LafargeHolcim plombé par les dépréciations

AWP

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Perte nette de 1,68 milliard de francs l’an dernier. Mais les résultats trimestriels du groupe dirigé par Jan Jenisch dépassent les attentes. Titre en fort recul.

LafargeHolcim a terminé l’année 2017 sur une perte nette attribuable aux actionnaires de 1,68 milliard de francs, contre un bénéfice de 1,79 milliard un an plus tôt, en raison d’importantes dépréciations d’actifs au dernier trimestre. La nouvelle direction du groupe franco-suisse voit dans cette contre-performance une anecdote comptable, préférant mettre en avant la croissance organique et les progrès réalisés au niveau opérationnel.

Les ventes nettes ont chuté de 2,9% à 26,13 milliards de francs, même si elles ont progressé de 4,7% sur une base comparable, c’est-à-dire ajustées de l’impact des cessions et des effets de change. L’excédent brut d’exploitation (Ebitda) sous-jacent a grappillé 0,7% pour s’établir à 5,99 milliards, selon les chiffres publiés vendredi.

Hors correctifs de valeur, le résultat a progressé de 11,3% à 1,42 milliard de francs. Les actionnaires se verront proposer un dividende inchangé de 2 francs par action au titre de l’exercice écoulé.

«La croissance des ventes et la hausse plus que proportionnelle de l’Ebitda constituent une bonne performance et nous permettent de nous appuyer sur une base solide», s’est félicité le nouveau directeur général (CEO) Jan Jenisch, qui a repris les commandes du groupe en septembre dernier.

Sur le seul quatrième trimestre, la copie rendue par le géant des matériaux de construction dépasse les pronostics du consensus AWP. Le chiffre d’affaires net a progressé de 2,7% à 6,70 milliards de francs (+6,2% sur une base comparable). L’Ebitda sous-jacent a évolué dans les mêmes proportions pour s’établir à 1,70 milliard. Les analystes tablaient en moyenne sur des ventes trimestrielles de 6,50 milliards, une croissance de 3,5% et un Ebitda ajusté à 1,56 milliard.

Deux tiers des 3,83 milliards de franc de dépréciations d’actifs ont concerné l’Algérie, la Malaisie, l’Irak, le Brésil, l’Indonésie et l’Egypte. «Ces dépréciations sont le résultat d’une revue de la valeur d’un grand nombre de marchés et de certaines entités», précise le groupe dans son communiqué.

EPIPHÉNOMÈNE COMPTABLE

En conférence de bilan, le CEO a considéré les dépréciations qui ont plombé les chiffres comme un simple épiphénomène comptable. «Je suis convaincu que d’ultérieurs correctifs de valeurs ne seront pas nécessaires», a-t-il ajouté. Les dépréciations concernent essentiellement des écarts d’acquisition (goodwill) et des actifs liés à des fusions.

Le dividende se justifie au vu du bénéfice ajusté et pourrait être relevé au cours des prochains exercices. «A cet égard, le flux de trésorerie disponible (FCF) sera déterminant», a souligné le CEO. De nouveaux programmes de rachat de titres ne sont pas à l’ordre du jour. «En matière d’allocation du capital, nous souhaitons mettre l’accent sur d’autres priorités et concentrer nos efforts sur la croissance».

Pour l’exercice en cours, la direction vise une croissance comprise entre 3 et 5%, ainsi qu’une hausse plus que proportionnelle de l’Ebitda sous-jacent. Les dépenses d’investissement (capex) devraient rester inférieures à 2 milliards de francs.

Le groupe s’est également fixé de nouveaux objectifs à l’horizon 2022, notamment une croissance annuelle des ventes de de 3 à 5% et un retour sur capital investi (Roic) de plus de 8%.

RÉORGANISATION EN VUE

Les structures seront ajustées et simplifiées, et certaines unités géographiques seront placées directement sous la houlette de la direction du groupe. Des fermetures sont également prévues, ainsi que le retrait de plusieurs marchés.

La simplification des structures devrait se traduire par une baisse des frais généraux. La restructuration devrait être achevée d’ici le premier trimestre 2019.

La copie rendue par le cimentier de Jona a été plutôt bien accueillie par les milieux financiers, qui ont salué la croissance des ventes et de l’ebitda, ainsi que la formulation des objectifs à moyen terme.

UBS souligne qu’ajusté des effets exceptionnels, le bénéfice a évolué conformément aux attentes du marché. L’assainissement du bilan et la fin du programme de rachat ne constituent pas une «grande surprise». La Banque cantonale de Zurich (ZKB) salue pour sa part la confirmation d’une politique attrayante en matière de dividende.

La nouvelle direction met comme prévu l’accent sur la croissance, constate Vontobel. Selon la banque privée, cette stratégie est la bonne, à plus forte raison si elle s’accompagne de mesures de réorganisation structurelle.

Les investisseurs en revanche n’ont guère apprécié les chiffres publiés par le groupe, pas plus que les propos proférés par le CEO, et ont préféré empocher leurs bénéfices. Vendredi, la nominative LafargeHolcim a chuté de 7,5% à 50,86 francs, dans un SMI en recul de 1,86%.