Lafargeholcim a renoué avec les profits l’an dernier. Affichant des ventes en hausse, le numéro un mondial du ciment a dégagé un bénéfice net attribuable aux actionnaires de 1,5 milliard de francs, contre une perte de 1,68 milliard un an auparavant. La dynamique de croissance du 2e semestre devrait s’accélérer cette année.

Ajusté des correctifs de valeurs de près de 4 milliards de francs liés à la vaste réorganisation des activités du groupe qui avaient lourdement pesé sur la performance de 2017 et des désinvestissements, le bénéfice net est ressorti à 1,57 milliard de francs, soit un bond de 10,8%, indique jeudi le groupe établi à Zurich.

Au titre de l’exercice sous revue, le conseil d’administration proposera de verser un dividende inchangé de 2 francs par action.

L’excédent brut d’exploitation (Ebitda) récurrent a lui progressé de 0,4% à 6,02 milliards, alors que la marge correspondante a cependant fléchi à 21,9%, contre 22,2% en 2017. A périmètre de consolidation comparable et taux de change constants, l’indicateur de rentabilité a crû de 3,6%.

Quant aux revenus nets annuels, ils ont atteint 27,47 milliards de francs, 1,6% de plus qu’en 2017. Exprimée en devises locales et ajustée des acquisitions ainsi que des désinvestissements, la hausse s’est fixée à 5,1%. Tous les segments, dont les volumes écoulés ont augmenté en termes comparables, ont contribué à la croissance.

Lafargeholcim a pu tirer profit de dépenses d’infrastructures accrues en Europe centrale et orientale, ainsi que de l’embellie dans la construction de logements. L’année 2018 s’est révélée forte pour la région Europe, observe la multinationale zurichoise. Les ventes, tout comme la rentabilité, ont aussi augmenté en Amérique du Nord.

La zone Asie-Océanie a pour sa part présenté une vive progression de ses ventes et de son résultat opérationnel. Pour ce dernier, la Chine a fourni la plus forte contribution, alors que l’Inde a pu tirer profit d’une solide demande.

Les revenus et le résultat d’exploitation ont par contre fléchi dans la région Proche-Orient et Afrique. En Amérique latine, le chiffre d’affaires a progressé, alors que l’Ebitda s’est tassé, sous l’effet de charges en hausse.

Le groupe, engagé dans un processus de simplification de sa structure qui s’est soldé par la fermeture d’unités administratives à Paris, Zurich, Singapour et Miami, a aussi tiré profit de son programme d’économies. L’objectif de 400 millions de francs à ce titre a été atteint plus rapidement. De même, Lafargeholcim a aussi réalisé des progrès dans la réduction de son lourd endettement.

A fin décembre 2018, la dette nette du géant franco-suisse se montait à 13,5 milliards de francs, soit 5,8% de moins qu’un an auparavant. Lors d’une conférence téléphonique, le directeur général de Lafargeholcim, Jan Jenisch, a précisé que le rapport entre la dette et l’Ebitda récurrent s’est amélioré, passant en un an de 2,4 à 2,2. «Nous sommes sur la bonne voie en vue d’atteindre notre objectif de réduire ce facteur à 2, voire moins d’ici la fin 2019».

Plus généralement, M. Jenisch s’est dit satisfait de l’évolution des affaires et de l’accélération de leur dynamique en seconde partie d’année. «Lafargeholcim a retrouvé le chemin de la croissance et le bénéfice a progressé de manière plus que proportionnelle», s’est félicité l’ancien patron du fabricant de spécialités chimiques zougois Sika, aux commandes de Lafargeholcim depuis le 1er septembre 2017.

Sur le seul 4e trimestre, Lafargeholcim a dégagé un Ebitda récurrent de 1,66 milliard de francs, en progrès de 1,9% sur un an. La marge correspondante a augmenté à 24,4%, contre 23,6% sur le dernier partiel de 2017. Le chiffre d’affaires a cependant fléchi de 1,4% à 6,83 milliards. A périmètre de consolidation comparable et taux de change constants, les revenus ont en revanche crû de 5,1% et l’Ebitda récurrent de 6,5%.

Alors que le chiffre d’affaires trimestriel s’est révélé inférieur aux attentes moyennes des analystes sondés par AWP, l’Ebitda les a légèrement dépassé. Les experts ont crédité le géant du ciment d’une bonne note en particulier au vu de la poursuite du désendettement et de la réduction des coûts.

Au chapitre des prévisions, M. Jenisch a estimé que le groupe, bien positionné, devrait continuer de bénéficier de l’accélération de la dynamique du 2e semestre 2018. Alors que le groupe n’a pour l’heure ressenti aucun ralentissement de la conjoncture, ce dernier confirme ses objectifs pour l’année en cours, soit une croissance des revenus de 3 à 5% et de 5% pour l’Ebitda.

Après une entame de séance en repli, le titre Lafargeholcim s’est nettement apprécié en matinée atteignant un plus haut du jour à 50,04 francs, avant de céder du terrain. Vers 13h30, il lâchait 0,32% à 49,26 francs. Dans le même temps, l’indice SMI se repliait de 0,62%.