La production industrielle accélère en Chine

AWP

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La demande de ses partenaires commerciaux lui a permis de gonfler nettement ses exportations en janvier et encore plus en février.

La production industrielle en Chine a connu une très forte accélération en janvier et février, contrairement aux attentes du marché, illustrant la fermeté persistante de la conjoncture économique du géant asiatique à la faveur d’une demande mondiale solide.

La deuxième économie mondiale a vu sa production industrielle gonfler de 7,2% sur un an lors des deux premiers mois de l’année cumulés, a annoncé mercredi le Bureau national des statistiques (BNS).

Il s’agit d’une accélération par rapport à décembre (+6,2%) et par rapport à l’année 2017 dans son ensemble (+6,6%). Surtout, cette hausse ressort très au-delà de la prévision moyenne des analystes sondés par Bloomberg, qui tablaient sur une stabilisation.

La Chine a profité de la forte demande de ses partenaires commerciaux, qui lui a permis de gonfler nettement ses exportations en janvier et encore plus en février. Selon l’indicateur PMI indépendant Caixin, l’activité manufacturière du pays a même enregistré en février sa plus forte croissance en six mois.

«Les chiffres de la production industrielle et des investissements dépeignent une économie en bien meilleure forme qu’attendu, soutenue par le sursaut du crédit en janvier et une demande robuste», observe Shen Jianguang, analyste de Mizuho Securities, cité par Bloomberg.

Dans l’ensemble, les statistiques dévoilées mercredi par le BNS «témoignent d’un solide début d’année pour l’économie chinoise», abonde dans une note Julian Evans-Pritchard, analyste du cabinet Capital Economics.

Mais ce «rebond de l’activité était probable, à mesure que s’estompaient les effets de la vaste campagne antipollution» engagée depuis l’automne par Pékin pour réduire la pollution hivernale, forçant des usines à fermer ou à réduire leur production, note-t-il.

Sursaut éphémère?

De leur côté, les ventes de détail, baromètre de la consommation, ont grimpé de 9,7% sur un an pour la période janvier-février, en légère accélération par rapport à décembre (+9,4%) et en phase avec l’anticipation des experts.

Le commerce en ligne a continué de s’envoler de façon spectaculaire, bondissant de quelque 37% sur un an: portées par le géant du secteur Alibaba et de nombreuses plateformes rivales, les ventes en ligne représentent désormais environ 20% du total des ventes de détail.

De leur côté, les investissements en capital fixe, reflet des dépenses dans les chantiers d’infrastructures, ont eux aussi très fortement accéléré.

Ils ont bondi de 7,9% sur un an pour janvier-février, un rythme plus rapide qu’en 2017 dans son ensemble (+7,2%). Les analystes tablaient plutôt sur un léger ralentissement (+7%).

Même embellie pour le secteur immobilier, en dépit des restrictions adoptées dans les grandes villes pour endiguer la flambée des prix de la pierre: les investissements des promoteurs immobiliers ont gonflé de 9,9% sur un an en janvier-février... en très forte accélération par rapport à l’année 2017.

Les chiffres sont cumulés sur deux mois pour lisser les distorsions dues au décalage calendaire des congés du Nouvel an lunaire, tombé cette année le 16 février.

La Chine a vu sa croissance s’accélérer à 6,9% en 2017, mais les experts s’attendent à la voir s’essouffler cette année, sur fond de durcissement du crédit à l’heure où Pékin s’efforce d’endiguer les «risques financiers» et l’endettement colossal du pays.

«Le niveau élevé des investissements immobiliers n’est clairement pas durable et on voit se renforcer les vents contraires que représentent le ralentissement du crédit et le resserrement de la politique budgétaire», insiste M. Evans-Pritchard.

Dans ce contexte, estime-t-il, «la récente embellie des indicateurs devrait s’avérer éphémère».