportifs: 1,5%). En ce qui concerne l’année 2021, le KOF prévoit une croissance de 1,5% (sans événements sportifs: 1,8%).

Le contexte international de l’économie suisse s’est encore détérioré au cours des derniers mois. La conjoncture s’est affaiblie dans la zone euro au deuxième trimestre 2019 et le commerce international a subi une réduction notable – après deux trimestres déjà négatifs. La querelle commerciale entre les États-Unis et la Chine dégénère à vue d’œil. Des mesures protectionnistes supplémentaires contre l’Union européenne adoptée par les États-Unis pourraient être bientôt réalité. En particulier le risque d’une imposition de taxes douanières sur les voitures demeure élevé.

La Suisse ne serait certes qu’indirectement concernée, mais les fournisseurs de pièces détachées pour la construction automobile en particulier pourraient en subir de graves conséquences. D’autres récessions chez des partenaires commerciaux de la Suisse affecteraient la plupart des protagonistes de l’économie d’exportation.

Recul en prévision dans divers secteurs industriels

La persistance d’une forte incertitude, un développement économique international laborieux et l’appréciation du franc suisse exerceront une influence négative sur de vastes secteurs de l’économie suisse. Ainsi, par exemple, la construction mécanique, l’industrie électrique et la métallurgie devront se préparer à de nouveaux reculs. Leur carnet de commandes est peu garni depuis longtemps. Pour le secteur du tourisme également – un secteur traditionnellement réactif à l’évolution des taux de change –, l’appréciation du franc suisse constituera une contrainte.

L’industrie pharmaceutique, qui assure la plus forte contribution aux exportations suisses, est en grande partie traditionnellement à l’abri des fluctuations conjoncturelles. Elle devra toutefois temporairement accuser des réductions de marges, car les prix de vente des médicaments sont fixés par l’État dans de nombreux pays. Des adaptations de prix à court terme en guise de réaction à l’appréciation du franc ne sont donc pas possibles.

Lente hausse du taux de chômage?

En raison de l’affaiblissement du développement économique, l’emploi progressera plus lentement, ce qui se répercutera sur le chômage. Au lieu d’un nouveau recul, le KOF prévoit une hausse modérée du taux de chômage. En moyenne annuelle, le taux des chômeurs inscrits passera de 2,3% cette année à 2,5% en 2020 et à 2,6% en 2021. Concernant le taux correspondant à la définition de l’Organisation internationale du travail (OIT), le KOF prévoit une valeur de 4,4% pour cette année, et de respectivement 4,3% et 4,5% pour 2020 et 2021.

L’évolution des salaires reste modérée. Des accords salariaux en légère hausse par rapport aux dernières années sont toutefois à prévoir. Comme le taux d’inflation restera très bas, il en résultera des accroissements modestes mais positifs du salaire réel.

Lente réduction de la construction de logements

Au cours des dernières années, le secteur du bâtiment a constitué un stabilisateur essentiel. Il continuera à jouer ce rôle, mais dans une mesure moindre. Les travaux publics et la construction économique afficheront certes encore un bon développement, mais le KOF se montre plutôt sceptique dans ses prévisions en ce qui concerne la construction de logements. Depuis quelques années, le nombre de nouveaux logements excède l’accroissement du nombre de foyers. En dépit de taux hypothécaires extrêmement bas, le KOF prévoit un léger recul de la production dans ce segment.

La situation semble un peu meilleure dans le commerce. Certes, la vigueur du franc suisse pourrait stimuler le tourisme d’achat, mais une forte hausse n’est pas à prévoir. L’incertitude concernant l’évolution de la production de pétrole au Proche-Orient ainsi que les conflits commerciaux internationaux génèrent de fortes fluctuations du prix des matières premières. L’industrie de transformation en est affectée. Pour le commerce de transit, cependant, qui génère aujourd’hui environ 5% de la valeur ajoutée en Suisse, ces nouvelles sont bonnes. Il tire profit aussi bien de l’augmentation du nombre des transactions que des marges.

Nouvelles baisses imminentes des taux d’intérêt

Afin d’atténuer de nouveaux affaiblissements de l’activité économique, les banques centrales européenne et américaine ont assoupli leur politique monétaire. En général, ces développements stimulent la demande en placements sûrs, dont le franc suisse fait traditionnellement partie. Dans ce contexte, la légère appréciation récente du franc ne surprend guère.

La Banque nationale suisse (BNS) a augmenté ses réserves de devises durant l’été. Par ailleurs, elle a récemment procédé à une hausse notable des montants exonérés pour les avoirs en comptes de virements qu’elle détient. Cette dernière mesure lui permettrait d’abaisser à nouveau les taux négatifs, sans que la contrainte des instituts financiers ayant des dépôts à la BNS augmente par rapport aux années précédentes. Le KOF prévoit que la pression à l’appréciation du franc persistera – notamment parce qu’une autre légère correction des taux d’intérêt de la Banque centrale européenne est à prévoir. La BNS abaissera donc ses taux d’ici la fin de l’année.

Risques liés aux prévisions

Pour la Suisse, les plus grands risques économiques demeurent à l’étranger. Un éventuel durcissement des conflits commerciaux ou toute autre turbulence pourrait provoquer une nouvelle appréciation du franc, peu souhaitée par l’économie d’exportation. En ce qui concerne la sortie de l’UE du Royaume-Uni, le KOF mise sur un ajournement jusqu’à au moins fin janvier 2020. Au cas où, contrairement à cette hypothèse, un Brexit sans accord devait intervenir avant le 31 octobre 2019, les distorsions qui en résulteraient pour l’économie européenne et l’économie suisse provoqueraient davantage de dommages que ne le supposent les présentes prévisions.

A lire aussi...