Le coronavirus éclipse les solides créations d’emplois aux Etats-Unis

AWP

2 minutes de lecture

Un total de 273’000 nouveaux emplois ont été créés en février. Les données du gouvernement contredisent les attentes des économistes.

L’économie américaine a encore affiché une belle santé au mois de février mais l’épidémie de nouveau coronavirus pourrait venir gâcher la fête et priver Donald Trump d’un argument décisif pour sa réélection.

Un total de 273’000 nouveaux emplois ont été créés en février, selon les données du département du travail publiées vendredi. Ce nombre est venu contredire les attentes des économistes qui tablaient sur un ralentissement.

De plus, l’administration américaine a révisé en nette hausse les données du mois précédent.

«Des emplois, des emplois, des emplois!!!», s’est félicité le président américain dans un tweet. «Les chiffres de l’emploi sont incroyables!», a-t-il déclaré peu après à des journalistes.

L’hôte de la Maison Blanche a pour l’heure de quoi claironner.

Mais signe de la fébrilité ambiante, il a aussi exhorté la Banque centrale américaine à abaisser davantage ses taux d’intérêt. «La Fed devrait stimuler» l’économie, a-t-il une nouvelle fois tempêté.

Avec des lignes aériennes suspendues, des riches touristes chinois désertant les Etats-Unis, des chaînes de production perturbées, les économistes anticipent un coup d’arrêt de la croissance.

Dès mardi, la Banque centrale américaine a décidé une baisse des taux d’intérêt «à la lumière des risques» posés par ce virus.

La Fed a certes relevé que «les fondamentaux de l’économie américaine restent solides» mais elle a estimé qu’il fallait stimuler l’activité pour contenir l’impact du virus.

Les économistes redoutent en particulier une large contagion obligeant les autorités à fermer les écoles, à confiner des millions de personnes chez elles, mettant au chômage technique des millions d’autres.

Aux Etats-Unis, nombre d’employés notamment des restaurants ou du secteur de la construction sont payés à la semaine ou toutes les deux semaines. Privés de salaires, ces employés cesseraient immédiatement de consommer, ce qui porterait un coup d’arrêt à l’économie américaine, traditionnellement portée par les dépenses des ménages.

Pour l’heure, le pays est relativement épargné par la propagation du nouveau coronavirus. Les autorités sanitaires ont recensé 180 cas dans une quinzaine d’Etats. 12 personnes en sont décédées.

Consommation menacée

Se préparant néanmoins au pire, le Congrès américain a approuvé jeudi un plan d’urgence de 8,3 milliards de dollars pour financer la lutte contre le coronavirus alors qu’un nouveau foyer de cas suspects s’est déclaré à bord d’un paquebot de croisière au large de San Francisco (ouest).

Et en dépit des bons chiffres sur l’emploi, Wall Street était de nouveau en proie à une forte anxiété vendredi.

«Je pense que les marchés vont rebondir», a assuré Donald Trump.

Son conseiller économique Larry Kudlow s’est voulu aussi rassurant. «J’ai soutenu et je continuerai de soutenir que les problèmes économiques vont être temporaires et de courte durée», a-t-il déclaré sur la chaîne CNBC. «Le virus ne va pas durer éternellement», a-t-il réagi.

Les économistes ont unanimement salué un rapport de l’emploi solide vendredi.

En effet, en moyenne mensuelle ces trois derniers mois, 243’000 emplois ont été créés. En 2019, la moyenne mensuelle s’était établie à 178’000 créations d’emplois.

Le mois dernier, ce sont les services de santé et de soins qui ont une nouvelle fois contribué aux bons chiffres de l’emploi, ajoutant 57’000 emplois supplémentaires, une tendance de fond liée au vieillissement de la population.

Comme en janvier, bénéficiant d’une météo inhabituellement clémente en cette saison, le secteur de la construction a créé 42’000 emplois additionnels.

Le gouvernement a lui aussi beaucoup recruté (+45’000) en raison notamment des besoins pour mener le recensement de la population cette année.

Le secteur de l’industrie manufacturière, qui a beaucoup souffert l’an passé de la guerre commerciale avec la Chine, a créé 15’000 emplois.

C’est aussi une bonne nouvelle alors que le secteur est très affecté par l’arrêt de la production du Boeing 737 MAX dont la flotte est immobilisée au sol depuis près d’un an.

«Le rapport sur l’emploi de février montre des fondamentaux du marché du travail remarquablement sains avant l’épidémie de coronavirus», ont résumé Gregory Daco et Lydia Boussour, économistes chez Oxford Economics.

«Mais, alors que des emplois solides et des gains salariaux stables ont stimulé le système immunitaire des consommateurs, le virus est presque certain d’infecter leur volonté de dépenser», opinent-ils.

A lire aussi...